GAZETTE DES BEAUX-ARTS
chrétien, d’un pathétique presque unique dans l’histoire de l’art, qui émane
des Pèlerins cl’Emmaiis ou du Bon Samaritain, nous ne pouvons nous empê-
cher de rétablir en nous-même celte généalogie de maître à élève qui, par
Lastman, Elsheimer, Ph. Ulïenbach et Hans Grimmer, rattache Rembrandt
à Mathias Grünewald.
Nous avons encore in-
diqué plus haut ce que
Rembrandt doit à l’art
italien et quels furent,
pour le paysage, ses ini-
tiateurs.
Mais tout cela n’expli-
que guère cette volonté
sourde et frémissante
que l'on sent, pour nous
en tenir à l’œuvre des-
siné, sous chaque trait
de plume sorti de la
main du maître. Une
ivresse, première condi-
tion physiologique pour
qu’il y ait œuvre d’art,
un sentiment de force et
de plénitude, et, sous
l’empire de ce sentiment,
une sorte d’idéalisation
des choses consistant,
non pas en la soustrac-
tion de ce qui est acces-
soire, mais en 1' « érosion » décisive des traits principaux, voilà le mystère
esthétique devant lequel s’arrêtent toute étude et toute analyse.
Et quant au mystère, encore plus prodigieux, qui émane de l’œuvre peint
de Rembrandt, nul peut-être ne l'a mieux exprimé que le grand artiste, le
savant « curieux » dont la générosité nous est l'occasion de ce modeste
article: ses vrais maîtres, a dit de Rembrandt M. Léon Bonnat, furent le
rayon de soleil qui pénétrait dans le grenier du moulin paternel et les pous-
sières d’or soulevées par la meule qui broyait les grains de la moisson.
fig. r 6.
DAVID JOUANT DE LA H A R I> E DEVANT S A L L
DESSIN PAR R E M B R A N D T
(Musée du Louvre.)
LOUIS O E M O K I S
chrétien, d’un pathétique presque unique dans l’histoire de l’art, qui émane
des Pèlerins cl’Emmaiis ou du Bon Samaritain, nous ne pouvons nous empê-
cher de rétablir en nous-même celte généalogie de maître à élève qui, par
Lastman, Elsheimer, Ph. Ulïenbach et Hans Grimmer, rattache Rembrandt
à Mathias Grünewald.
Nous avons encore in-
diqué plus haut ce que
Rembrandt doit à l’art
italien et quels furent,
pour le paysage, ses ini-
tiateurs.
Mais tout cela n’expli-
que guère cette volonté
sourde et frémissante
que l'on sent, pour nous
en tenir à l’œuvre des-
siné, sous chaque trait
de plume sorti de la
main du maître. Une
ivresse, première condi-
tion physiologique pour
qu’il y ait œuvre d’art,
un sentiment de force et
de plénitude, et, sous
l’empire de ce sentiment,
une sorte d’idéalisation
des choses consistant,
non pas en la soustrac-
tion de ce qui est acces-
soire, mais en 1' « érosion » décisive des traits principaux, voilà le mystère
esthétique devant lequel s’arrêtent toute étude et toute analyse.
Et quant au mystère, encore plus prodigieux, qui émane de l’œuvre peint
de Rembrandt, nul peut-être ne l'a mieux exprimé que le grand artiste, le
savant « curieux » dont la générosité nous est l'occasion de ce modeste
article: ses vrais maîtres, a dit de Rembrandt M. Léon Bonnat, furent le
rayon de soleil qui pénétrait dans le grenier du moulin paternel et les pous-
sières d’or soulevées par la meule qui broyait les grains de la moisson.
fig. r 6.
DAVID JOUANT DE LA H A R I> E DEVANT S A L L
DESSIN PAR R E M B R A N D T
(Musée du Louvre.)
LOUIS O E M O K I S