LES SALONS DE 1905
•185
D’un simple geste de ses fortes mains, l’inconnu les écarta tous;
d’une calme poussée de ses larges épaules il fit sauter les ais ver-
moulus de la porte close; il entra. Puis il alla vers la Belle endormie,
apposa sur elle ses mains dont la force se mua en caresse, et, les
glissant des tempes et du front, où gisait la pensée, aux pointes des
orteils où le mouvement était arrêté, tour à tour il éveilla les épaules
frisonnantes, les seins
frémissants, les larges
hanches, le ventre,
arcane des voluptés,
temple auguste des
maternités trois fois
saintes, et les jambes,
piliers jumeaux de
marbre poli; il évo-
qua le mystère de la
chair endormie, et,
sous l’eflleurement de
ses mains, la Beauté
ouvrit des yeux qu’elle
n’a plus refermés de-
puis ; les attitudes s’é-
tirèrent en gestes ar-
dents, les masques se
brisèrent sous l'effort
des visages de douleur
ou de joie, et tout un
peuple radieux de blan-
ches images posséda
une âme, et l’on eût dit
qu’il allait marcher.
r-,, . ... ... FEMME A L’ARC, MARBRE, PAR M. DESBOIS
C estque, derrière J in-
, , (Société Nationale des Beaux-Arts.)
connu, qiielqu un d m-
visible était entré dans le jardin : Bodin avait amené la Vie avec lui.
Comme celle de Rodin, mais plus apaisée, plus tendre, la scul-
pture de Bartholomé est vivante. Vivants, Adam et Eve le sont peut-
être un peu plus qu’il ne conviendrait, et, quoique le geste d’Eve à
se voir nue soit d’une belle imagination, la plénitude de ses formes
déconcerte un peu.
La Femme à l'arc, dont M. Desbois nous donne cette année le
•185
D’un simple geste de ses fortes mains, l’inconnu les écarta tous;
d’une calme poussée de ses larges épaules il fit sauter les ais ver-
moulus de la porte close; il entra. Puis il alla vers la Belle endormie,
apposa sur elle ses mains dont la force se mua en caresse, et, les
glissant des tempes et du front, où gisait la pensée, aux pointes des
orteils où le mouvement était arrêté, tour à tour il éveilla les épaules
frisonnantes, les seins
frémissants, les larges
hanches, le ventre,
arcane des voluptés,
temple auguste des
maternités trois fois
saintes, et les jambes,
piliers jumeaux de
marbre poli; il évo-
qua le mystère de la
chair endormie, et,
sous l’eflleurement de
ses mains, la Beauté
ouvrit des yeux qu’elle
n’a plus refermés de-
puis ; les attitudes s’é-
tirèrent en gestes ar-
dents, les masques se
brisèrent sous l'effort
des visages de douleur
ou de joie, et tout un
peuple radieux de blan-
ches images posséda
une âme, et l’on eût dit
qu’il allait marcher.
r-,, . ... ... FEMME A L’ARC, MARBRE, PAR M. DESBOIS
C estque, derrière J in-
, , (Société Nationale des Beaux-Arts.)
connu, qiielqu un d m-
visible était entré dans le jardin : Bodin avait amené la Vie avec lui.
Comme celle de Rodin, mais plus apaisée, plus tendre, la scul-
pture de Bartholomé est vivante. Vivants, Adam et Eve le sont peut-
être un peu plus qu’il ne conviendrait, et, quoique le geste d’Eve à
se voir nue soit d’une belle imagination, la plénitude de ses formes
déconcerte un peu.
La Femme à l'arc, dont M. Desbois nous donne cette année le