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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 6
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Bricon, Étienne: Les Salons de 1920, 2, La Société des Artistes Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0449

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4a4

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

bruyanl en blanc et rouge des burnous et des bateaux. Aimez-vous mieux les
Espagnols? Regardez alors ce couple de Salamanque, de M. Vazquez, sonore
dans le brio des costumes, et les « Vaqueros de ganaderia » de M"“ Thil,
où sur la muraille dorée se détachent en beauté des chevaux blancs, et
Y Entrée en scène, par M. Zo, d’une fille d'Espagne et de Montmartre. Aimez-
vous la Provence, la Corse et l'Italie? VoiciM. Befani, qui d’ailleurs a envoyé
des Bretonnes, mais dans une clarté provençale : le rapport de ses couleurs
est savoureux, et plus encore dans une scène de parc un peu féerique, jeu
caressant de nuances et de femmes en atours de fête. Voici M. Amoretli avec
un Lavoir à Lavalelte-du-Var, et ses platanes et ses petites figures tachetées
de soleil, baignées dans l'atmosphère. Voici M. Canniccioni et son Jour des
morts dans un village corse, qui vaut par la particularité du sujet plus que par
l’intensité de l’expression : un prêtre en noirs ornements y est enveloppé par
le deuil multiple d’une confrérie blanche à la plaintive langueur, et des mai-
sons au soleil font à celte tristesse un horizon doré.

Si aux voyages vous préférez les enfants, voyez la Mare de M. du Gardier
et le Bain de M"° Picliot, où ils sont bien en chair, vivants, enjoués, — et,
de Mme Bell-Demont, les trois jolies têtes de ceux qu’a ressuscités dans le
saloir un Saint Nicolas éclairé trop en jaune. Mmc Rondenay a peint, pleine
d’animation, un bébé lumineux qui joue avec une oie de bois; mais pour-
quoi, auprès de là, cette « chromo » trop grande en souvenir de Reynolds?
Passez sur la pointe des pieds, ne troublez pas la fillette de M. Bricard,
endormie sur un canapé bleu, dans le songe d’un innocent Après-midi d'été
que les fleurs de la tenture enguirlandent harmonieusement. Les enfants
grandissent, et c’est les Cantiques deM. Renard, chantés par des premières
communiantes que caressent autour d’un piano de très habiles jeux de
lumière. Une pergola au bord de la mer, et, grandies encore, M. Rieder
réunit des jeunes filles autour d’une table à thé, où leurs tasses sont touchées
par la lueur de la lampe avec une adresse excessive. La jeune fille s’est
mariée ; peut-être en a-t-elle perdu quelque illusion : dans une pièce haute
aux rideaux couleur d'amande, s’allonge un rais de soleil sur un Lapis
d’Oi ient, etelle songe En écoutant Mozart sur un canapé où l'a posée [VI. Mue-
nier, trop appliquée à songer; mais n’est-cc pas justement une observation
humaine? La délicatesse ténue et tiède de VI. Muenier est toujours là, comme
aussi dans les grands arbres de son lever de lune, pénétrés du silence de
la nuit.

ÉTIENNE B H IC O N

(La suite prochainement.)
 
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