DOI Heft:
Nr. 3-4
DOI Artikel:Babelon, Jean: Le médaillon du chancelier René de Birague par Germain Pilon à la Bibliothèque nationale
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
son écrin par Nicolas Eve ; et, de plus, un fer pour reliure de livre aux armes
et initiales du cardinal. Ce don est fait libre de tous droits. »
Le médaillon en question, en bronze doré, du diamètre de 162 millimètres,
nous présente le buste du chancelier de Birague, à droite, tête nue, le cou
pris dans une fraise à godrons, enveloppé d’une ample pelisse à col de four-
rure. Au pourtour, un grènetis et l’inscription :
RENATVS • BIRAGVS • FRANCIÆ • CANCELARIVS • ANNO • ETATIS • SVÆ • LXX.
Au revers, gravée en creux, l’inscription suivante (nous ajoutons les vir-
gules) en huit hexamètres latins :
IIIC EST || QVI LATIIS DVM || RES DECLINAT IN ORIS || GALLICA, FORT VN/E,
QVÆ || TRANSFVGIEBAT AD IIOSTES, || NOLY1T ESSE COM ES, SED AVITOS || LÆTVS
HONORES ET PATRIAS LIN || QVENS SEDES, SVPERESSE RVINÆ || DVM NON VVLT
PATRIÆ, SE AD || GALLICA REGNA RECEPIT, AMISS1S || VBI PROQVE BONIS ET IIONORIB, ||
AMPLIS, ADSPIRANTE DEO, REP || ERIT MAIORA RELICTIS, || FACTVS APVD GALLOs||
SACRI CAPVT 1PSE || SENATVS.
Le médaillon est accompagné de son écrin rond en maroquin rouge, por-
tant sur ses deux faces le chiffre du chancelier : R. B. Ce qui fait donc le prix
de ce princier cadeau, c’est que nous nous trouvons ici en présence du
médaillon exécuté précisément pour être remis au chancelier, médaillon fondu,
puis reciselé et doré avec un soin extrême, et portant à son revers une
inscription que l'on ne trouve point sur les autres exemplaires, d’ailleurs fort
rares, de cette œuvre, l’une des productions les plus vivantes et les plus remar-
quables, par sa composition et son exécution, des médailleurs français du
xvic siècle. Un des plus grands noms de notre histoire artistique s’y
rattache: celui de Germain Pilon. En effet, si le médaillon n’est pas signé,
il parait toutefois impossible d’en refuser la paternité au célèbre sculpteur
des Valois.
Mais il n'est sans doute pas inutile de dire quelques mots du personnage
dont il nous offre le saisissant portrait. René de Birague — des Birague de
Milan — était né à Milan le 2 février i5o6. Attaché d’abord à la cause fran-
çaise, il dut abandonner le Milanais lors de la perte définitive de ce duché par
François Ier. Il se réfugia alors à la cour de France avec ses trois frères Louis,
Pierre et Charles, les biens de sa famille ayant été confisqués d’abord par
les Sforza, puis par l’empereur. Si l’on veut bien se reporter à l’inscription
gravée sur son médaillon, on verra que c'est précisément à ccs événements
que l’auteur fait allusion : en lisant entre les lignes, il est aisé de s'apercevoir
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
son écrin par Nicolas Eve ; et, de plus, un fer pour reliure de livre aux armes
et initiales du cardinal. Ce don est fait libre de tous droits. »
Le médaillon en question, en bronze doré, du diamètre de 162 millimètres,
nous présente le buste du chancelier de Birague, à droite, tête nue, le cou
pris dans une fraise à godrons, enveloppé d’une ample pelisse à col de four-
rure. Au pourtour, un grènetis et l’inscription :
RENATVS • BIRAGVS • FRANCIÆ • CANCELARIVS • ANNO • ETATIS • SVÆ • LXX.
Au revers, gravée en creux, l’inscription suivante (nous ajoutons les vir-
gules) en huit hexamètres latins :
IIIC EST || QVI LATIIS DVM || RES DECLINAT IN ORIS || GALLICA, FORT VN/E,
QVÆ || TRANSFVGIEBAT AD IIOSTES, || NOLY1T ESSE COM ES, SED AVITOS || LÆTVS
HONORES ET PATRIAS LIN || QVENS SEDES, SVPERESSE RVINÆ || DVM NON VVLT
PATRIÆ, SE AD || GALLICA REGNA RECEPIT, AMISS1S || VBI PROQVE BONIS ET IIONORIB, ||
AMPLIS, ADSPIRANTE DEO, REP || ERIT MAIORA RELICTIS, || FACTVS APVD GALLOs||
SACRI CAPVT 1PSE || SENATVS.
Le médaillon est accompagné de son écrin rond en maroquin rouge, por-
tant sur ses deux faces le chiffre du chancelier : R. B. Ce qui fait donc le prix
de ce princier cadeau, c’est que nous nous trouvons ici en présence du
médaillon exécuté précisément pour être remis au chancelier, médaillon fondu,
puis reciselé et doré avec un soin extrême, et portant à son revers une
inscription que l'on ne trouve point sur les autres exemplaires, d’ailleurs fort
rares, de cette œuvre, l’une des productions les plus vivantes et les plus remar-
quables, par sa composition et son exécution, des médailleurs français du
xvic siècle. Un des plus grands noms de notre histoire artistique s’y
rattache: celui de Germain Pilon. En effet, si le médaillon n’est pas signé,
il parait toutefois impossible d’en refuser la paternité au célèbre sculpteur
des Valois.
Mais il n'est sans doute pas inutile de dire quelques mots du personnage
dont il nous offre le saisissant portrait. René de Birague — des Birague de
Milan — était né à Milan le 2 février i5o6. Attaché d’abord à la cause fran-
çaise, il dut abandonner le Milanais lors de la perte définitive de ce duché par
François Ier. Il se réfugia alors à la cour de France avec ses trois frères Louis,
Pierre et Charles, les biens de sa famille ayant été confisqués d’abord par
les Sforza, puis par l’empereur. Si l’on veut bien se reporter à l’inscription
gravée sur son médaillon, on verra que c'est précisément à ccs événements
que l’auteur fait allusion : en lisant entre les lignes, il est aisé de s'apercevoir