LE RENOUVELLEMENT DE L'ART PAR LES «MYSTÈRES » 91
des anciens maîtres. Mais, en revanche, nous commençons à sentir
ici le frémissement de la vie et la chaleur du sang. La tendresse
humaine s’insinue peu à peu dans un art dogmatique qui participait
de la sérénité des pures idées. A partir de ce moment et jusqu’aux
premières années du xv° siècle, c’est l’amour maternel qui donne à
la scène de la Nativité son caractère nouveau : la Vierge tend les
bras vers son fils, l’attire sur son cœur, ou bien, comme une simple
femme, se découvre la poitrine et lui tend sa mamelle L L’antique
ordonnance, cependant, demeure en partie respectée, car, si l'Enfant
LA X ATI VITE, PAR G EMILE DA FAB1UAXO
Galerie antique et moderne, Florence.)
n’est plus sur un autel, la Vierge reste toujours assise ou étendue
sur son lit.
Voilà comment, sans changer beaucoup l’aspect de leurs œuvres,
les artistes en modifièrent l’esprit. C’est une évolution régulière,
qu’il est très facile de suivre jusqu’aux premières années du
xvc siècle.
Mais, alors, il se produit tout d’un coup un singulier phénomène.
On voit naître ce qu’on peut appeler une iconographie nouvelle.
Non seulement l’ordonnance des scènes traditionnelles se modifie
profondément, mais des motifs, inconnus jusque-là, apparaissent.
1. Voici quelques exemples empruntés seulement à des manuscrits datés :
B. A., ms. lat. 1 052, Bréviaire de Charles V (entre 1364 et 1380), f° 28 v° : la
Vierge couchée sur son lit allaite l’Enfant; — ms. franç. 823, Pèlerinage de l’âme
(1393), f° 182 : la Vierge couchée allaite l’Enfant; — ms. franç. 312, Miroir his-
torial, copié pour Louis d’Orléans en 1396, f° 271 : la Vierge couchée allaite
l’Enfant; — Mazarine, n° 416, missel de Saint-Marlin-des-Champs (1408), £9 14 :
la Vierge étendue sur un lit caresse l’Enfant.
des anciens maîtres. Mais, en revanche, nous commençons à sentir
ici le frémissement de la vie et la chaleur du sang. La tendresse
humaine s’insinue peu à peu dans un art dogmatique qui participait
de la sérénité des pures idées. A partir de ce moment et jusqu’aux
premières années du xv° siècle, c’est l’amour maternel qui donne à
la scène de la Nativité son caractère nouveau : la Vierge tend les
bras vers son fils, l’attire sur son cœur, ou bien, comme une simple
femme, se découvre la poitrine et lui tend sa mamelle L L’antique
ordonnance, cependant, demeure en partie respectée, car, si l'Enfant
LA X ATI VITE, PAR G EMILE DA FAB1UAXO
Galerie antique et moderne, Florence.)
n’est plus sur un autel, la Vierge reste toujours assise ou étendue
sur son lit.
Voilà comment, sans changer beaucoup l’aspect de leurs œuvres,
les artistes en modifièrent l’esprit. C’est une évolution régulière,
qu’il est très facile de suivre jusqu’aux premières années du
xvc siècle.
Mais, alors, il se produit tout d’un coup un singulier phénomène.
On voit naître ce qu’on peut appeler une iconographie nouvelle.
Non seulement l’ordonnance des scènes traditionnelles se modifie
profondément, mais des motifs, inconnus jusque-là, apparaissent.
1. Voici quelques exemples empruntés seulement à des manuscrits datés :
B. A., ms. lat. 1 052, Bréviaire de Charles V (entre 1364 et 1380), f° 28 v° : la
Vierge couchée sur son lit allaite l’Enfant; — ms. franç. 823, Pèlerinage de l’âme
(1393), f° 182 : la Vierge couchée allaite l’Enfant; — ms. franç. 312, Miroir his-
torial, copié pour Louis d’Orléans en 1396, f° 271 : la Vierge couchée allaite
l’Enfant; — Mazarine, n° 416, missel de Saint-Marlin-des-Champs (1408), £9 14 :
la Vierge étendue sur un lit caresse l’Enfant.