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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tout véritable artiste, dans la galerie Est du cloître du musée, où
elles se trouvent actuellement.
Ces statues en terre cuite ont 1 m70 environ de hauteur. Leur
facture très particulière, leur métier brutal et heurté, leur peu de
parenté avec ce que nous voyons
d’habitude, constituent une for-
mule d’art dont nous n’avons
peut-être que cet exemple. Les
draperies, larges et peu cher-
chées, enrichies d’ornements
nombreux moulés à part et rap-
portés, ont un réel mouvement ;
les barbes curieusement inter-
prétées, souples ou rudes suivant
leur longueur, sont faites de cy-
lindres plus ou moins minces
qu’on dirait obtenus au tamis et
attachés aux chairs d’un coup
de doigt; les visages, où des
rides sont dessinées à l’outil et
dont les bouches s’entr’ouvrent
en laissant apercevoir les dents
et la langue, ont, en partie à
cause de leur coloration, une
surprenante intensité de vie.
Notre grand Laiguière les croyait
modelés d’après des moulages
pris sur des cadavres, et son
élève M. Marqueste, dont l’opi-
nion est capitale, nous a exprimé
naguère encore la même con-
CLt viction avec une singulière élo-
quence. Exécutées à la fin du
xve siècle ou tout à fait au commencement du xvie siècle, elles sont
loin d’être belles, mais ont tant de caractère, tant de naturel et de
vie, qu’elles nous émeuvent profondément et captent notre souve-
nir. Moqueuses et effrayantes à la fois, elles semblent surgir du fond
des siècles pour nous montrer des personnages dont notre imagina-
tion n’aurait pu concevoir la réalité.
Nous ne savons rien de ces statues. La légende, plus imprécise
STATUE DE VIEILLARD,
TERRE CUITE PEINTE, FIN DU XV
(Musée de Toulouse.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tout véritable artiste, dans la galerie Est du cloître du musée, où
elles se trouvent actuellement.
Ces statues en terre cuite ont 1 m70 environ de hauteur. Leur
facture très particulière, leur métier brutal et heurté, leur peu de
parenté avec ce que nous voyons
d’habitude, constituent une for-
mule d’art dont nous n’avons
peut-être que cet exemple. Les
draperies, larges et peu cher-
chées, enrichies d’ornements
nombreux moulés à part et rap-
portés, ont un réel mouvement ;
les barbes curieusement inter-
prétées, souples ou rudes suivant
leur longueur, sont faites de cy-
lindres plus ou moins minces
qu’on dirait obtenus au tamis et
attachés aux chairs d’un coup
de doigt; les visages, où des
rides sont dessinées à l’outil et
dont les bouches s’entr’ouvrent
en laissant apercevoir les dents
et la langue, ont, en partie à
cause de leur coloration, une
surprenante intensité de vie.
Notre grand Laiguière les croyait
modelés d’après des moulages
pris sur des cadavres, et son
élève M. Marqueste, dont l’opi-
nion est capitale, nous a exprimé
naguère encore la même con-
CLt viction avec une singulière élo-
quence. Exécutées à la fin du
xve siècle ou tout à fait au commencement du xvie siècle, elles sont
loin d’être belles, mais ont tant de caractère, tant de naturel et de
vie, qu’elles nous émeuvent profondément et captent notre souve-
nir. Moqueuses et effrayantes à la fois, elles semblent surgir du fond
des siècles pour nous montrer des personnages dont notre imagina-
tion n’aurait pu concevoir la réalité.
Nous ne savons rien de ces statues. La légende, plus imprécise
STATUE DE VIEILLARD,
TERRE CUITE PEINTE, FIN DU XV
(Musée de Toulouse.)