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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Clouzot, Henri: Les toiles peintes de l'Inde au pavillon de Marsan
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0312

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de la fm du xvne siècle ou du début du xviu° siècle, imprimées en
Suisse, en Hollande, en Angleterre, et furtivement à Orange, à Mar-
seille, à Paris, dans les enceintes privilégiées du Temple ou de
l’Arsenal. Encore ces contrefaçons maladroites n’avaient-elles pour
elles que leur bon marché. Ne regrettons pas outre mesure une
fabrication qui faisait dire à Beaulieu : « On ne croirait jamais qu’un
tel barbouillage ait pu porter le nom de toile peinte1. »

Les imitations d’Oberkampf et de ses émules — la Société
industrielle de Mulhouse a exposé une bordure dePcrrenod, àMelun,
qui est un vrai bijou — valaient heureusement beaucoup mieux.
On serait même tenté d’hésiter entre certaines copies et des origi-
naux, s’il n’y avait, pour trancher la question, un critérium infail-
lible. Le dessin ou trait des toiles peintes en Europe est imprimé à
l’aide de moules ou bois gravés; le trait des toiles de l'Inde est tracé
au pinceau sur un décalque obtenu par le ponds, à la manière des
brodeurs : « Le peintre », dit le R. P. Cœurdoux, qui l’a observé sur
place, « a eu soin de tracer son dessin sur le papier : il en pique les
traits principaux avec une aiguille fine : il applique ce papier sur la
toile. Il y passe ensuite la ponce — lisez poudre de charbon —- par-
dessus les piqueures, et, par ce moyen, le dessin se trouve tout tracé
sur la toile... Ensuite, sur ces traits, on passe avec le pinceau du
noir et du rouge, selon les endroits qui l’exigent, après quoi l’ouvrage
se trouve dessiné 2. » C’est ce qui fait qu’en examinant de près deux
motifs semblables sur une toile peinte, nous les trouvons iden-
tiques jusqu’au moindre défaut dans les tailles s’il s’agit d’impres-
sions européennes : au contraire, ils diffèrent toujours par quelques
détails du trait ou par les fautes légères que laisse échapper la
main du dessinateur dans les originaux de l’Inde. Comme de juste, la
différence s’accentue quand on observe les couleurs, appliquées en
Europe à la planche, disposées dans l’Inde au pinceau avec une
liberté charmante. Il y a autant de distance entre une toile peinte

1 M. Depilre, dans son très intéressant ouvrage La Toile peinte en France au
xvue et a,u xvnie siècle, où il étudie les débuts de l’indiennage au point de vue
économique et historique jusqu’en 1760, a reproduit des lambeaux de toiles
fabriqués à l’Arsenal avant 1756. Ces impressions «à la réserve «justifient toutes
les critiques de Beaulieu.

2. Lettres édifiantes, loc. cit. Tel n’est pas l’avis de l'Encyclopédie, ni surtout de
Papillon. Mais l’examen des échantillons ne permet pas le moindre doute. Si les
Indiens ont employé des bois gravés, c’est pour les menus détails des bordures,
festons, frises, entrelacs, etc., et ces bois ne dépassaient pas les dimensions de
gros cachets. Il faudrait prouver, d’ailleurs, que les indigènes n’ont pas appris
ces moyens expéditifs d’impression des Européens.
 
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