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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 6
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Joubin, André: Le "Portrait de Madame Crozat" par Avad au musée de Montpellier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0451

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Il y avait un moyen encore plus simple : c’était de lire la signature, qui
s’étale en toutes lettres, avec la date, sur le tableau. Et l’on s’étonne que,
parmi les milliers de personnes qui depuis près de cent ans ont vu, admiré,
étudié, copié, photographié ce magnifique portrait, pas une n’en ait eu 1 idée.
Car enfin ce tableau n’est pas enfoui dans une obscure galerie provinciale ;
il est même venu à Paris : il a figuré à la rétrospective de l’Exposition Uni-
verselle de 1878, où, au dire de Paul Mantz1, on l’avait exposé spéciale-
ment pour démontrer la fausseté de l’attribution à Chardin. Tout cela en
pure perte; et pourtant la signature était là. A dire vrai, elle ne crève pas
les yeux, mais presque. En examinant, au mois de mai 1919, une copie
ancienne, mais assez médiocre, de ce tableau exposée au Petit Palais (n° 2
du catalogue de l’Exposition des maîtres illustrateurs), j’avais été frappé des
différences de qualité qui séparaient les deux œuvres ; le tableau de Mont-
pellier présentait l’aspect éblouissant d’un
original. Et l’auteur, avant de l’envoyer au
Salon, n’aurait pas signé un portrait de cette
importance, celui d’une des plus grandes
dames de la haute finance, un de ces por-
traits qui classent un peintre et lui assurent
la plus riche clientèle? Je voulus en avoir le
cœur net et j’ai profité d’un récent voyage à
Montpellier pour m’en assurer.

Quand on connaît les habitudes d’Aved et
qu'on regarde le tableau, il n’y a guère qu’un
endroit où l’on pouvait avoir chance de trouver la signature ; c’est la bor-
dure du tabouret, en bas à droite. C’est là, en effet, sur la face gauche
du tabouret, au-dessous des clous dorés, que du premier coup, après avoir,
avec un tampon de coton imbibé d’essence, dégagé un peu le vernis assez
épais en cet endroit, je vis apparaître, en lettres hautes de plus d’un
centimètre, la signature d’Aved, suivie de la date 1741- En avant du nom
d’Aved, un repeint, que l’on aperçoit même sur la photographie, recouvre
probablement les initiales des prénoms, car on relève, en avant et en arrière du
repeint, des traces de jambages. L’ensemble de la signature et de la date tient
un espace de près de dix centimètres. Pour une signature visible, c’est une
signature visible. Comme il eût été plus facile de la chercher que d’essayer
de deviner le nom du peintre ! 11 est vrai que cela nous eût privés de la
jolie démonstration de Maurice Tourneux, qui est un modèle du genre ; il
eût été dommage, vraiment, que la découverte de la signature vint démolir,

SUR LE

«PORTRAIT DE Mme CROZAT »
(Musée de Montpellier.)

1. Gazette des Beaux-Arts, 1878, t. II, p. 878.
 
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