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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 5
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Bell, Hamilton: Un sculpteur américain de descendance française: Auguste Saint-Gaudens (1848 - 1907)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0402

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38o

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

— Barrias, Dubois, Falguière, Frémiet, Mercié, Rodin — liste glorieuse ! »

Il leur rendit hommage à tous, apprit d’eux tout ce qu’il pouvait en
apprendre, mais n’en copia aucun.

Sa caractéristique en tant qu’artiste semble être la capacité de s’absorber
dans son sujet, l’intensité de vision ; les années qu'il consacra à quelques-
unes de ses plus grandes œuvres ne furent nullement employées tout entières
au labeur matériel de l’exécution ; il vivait avec son sujet, y rêvait, s’en lais-
sait littéralement pénétrer; quand il voyait clairement ce qu’il voulait faire,
la tâche devenait relativement aisée ; sa main obéissait à son esprit inconsciem-
ment, comme celle d’un grand musicien en possession de son instrument;
un artiste, sculpteur comme lui, a dit que sa facilité était presque incroyable.

Son goût était si infailliblement sûr, qu’il ne montre jamais le plus léger
penchant à la vulgarité ; son honnêteté telle, qu’il ne pouvait rien sculpter
qu’il ne vît : mais il savait voir toujours ce qu’il y avait de plus beau.

Dans ses bas-reliefs, il est impossible de ne pas sentir l'influence de Pons-
carme et de Ghapu ; il les connut peut-être l'un et l’autre à Paris ; leur
œuvre, du moins, lui était certainement familière.

En tout cas il appartenait à 1’ « école du flou » ; il avait le don subtil de
fondre et de faire reparaître ses reliefs, et le sens de l’importance des fonds, qui
distinguent cette école. A ce sujet, on peut noter la savante simplicité avec
laquelle il traite le détail — les couvertures du lit de son premier Stevenson à la
cigarette ; le pin. le banc, les coussins, le chien et le châle dans les portraits Mac
Veigh, et d innombrables autres accessoires dont l'insignifiance n’est qu’appa-
rente. Les caractères des inscriptions, si importants dans la décoration de ces
bas-reliefs, lui donnaient énormément de peine; ceux du monument de Ste-
venson pour la cathédrale Saint-Gilles à Edimbourg, au nombre de plusieurs
centaines, furent modelés et effacés au moins douze fois avant que son œil
exigeant fût satisfait.

Le piédestal de ses statues étaient pour lui l’objet d’une étude aussi
approndie que les statues elles-mêmes, comme en témoignent son Farragat
et son Puritain, ou le grand exèdre dans lequel son Lincoln debout domine,
sublime, tout ce qui l’entoure.

Et maintenant, pour conclure, qu'est Saint-Gaudens comme artiste? Fran-
çais ou Américain? Laissons de côté les treize premières années de sa vie,
passées dans la maison de son père, ardemment français, qui toujours parla
sa langue avec ses enfants, et dont le tempérament gascon, hardi et libre,
leur fit une profonde impression. Les premiers maîtres qu’il eut et pour
lesquels il travailla six années étaient l’un et l’autre français. Puis vinrent
dix-neuf ans d’études et de luttes à Paris et à Rome, où ilvécutavec Mercié,
Carolus Duran, Merson et autres camarades français. De 1897 à 1900 il passa
 
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