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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 33.1905

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Nr. 5
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Bénédite, Léonce: Whistler, [1]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24815#0450

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

premiers rangs de la gravure originale moderne et qui gravait, en
cetle même année 1859, par manière de délassement, sa première
eau-forte, à l'imitation de celles de son jeune beau-frère. Whistlcr
regarda les bords de la Tamise comme Méryon avait regardé les
bords de la Seine entre les hautes constructions du vieux Paris,
comme Bracquemond l’avait suivie dans ses méandres à travers la
banlieue du sud-ouest, et avec cet œil curieux, intelligent, perspi-
cace, qui percevait immédiatement le pittoresque de toute chose. Il
nota l’enchevêtrement des mâts, des vergues et des agrès, les
échafaudages des ponts en construction, les usines avec leurs
hautes cheminées, les quais avec leurs dépôts, leurs chalands arri-
més, leurs grues et leurs monte-charges, et l'animation grouillante
des matelots, des débardeurs, des calfats et des charpentiers,
comme Méryon avait fixé la Pompe Notre-Dame, la Morgue, la
Petite Pompe, le Pont-au-Change ou le Pont-Neuf, les bains froids
Chevrier et la Samaritaine. 11 n’y apporta pas cette beauté mâle et
puissante, cetle simplicité grandiose et imposante qui caractérisent
le maître français, mais une délicatesse rare d’observation, une
verve fine et nerveuse, une compréhension subtile et tout à fait
inconnue de la poésie de ces paysages de travail sous des ciels
moroses et bas.

Le succès de ces représentations originales, des deux côtés de la
Manche, ne pouvait que le tenter de reporter dans la peinture les
mêmes effets. Il n'y manqua point. De là ce beau tableau de la
Démolition des échafaudages dupont de Westminster (à M. Pope, de
Farmington), très nouveau encore dans ce genre où se distingueront
ceux de ses camarades réalistes qui fonderont plus tard l’impres-
sionnisme, et toutes ses Tamise comme il les appelle, qu’il repren-
dra, avec les nouveaux aspects qui s’offraient à sa vision mo-
difiée, à toutes les époques de sa vie. Car, à Londres, il ne quitta
jamais les bords du grand llcuve laborieux, et c’est là qu’il est
venu mourir.

LÉONCE BÉNÉDITE

[La suite prochainement.)
 
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