LES ENRICHISSEMENTS DU MUSÉE DU LOUVRE 189
et Doistau, qui ont été pour le département des objets d’art les
grands donateurs en l’année 1903, et dont les noms doivent être
inscrits au livre d'or que chaque conservation tient à jour avec un
soin pieux.
❖
% ❖
Il est généralement admis que la collection des ivoires du musée
du Louvre est sans doute la plus riche dont un musée puisse s’enor-
gueillir. Il n’est pour ainsi dire pas d’objet qui y soit indifférent;
et, sans se dissimuler les quelques petites lacunes qu’elle peut encore
présenter, elle offre en son ensemble une histoire à peu près totale
de cet art si intéressant.
Une de ces petites lacunes vient d’y être d'un coup comblée par
le don magnifique qu’a fait M. Doistau de deux grands bras de croix
d'ivoire célèbres dans le monde des amateurs. Ce sont, en effet, des
vétérans des expositions rétrospectives ; ils figurèrent en 1878 à
l’Exposition Universelle, et ils faisaient alors partie de la collection
de M. Maillet du Boullay, l'ancien conservateur du musée de Rouen,
amateur d’un goût délicat et sûr, qui avait su se faire la plus
précieuse collection particulière. M. Doistau les avait prêtés tout
récemment à l’exposition d’art musulman organisée, au mois
d’avril 1903, dans les salles du musée des Arts décoratifs, au pavillon
de Marsan.
Leur place s’y justifiait par toutes les influences arabes qu’ils
dénotent; l’art roman du xu° siècle en Espagne, où ils sont nés, est
profondément pénétré des formules décoratives que le génie des
Maures y avait introduites. La fantaisie et la grâce de leurs inven-
tions se retrouvent dans ces rinceaux délicats enserrant les bêtes qui
leur sont familières : les aigles aux ailes éployées, les licornes, les
griffons et les bouquetins. Ces motifs seraient peu de chose si l’exé-
cution n’en était à la fois aussi ferme que délicate, et ne rappelait
les plus beaux monuments de ce genre conservés en Espagne : les
coffrets des cathédrales de Pampelune et de Palencia.
M. Doistau ne borna pas là sa générosité; il ajouta à ce don un
tapis de travail persan du xvi° siècle, qu’on peut considérer comme
un des plus précieux et des plus rares monuments de ce genre qui
existent. Si l’on excepte celui que possède Mmc la comtesse de Béarn et
un beau fragment conservé au Kunstgewerbemuseum de Hambourg,
on n’en connaît point d’autre. Ce n’est pas, en effet, un tapis de laine
et Doistau, qui ont été pour le département des objets d’art les
grands donateurs en l’année 1903, et dont les noms doivent être
inscrits au livre d'or que chaque conservation tient à jour avec un
soin pieux.
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Il est généralement admis que la collection des ivoires du musée
du Louvre est sans doute la plus riche dont un musée puisse s’enor-
gueillir. Il n’est pour ainsi dire pas d’objet qui y soit indifférent;
et, sans se dissimuler les quelques petites lacunes qu’elle peut encore
présenter, elle offre en son ensemble une histoire à peu près totale
de cet art si intéressant.
Une de ces petites lacunes vient d’y être d'un coup comblée par
le don magnifique qu’a fait M. Doistau de deux grands bras de croix
d'ivoire célèbres dans le monde des amateurs. Ce sont, en effet, des
vétérans des expositions rétrospectives ; ils figurèrent en 1878 à
l’Exposition Universelle, et ils faisaient alors partie de la collection
de M. Maillet du Boullay, l'ancien conservateur du musée de Rouen,
amateur d’un goût délicat et sûr, qui avait su se faire la plus
précieuse collection particulière. M. Doistau les avait prêtés tout
récemment à l’exposition d’art musulman organisée, au mois
d’avril 1903, dans les salles du musée des Arts décoratifs, au pavillon
de Marsan.
Leur place s’y justifiait par toutes les influences arabes qu’ils
dénotent; l’art roman du xu° siècle en Espagne, où ils sont nés, est
profondément pénétré des formules décoratives que le génie des
Maures y avait introduites. La fantaisie et la grâce de leurs inven-
tions se retrouvent dans ces rinceaux délicats enserrant les bêtes qui
leur sont familières : les aigles aux ailes éployées, les licornes, les
griffons et les bouquetins. Ces motifs seraient peu de chose si l’exé-
cution n’en était à la fois aussi ferme que délicate, et ne rappelait
les plus beaux monuments de ce genre conservés en Espagne : les
coffrets des cathédrales de Pampelune et de Palencia.
M. Doistau ne borna pas là sa générosité; il ajouta à ce don un
tapis de travail persan du xvi° siècle, qu’on peut considérer comme
un des plus précieux et des plus rares monuments de ce genre qui
existent. Si l’on excepte celui que possède Mmc la comtesse de Béarn et
un beau fragment conservé au Kunstgewerbemuseum de Hambourg,
on n’en connaît point d’autre. Ce n’est pas, en effet, un tapis de laine