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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Modern, Heinrich: Les peintures de Tiepolo à la villa Girola, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0514

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478

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Plus tard, les tableaux, que les propriétaires ne connaissaient que
par ouï-dire, furent examinés et confiés au professeur Victor Jasper,
restaurateur à la galerie impériale, qui les remit en état avec toute
la pieté désirable. Ce sont trois toiles qui se rapportent à un même
sujet, ce qui est d’accord avec le texte du vieil inventaire, lequel
nous apprend qu’elles servaient à la décoration d’une salle unique.

Le Triomphe d'Amphitrite (lm88 de hauteur sur 4m42 de largeur)
est la plus grande des trois. Sur un char de coquilles, traîné par deux
hippocampes magnifiques, Amphitrite repose indolente, complète-
ment nue ; un bracelet, formé de camées, enserre son bras, une
couronne de coquilles orne sa chevelure blond argentin; sa main
droite étendue indique la direction de la course; une écharpe blanche
flotte comme un voile derrière la déesse. Un Amour est debout, les
bras levés, et semble pousser des cris de joie ; une Néréide, en profit
perdu, émergeant du fond de la mer, lui présente des perles, des
coraux et un camée. Un Génie, qui nage à ses côtés, pose la main
sur un manteau rouge et jaune changeant, comme pour se soutenir
sur l’eau. Devant des coursiers blancs, nage en héraut un Triton, qui
porte des poissons au bout d’un bâton. Sur l’hippocampe de gauche,
dont le harnachement est décoré de coquilles, de branches de
coraux et de plantes marines, chevauche un vénérable Triton, auprès
de qui flotte un manteau couleur orange. Une Néréide grimpe sur
le dos du second hippocampe, tandis que sur l’encolure un Amour
balance une branche de corail. Derrière les chevaux émerge un
jeune Triton, qui souffle dans une coquille et, plein d’allégresse,
tend le bras vers le ciel. Autour du char, que peuplent d’autres
Amours, nagent des Tritons et des Néréides, entre autres un couple
amoureux qui s’enlace. Dans le coin, à droite, Tiepolo a mis une
ligure, qu'il a peinte avec prédilection : on y reconnaît la sainte Véro-
nique de la Montée ait calvaire à l’église Sauf Alvise, à Venise, la
sainte Agnès du tableau des trois saintes dominicaines à Santa Maria
del Rosario de Venise. Dans le tableau qui nous occupe, la droite
est occupée par un Génie aimable, qui chevauche sans rien connaître
de tout ce qui l’environne, et qui est tout entier à son jeu enfantin.

Tiepolo, à qui on a eu le tort de reprocher un manque de senti-
ment de la nature, a peint avec une expression incomparable la mer
agitée par une faible brise. Amphitrite elle-même semble une Véni-
tienne noble et indolente du xvmc siècle ; c’est un modèle connu :
c’est la Christine de Tiepolo, qui a prêté ses beaux traits. On pourrait
s’imaginer la reine de la mer plus majestueuse, mais on ne saurait
 
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