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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 2
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Durrieu, Paul: Les van Eyck et le duc Jean de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0114

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IOO

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

vaire de l'Ermitage fournirait un argument d'un ordre plus relevé et lié
davantage à la question d’art. Certes la composition de ce Calvaire est
puissamment personnelle ; néanmoins plusieurs traits dans le tableau, cette
conception d’entourer principalement par des cavaliers la croix sur laquelle
expire le Christ, ces chevaux de quelques-uns des cavaliers qui, en avant de la
croix, sont posés de manière à montrer leurs croupes, cet autre cheval placé
sur la gauche dont la robe blanche vient faire une tache claire, le groupe
même de la Vierge effondrée dans sa douleur et entourée des Saintes Femmes,
se détachant bien en vue au premier plan, cette autre Sainte Femme —
Marie-Madeleine sur le volet de l’Ermitage — se tournant dans un geste
d’ardente prière vers le divin Crucifié : tout cela semble trahir l’influence,
ou le souvenir, d’une certaine formule caractérisée de la peinture italienne
du xivc siècle, qui a été répétée par des artistes de l’école ilorentino-siennoise.
mais qui a surtout reçu sa forme la plus magistrale dans une fresque, attri-
buée à Altichieri et à Jacopo Avanzi, de l’Oratoire de Saint-Georges à
Padoue, fresque dont, je le dis en passant, Jean Foucquet semble, lui aussi,
s’être inspiré. Ne se trouverait-on pas encore autorisé à reconnaître une
autre réminiscence de la peinture italienne dans l’accoutrement très particu-
lier et même jusque dans la pose de cet archange Saint Michel, qui se dresse
au milieu du volet montrant le. Jugement dernier^ Ainsi se renforcerait le
pressentiment que, sinon les deux van Eyck, du moins l’un d'eux a été
prendre contact avec l’art de l'Italie, et la date relativement reculée du double
volet placerait le moment de ce contact à une époque avoisinant plutôt le
début de la carrière de ces maîtres.

*

* *

Je m’arrêterai un peu plus longuement sur le troisième point à prendre en
considération.

Les volets de l’Ermitage, provenant, assure-t-on, d’un monastère, ont été
achetés dans la première moitié du xixe siècle à Madrid, par un diplo-
mate russe, l’ambassadeur D.-P. Tatistcheff. Mais le fait que les volets
étaient en Espagne il y a cent ans, ne tire pas à conséquence, car on sait
combien les œuvres d art ont parfois voyagé. La tradition veut qu’ils aient
fait partie d’un triptyque dont le centre, qui aurait été dérobé, se serait
trouvé représenter une Adoration des Mages. Ce qui est certain, c’est que nul
aujourd’hui ne peut se vanter d’avoir rencontré sûrement cette partie cen-
trale ; que ce sont les deux volets seuls, que le diplomate russe emporta
d’Espagne à Vienne, où Passavant les vit en 184t ; que ce sont également les
deux volets seuls qui furent achetés en 1845 par la Russie pour le musée de
 
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