GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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tère, par son désintéressement, la bonté de son cœur. On ne relèverait pas
une vilenie dans ses rapports avec ses confrères ; il était attentif à toutes les
tentatives, bienveillant à toutes les bonnes volontés, secourable à toutes les
misères, fraternel à tous les succès... Comme artiste, il ne fut pas un chef
d’école ; mais, quelque jugement qu’on puisse porter sur telle ou telle partie
de son œuvre, il occupera dans l’histoire de la peinture française une
place importante et significative pour cette période qui gardera sans doute le
nom « d’entre les deux guerres », — si mélée, si confuse à certaines heures,
où trop souvent la médiocrité ambiante fit avorter les meilleurs désirs,
qui ne sut pas mettre en œuvre toutes les foi’ces qu’elle contenait, où la vie
politique, sociale, morale et intellectuelle ne seconda pas suffisamment les
plus hautes intentions des artistes — et qui pourtant vit éclore, entre la
mort de Corot et celle de Puvis de Chavannes, tant de belles œuvres qui
nous feront honneur. L’avenir, mieux averti que nous, éliminera le fatras
encombrant, démêlera les caractères durables, le degré « d’importance »
et de « bienfaisance » comme disait Taine, fera le bilan définitif et gardera
à Alfred-Philippe Roll son rang parmi les bons ouvriers de France.
•ANDRÉ MICHEL
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tère, par son désintéressement, la bonté de son cœur. On ne relèverait pas
une vilenie dans ses rapports avec ses confrères ; il était attentif à toutes les
tentatives, bienveillant à toutes les bonnes volontés, secourable à toutes les
misères, fraternel à tous les succès... Comme artiste, il ne fut pas un chef
d’école ; mais, quelque jugement qu’on puisse porter sur telle ou telle partie
de son œuvre, il occupera dans l’histoire de la peinture française une
place importante et significative pour cette période qui gardera sans doute le
nom « d’entre les deux guerres », — si mélée, si confuse à certaines heures,
où trop souvent la médiocrité ambiante fit avorter les meilleurs désirs,
qui ne sut pas mettre en œuvre toutes les foi’ces qu’elle contenait, où la vie
politique, sociale, morale et intellectuelle ne seconda pas suffisamment les
plus hautes intentions des artistes — et qui pourtant vit éclore, entre la
mort de Corot et celle de Puvis de Chavannes, tant de belles œuvres qui
nous feront honneur. L’avenir, mieux averti que nous, éliminera le fatras
encombrant, démêlera les caractères durables, le degré « d’importance »
et de « bienfaisance » comme disait Taine, fera le bilan définitif et gardera
à Alfred-Philippe Roll son rang parmi les bons ouvriers de France.
•ANDRÉ MICHEL