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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 2
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Portalis, Roger: Adélai͏̈de Labille-Guiard (1749 - 1803), 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0114

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ADÉLAÏDE LABILLE-GUIARD

101

Devant cette aimable maîtresse,

Que suit, en l’admirant, l’œil de ses nourrissons.

Tel est du vrai talent la puissance suprême.

J’ai vu, dans ce tableau, la peinture elle-même
Donnant ses augustes leçons.

C’est la déesse dans son temple,

Qui présente à la fois le précepte à l’exemple;

Dans le plus bel accord c’est la nature et l’art.

Enfin c’est un chef-d’œuvre, et plus on le contemple,

Plus il enchaîne le regard... '

La critique en prose ne se montra pas moins enthousiaste pour
le portrait de Mme Guiard, son beau ton de couleur, et l’énergie de
son exécution :

« Il est d’une beauté ravissante, écrit le Peintre Anglois, d’une
touche agréable et d’une vérité étonnante; les étoffes sont bien
peintes, enfin c’est la nature ! Cette artiste est d’un mérite très
distingué et très rare, puisqu’elle a su joindre aux grâces de son sexe
la vigueur et la force qui caractérisent les ouvrages de l’homme. »

Bachaumont, ou plutôt son continuateur, n’est pas moins élo-
gieux. Après avoir rappelé qu’au Salon précédent il s’était surtout
enthousiasmé sur les brillantes qualités de Mme Lebrun, il ajoute :
« C'est aujourd’hui Mme Guiard, dès lors la serrant de près, qui
triomphe et fait entourer ses productions avec ces cris de surprise
et de ravissement involontaires qui ne s’arrachent que par un
mérite réel et éclatant.

« Celle qui frappe le plus et le sujet de l’admiration générale,
est un tableau historié où elle s’est figurée elle-même en pied,
occupée à peindre, avec deux cle ses élèves derrière elle, considérant
l’ouvrage de leur maîtresse et épiant, pour ainsi dire, le moment
de surprendre le secret d’un si rare talent. Unité d’action, plan net,
intention bien sentie, beau choix de nature, attitudes variées,
vraies et naturelles, grande intelligence du clair-obscur, tons sûrs,
coloris harmonieux, accord de la grâce et de la vigueur, tout ce
qu’on peut désirer se trouve réuni dans cette composition savante
et digne des plus habiles maîtres. »

Voilà des éloges sans restriction et qui paraissent sincères.
« Sa femme occupée à peindre, dira Minos au Salon, est faite pour
honorer un grand maître. » Ailleurs, il sera question de cette

1. Vers à Madame Guiard sur le Sallon de -1785 (Cabinet des Estampes, collect.
Deloynes, pièce ms.).
 
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