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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 33.1905

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Nr. 6
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Morand, Eugène: Les salons de 1905, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24815#0526

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4-78

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

valeur inappréciable d’une éducation artistique faite par l’étude des
maîtres et le respect sans servilité de leurs traditions.

On les retrouverait, ces traditions, chez quelques peintres de la
Société Nationale, chez MM. Billotte, Boulard, Dauchez, entre autres,
qui d’esprit plus particulièrement contemplatif, et, parmi les aspects
de la nature, plus épris de ceux d’où émane une sensation de recueil-
lement que de ceux qui se manifestent en agitation, refusent de se
satisfaire de taches sans doute singulièrement aptes à fixer en
imprécises impressions les effets fugi tifs de la lumière, mais moins
expressives pour rendre le sentiment d’un paysage dans le caractère
qui lui est propre.

De ce caractère M. René Billotte est très justement préoccupé, et
c’est avec cette impérieuse préoccupation que des Carrières d’Argen-
leiiil, du Moulin de Sannois, du plus simple site suburbain, sous un
lever de lune, sous un crépuscule demeuré frissonnant de l’agonie
de la lumière, en tons décolorés déjà, clairs encore, il a eu l’art de
faire ressortir, grâce aux rares qualités de peintre que nous lui
connaissons, ce que le mystère de l’heure contient de douceur et
d’apaisement. Pour M. Boulard, La mer et la [alaise au soleil cou-
chant ou quelque Ruisseau dans les dunes suffisent à exprimer une
émotion; la délicatesse de sa vision, sa science à rassembler l’effet
sur le point voulu, la belle pâte blonde de sa couleur, font le reste, et
l’ensemble a beaucoup de charme. Lumière largement épandue d’un
beau ciel limpide au ciel inverse d’un Tournant de rivière, noblesse
du dessin, richesse de la couleur, ce sont les sensations que donne
la toile la plus importante de l’envoi de M. Dauchez, une œuvre
excellente. M. Dauchez, dont les terrains en leurs accidents signifi-
catifs, les verdures en leurs masses trouées d’ombre, les ciels en
leurs architectures de nuages, sont toujours établis avec une
conscience et une science parfaites, avait peut-être, en ces derniers
temps, laissé un peu d’ombre descendre sur ses paysages. Sans rien
perdre de ses précieuses qualités de dessin, M. Dauchez s’est à
plaisir renouvelé cette année au point de vue de la couleur, et la
somptueuse coulée vert pâle, pareille à l’eau d’un péridot, de sa
côte hoisée vers la rive, la transparence de son ciel, la fluidité de sa
nappe liquide, la tache heureuse de la maison riveraine, font du
Tournant de rivière un des meilleurs paysages — si ce n’est le meil-
leur— du présent Salon.

Les études de M. Maurice Eliot vivent toujours de la vie ardente
du soleil. M. Eliot, qui connaît les lois de dispersion de la lumière,
 
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