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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

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Nr. 4
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Hymans, Henri: L' exposition de l'art français du XVIII siècle à Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0344

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L'EXPOSITION DE L’ART FRANÇAIS A BRUXELLES 303

« Leur science des modes, ferrée à glace, disait Jean Rousseau1,
s’étend jusqu’aux meubles et aux brimborions en vogue. Ils savent
l’heure où le froid Louis XVI, protégé par une impératrice, a recom-
mencé à régner... » C’était écrit en 1868. A ce moment-là le style
Louis XVI régnait sans partage en Belgique comme en France. Il
créa, dans le domaine de l’architecture, des choses excellentes.
A chaque pas, en quelque sorte, dans les rues de Bruxelles datant
de l’époque susdite, on peut voir des façades, conçues dans le style
du xviue siècle, alterner avantageusement avec de plus récentes,
élevées dans ce style hybride qu’on a baptisé « modem style ».

La Flandre, notons-le bien, avait eu son Louis XV et son
Louis XVI à elle; le meuble liégeois, la céramique tournaisienne,
l’orfèvrerie gantoise, ont mérité F attention des collectionneurs.
D’accent plus robuste, de combinaisons moins ingénieuses que les
créations françaises, on ne peut dire, cependant, que ces productions
soient dénuées d’attrait.

Des lucarnes, des portes, des écoinçons, dans le style Louis XV,
abondent dans certaines villes de ce pays. Le palais d’Anvers est
un des beaux spécimens du style conservés en Belgique. A Bruges
même, oui, à Bruges, il y a des maisons Louis XVI de très gra-
cieuse physionomie. Et, assurément, dans cet ordre, le grand esca-
lier et la rotonde du musée de Bruxelles, résidence, à l’origine,
du duc Charles de Lorraine, ne sont pas des morceaux à dédaigner.
Seulement, ce Louis XV et ce Louis XVI-là, constituent ce qu’on
pourrait appeler un art de traduction. La Belgique, à ce moment,
relevait de F Autriche. C’est à Vienne qu’elle allait prendre le mot
d’ordre. Ce qui n’empêche que, tout Autrichienne qu’elle fût, Marie-
Christine, sous le pinceau de Roslin, diffère peu, en matière d’élé-
gance, de sa sœur Marie-Antoinette.

Mais c’est en pleine France que nous transporte l’exposition du
xvnic siècle. On se demande si les salons du premier hôtel Somzée,
dans la rue Royale, où elle rassemble ses précieux éléments, ne
bénéficient pas du privilège d’exterritorialité. Non que des Belges
n’aient tenu à y concourir. De hautes maisons, celle d’Arenberg en
tête, se sont ouvertes à ses organisateurs. C’est de France, pourtant,
qu’est venue la somme principale des richesses. Sa variété, que
rehausse un arrangement heureux — chose, du reste, naturelle,
M. C ardon y ayant présidé, — aboutit à faire un milieu d’agrément
exceptionnel.

I. Compte rendu du salon de Gand (Écho du Parlement, Bruxelles, 21 janvier
1868).
 
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