LES PAYSAGISTES ANGLAIS EN FRANCE
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c’est-à-dire le chatoiement des taches, la modulation des valeurs,
le frissonnement des lumières, il en devait résulter une habitude
et même une exigence de la vision appelées à prédominer même
dans l’application des autres procédés. C’est ainsi que, rompus à la
pratique de l’eau sur le papier et en appréciant toutes les res-
sources, quelques-uns, comme Bonington, ne voudraient plus, même
sur toile, œuvrer d’autre manière, et chargeraient d’huile leurs cou-
leurs pour leur donner plus de liquidité et de transparence. En un
mot, la peinture de paysage en Angleterre va devoir au développe-
ment de l’aquarelle cette modification de l’œil et de la main dont
LA PORTE SAINT-DENIS
DESSIN DE THOMAS GIR T IN (1802)
(Musée Carnavalet, Paris.)
s’étonnera et s’enthousiasmera si fort la jeunesse au Salon de 1824.
A peine au sortir de l’orage révolutionnaire se note un indice
bien significatif de prédisposition à cet engouement: c’est la lettre
datée de janvier 1795 où Chateaubriand déclare la nature absolu-
ment ignorée par les paysagistes français de son temps; le reproche
leur est adressé d’Angleterre, et même, nous aurons lieu de le cons-
tater, le grand promoteur de l’élan romantique exprime à ce sujet
des vœux, semble éprouver des pressentiments dont, en 1830, il lui
sera donné de voir la complète réalisation.
En attendant, des contacts passagers entre les deux écoles recom-
mencent à se produire à partir de 1802, après que le traité d’Amiens
a rendu aux étrangers le libre accès de notre pays. De toutes parts on
vient visiter les lieux ayant été le théâtre d’événements si retentis-
sants. Arrive un jeune artiste anglais du nom de Thomas Girtin,du
talent le plus fin et le plus rare, qui termina par ce voyage une exis-
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c’est-à-dire le chatoiement des taches, la modulation des valeurs,
le frissonnement des lumières, il en devait résulter une habitude
et même une exigence de la vision appelées à prédominer même
dans l’application des autres procédés. C’est ainsi que, rompus à la
pratique de l’eau sur le papier et en appréciant toutes les res-
sources, quelques-uns, comme Bonington, ne voudraient plus, même
sur toile, œuvrer d’autre manière, et chargeraient d’huile leurs cou-
leurs pour leur donner plus de liquidité et de transparence. En un
mot, la peinture de paysage en Angleterre va devoir au développe-
ment de l’aquarelle cette modification de l’œil et de la main dont
LA PORTE SAINT-DENIS
DESSIN DE THOMAS GIR T IN (1802)
(Musée Carnavalet, Paris.)
s’étonnera et s’enthousiasmera si fort la jeunesse au Salon de 1824.
A peine au sortir de l’orage révolutionnaire se note un indice
bien significatif de prédisposition à cet engouement: c’est la lettre
datée de janvier 1795 où Chateaubriand déclare la nature absolu-
ment ignorée par les paysagistes français de son temps; le reproche
leur est adressé d’Angleterre, et même, nous aurons lieu de le cons-
tater, le grand promoteur de l’élan romantique exprime à ce sujet
des vœux, semble éprouver des pressentiments dont, en 1830, il lui
sera donné de voir la complète réalisation.
En attendant, des contacts passagers entre les deux écoles recom-
mencent à se produire à partir de 1802, après que le traité d’Amiens
a rendu aux étrangers le libre accès de notre pays. De toutes parts on
vient visiter les lieux ayant été le théâtre d’événements si retentis-
sants. Arrive un jeune artiste anglais du nom de Thomas Girtin,du
talent le plus fin et le plus rare, qui termina par ce voyage une exis-