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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 5
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Bricon, Étienne: Les Salons de 1920, 1, La Société Nationale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0350

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33o

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

est d’une haute tenue, avec le charme du papier de tenture gris et bleu et
cette tache crûment blanche d’un cadre qui sert à toutes les valeurs comme
de diapason. Oui, il y a là du Degas, du Degas gris, avec un arrangement
plus étouffé. Son Bain de soleil au contraire est d’un jaune et d’un bleu vio-
lents : on dirait sous leurs ombrelles d’élégantes Orientales dévêtues, ren-
contrées par un Besnard. Des vues de Bruges, de Sclrwaiger, l’illustrateur
de légendes, et une Chanson printanière et rougeoyante de M. Obrovsky. Et,
avec le grand bronze du Cardinal de Schwarzenberg, par M. Myslbek, apporté
de la cathédrale de Prague, — assez proche d’un tombeau de Ghapu, —
avec les farouches Pèlerins de M. Fr. Upfka, voici, de toutes parts, outre
ses troublantes gravures aux traits mystérieux, la sculpture ardente, enfié-
vrée, de M. Franlisek Bilek, taillée dans tous les bois, clamant toutes les
tristesses ; et surtout une statue de femme, — femme ou patrie, — qui veut
s’échapper de sa gangue douloureuse, s’arracher à l’étreinte dont elle meurt,
— d’une splendeur brusque dans son marbre « tchèque » abrupt et rosé.

III

C’est toujours une grande douceur de revoir la France, même au sortir
des plus beaux pays : que maintenant ses peintres et ses sculpteurs viennent
à nous! Certes, ils sont divers et mobiles, et ils ne se prêtent pas volontiers
aux classements : mais peut-être néanmoins les approchera-t-on davantage si
l’on accepte de voir en eux des sentimentaux, des positifs ou des capricieux.
Ces catégories au surplus n’ont rien d’exclusif, et il est permis à chacun d’en
fréquenter plusieurs, sauf à garder sur soi la marque de l’une d’elles,

Les sentimentaux sont les poètes de la peinture. Nous sommes avec
M. Auburlin entre 1 idylle et la pastorale. Dans une nature appâlie, effacée,
qui s’éloigne de nous, une prairie, bien entendu, s’étend au bord de l’eau,
et il y a là, sans parler des chèvres, quatre Chloés autour d’un Daphnis. C’est
une bonne décoration pour le Conseil d’Etat. Tout le monde ne peut pas avoir
des Puvis de Chavannes, surtout depuis qu’il est mort, et ces horizons tran-
quilles adouciront pour ces messieurs du Conseil la rigueur des jours. En de
plus petits cadres, M. Jules Flandrin, avec plus de piété, a un même sentiment
décoratif. C’est-à-dire qu’interprétant aussi la nature il sesert d’elle, en toute
liberté, comme d’un moyen pour traduire un état d ame, —autour de l’ado-
ration liliale des anges, ou de Jeanne d’Arc dans la forêt sur sa haquenée
très blanche. Mais lorsque les gamines au mauvais masque de Jeunesse
regardent un cheval manger dans le tablier mauve d’une grande fille bénigne,
l’idéalité hardie de M. Flandrin devient déroutante — ou déroutée.
 
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