Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 1.1920)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ment aux objets et rend sur eux comme perceptible le contact de l’àme qui
les associe à son existence !

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Quel écrivain d’art ou critique de Salons contemporain de Sainte-Beuve
a donné ainsi à entrevoir certaines tendances et certains désirs futurs des
ateliers? Ce n’est ni Gautier ni Paul de Saint-Victor; ce ne sont non plus les
Goncourt ; Gautier, dans ses feuilletons de la Presse et du Moniteur faisait-
il plus que de suggérer, par l’adresse et la justesse étonnantes de ses trans-
positions, le caractère et l’attrait des tableaux ayant arrêté son attention, et,
pour employer les termes mêmes de la critique du « Lundi » qui lui a été con-
sacrée, « comme on réduit une symphonie au piano, de réduire un tableau
à l’article »?

Les exemples de pénétration des lettres par les arts intéressaient vivement
Sainte-Beuve. On le voit se montrer plusieurs fois curieux des écrits des
peintres et leur consacrer des « causeries » '. Mais il ne se jugeait pas assez
compétent pour s’adonner ouvertement à la critique d’art. Que de morceaux
comparables à son article sur Paul Huet auraient pu lui être inspirés par
d’autres peintres avec qui il se fût reconnu quelque affinité ! Et notez
qu’avant la date où cet article parut, avant i83o, il serait difficile de trouver
dans les relations sur la peinture rien qui égalât pour la vertu suggestive
cette transposition, en une page de prose, de l'heureux produit d’un pinceau.
Il faut regretter aussi qu’il n’ait pas plus souvent, dans ses écrits, laissé trace
des délectations d’artiste qu’il sut goûter au cours de ses rares déplacements,
que surtout son voyage à Rome, à Naples en i83ç), n’ait pas motivé un
« carnet de route » plus étendu que la série des petits poèmes faisant suite
à ses Pensées cl’Août.

PROSPER DORBEC

i. Cf. à ce sujet l’article déjà cité de Philippe Burty : Sainte-Beuve critique cl'art.

Le Gérant: Ch. Petit.

CHARTRES. - IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.