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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 4
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Portalis, Roger: Adélai͏̈de Labille-Guiard (1749 - 1803), 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0353

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326

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

laide s'était réservé le maroquin rouge, Madame Sophie le citron et
Madame Victoire le vert. Mais, à l’époque où Mme Guiard fit leur
portrait, Madame Sophie était morte et deux modèles restaient seuls
à l’artiste.

Les peintres désignés se déplaçaient, naturellement, les jours de
séance. Mme Lebrun raconte que le comte de Provence lui faisait
galamment envoyer par son grand écuyer, M. de Montesquiou, une
voiture à six chevaux pour la conduire à Versailles et la ramener à
Paris. Nous doutons que Mesdames envoyassent autant de chevaux
au-devant de Mme Guiard, mais il est fort probable qu’un carrosse
venait la prendre pour l’amener au palais. Les études préliminaires
au pastel d’après la nature, sinon les œuvres terminées, y ont cer-
tainement été faites.

Ce sont de vrais portraits d’apparat que les trois grandes toiles
du musée de Versailles exposées en 1787 et 1789 : Madame Adélaïde,
Madame Victoire et Madame Infante, portraits en pied dans de riches
costumes de cour, où le velours, la soie, les rubans et la dentelle
tiennent une importante place. Ils ont de l’allure et de la distinc-
tion, non sans garder quelque chose d’intime sous les falbalas. Certes
l’artiste n’avait pas alors de bien beaux modèles sous les yeux, et
Madame Adélaïde, aux traits masculins, pas plus que Madame Vic-
toire, envahie par l’embonpoint, ne devaient avoir la prétention
d’être encore de jolies femmes : aussi Mme Guiard ne les a-t-elles pas
flattées. Elle a élé sincère, à son habitude, et les a peintes sans cour-
tisanerie, et non pas idéalisées comme ce flatteur de Nattier, alors
qu’elles étaient, à la vérité, beaucoup plus jeunes. « Madame Adé-
laïde, dit Mrae Campan, avait eu, un moment, une figure charmante,
mais jamais beauté n’a si promptement disparu que la sienne. »

Mme Guiard débuta, comme toujours, par des études très poussées
au pastel des têtes, et exécuta d’abord le portrait de l’aînée, qui
figura au Salon de 1787. De composition savante, d’aspect majes-
tueux, il est ainsi décrit :

« Madame Adélaïde : au bas, les portraits en médaillons du feu
roi, de la feue reine et du feu dauphin, réunis en un seul bas-reliet
imitant le bronze. La princesse, qui est supposée les avoir peints
elle-même, vient de tracer ces mots : Leur image est encore le charme
de ma vie... »

Ce que le livret ne dit pas, c’est que la princesse a la figure
couperosée et le nez rouge. Pourtant l’artiste a su lui donner grand
air et la ressemblance y semble parfaite. Sur les cheveux relevés
 
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