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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 4
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Kleinclausz, Arthur: L' art funéraire de la Bourgogne au Moyen Âge, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0326

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300

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

au milieu desquels il avait vécu1. L'expression du visage n’est pas
toujours saisissable, maintenant surtout que les siècles ont rongé la
pierre, mais l’aspect trapu des personnages est constant.

Cette observation, qui présente une grande importance au point
de vue des origines de la sculpture bourguignonne, est confirmée par
une autre série d’œuvres, faites à la même époque et dont on com-
prendra immédiatement l’intérêt. Ce sont des statuettes, exécutées
par des potiers artistes et dont on trouve à Dijon de curieux spéci-
mens. <c Faites librement, sans répétition ni surmoulage, d’une
grande variété de couleurs et d'ornements, ces poteries sont l’indice
d’une tendance à ce qu’on appellerait de nos jours le naturalisme, et
qui n’est autre chose que l’horreur de la convention figée et la
recherche de l’expression dans la vie et le mouvement. La plupart
de ces poteries représentent des bustes et des statuettes d’hommes
coiffés du bardocuculle, sorte de capuchon servant en même temps
de camail, fort commode pour les paysans qui travaillent aux vignes.
Cette coiffure est devenue dans la suite le capuchon des moines2. »
Le christianisme ne fit que favoriser ces tendances. Au temps de
Grégoire de Tours, les basiliques de Dijon étaient déjà pleines de
sépultures. Dans l’église de l’abbaye Saint-Bénigne reposaient,
auprès de l’apôtre de la Bourgogne, plusieurs chrétiens et chrétiennes
illustres : sainte Paschasie et sainte Floride, l’abbé Tranquille, saint
Eustade, Hilaire le Sénateur et sa femme Quieta. Taillé « dans un
éclatant morceau de marbre de Paros », le tombeau d’Hilaire, dit
Grégoire, montrait par sa beauté et ses dimensions quelle dignité
avait remplie dans le siècle celui qui l’occupait3.

1. V. notamment, au Musée archéologique de Dijon (nos 137 et 138 du cata-
logue), deux bas-reliefs, dont l’un représente la boutique d’un marchand de
comestibles et l’autre celle d’un marchand de vin.

2. Perrault-Dabot, L'Art en Bourgogne, p. 22. — Il faut rapprocher de ces polc-
ries deux anciens fragments de statuettes en pierre encapuchonnées, trouvées
aux sources de la Seine (Mémoires cle la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or,
t. II, pl. v, flg. 1 et 12). L’origine bourguignonne du capuchon est indiscutable.
Non seulement c’est un motif sans cesse reproduit sur les stèles gallo-romaines
de la Bourgogne (musée archéologique de Dijon, n° 138; musée de Langres,
ncs 184 et 185), mais on a sur lui ces deux vers de Martial (Épigrammes 1, 54) :

Sic interpositus villo contaminât uncto,

Urbica lingonicus Tyrianthina bardocucullus.

Or on sait que la cité de Langres (civitas Lingonum), dans laquelle Dijon était
compris, correspondait à la partie septentrionale de la Bourgogne actuelle.

3. Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum, § 41-43 (éd. Arndt).
 
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