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scène où figuraient des hommes vêtus à la
mode du XIVe siècle, époque très favorable
à la peinture mais ingrate à la sculpture.

Notre étonnement a été profond en pré-
sence du modèle en plâtre que M. L. Wiener
a obligeamment soumis à la critique des visi-
teurs et nous avons hâte de le dire, quoique
venant à cause de notre périodicité, après
les autres, cette œuvre est pleine de poésie
sous le double caractère de la pensée et de
l'exécution.

Comme on le pense bien, l'artiste a choisi
dans la vie des frères van Eyck le moment
suprême qui a ouvert à l'art ces horizons
infinis toujours s'élargissant à mesure que
l'humanité marche et progresse. Jean vient de
découvrir ou de retrouver (nous tenons peu
à cette différence, car les découvertes ne sont
presque toutes que l'application nouvelle
d'anciens procédés) la peinture à l'huile. Sa
main gauche tient, posé sur un fourneau de
chimiste, le panneau sur lequel il vient de
faire un essai de cette peinture. Sa main
droite est posée sur l'épaule d'Hubert qui
considère avec une profonde émotion ce mer-
veilleux produit des méditations de son
frère et ('lève bien-aimé.

Telle est la donnée. Elle est simple et d'une
solennelle gravité. Or, l'artiste est justement
arrivé à produire cet effet complexe. Ses deux
personnages sont disposés très naturellement,
aucun ne pose. C'est une scène de famille,
plutôt grande par h; sens qu'elle comporte,
que par les ressources plus ou moins théâtra-
lement ollicielles que la statuaire doit souvent
employer. Jean, moins âgé que Hubert de
vingt ans environ, a une allure énergique
qui contrasle finement avec la personne plus
mûre d'Hubert auquel les vêtements étoffés
donnent une importance heureusement com-
binée. L'aspect général de la masse offre
une ligue excessivement harmonieuse sans
manquer de cette accentuation gothique que
réclame le costume, accentuation comprise
par M. Wiener avec un tact de véritable ar-
tiste.

Quant aux détails il faut spécialement s'ar-
rêter aux physionomies expressives des deux
peintres flamands. Là est la poésie de l'action,
là est le sentiment. M. Wiener a tiré un su-
perbe parti des deux oppositions qui établis-
sent un lien moral entre les deux frères,
die/. Jean la conviction du fait et le bonheur
de l'expansion , chez Hubert cette expression
grave, profonde et un peu comprimée pei-
gnant l'émotion d'une âme qui voit soudain
un nouveau soleil briller dans le monde de
l'art ; cette scène, la plus importante de l'his-
toire de l'art, est supérieurement jouée. Hon-
neur à celui qui en a créé les acteurs et qui,
sur un peu d'argile, a jeté tant de lumière et
tant de vie.

Ce groupe de deux personnes est jusqu'à
pi'ésent le premier qui sera élevé en Belgique
(î). Et par qui? par la petite commune de
Maeseyck qui s'est imposé des sacrifices con-
sidérables pour en arriver là. Nous espérons
qu'un exemplaire en plâtre de ce monument
figurera à Bruxelles au musée, car il faut
bien se l'avouer, peu de personnes se ren-
dront dans le village écarté qui vit naître les
illustres peintres. L'œuvre si parfaitement
raisonnée et si sagement conçue de M. Wie-

i ner serait donc à peu-près perdue, si elle

I devait se réduire à orner la place communale

I de Maesyck.

Nous ne terminerons point sans faire remar-

i quer qu'il ne faut pas s'étonner si un graveur
en médailles est en même temps sculpteur,
statuaire ou modeleur. L'artiste médailleur j
doit essentiellement se livrer à toutes les étu-

j des qui rendent apte à la sculpture monu-
mentale. Son art est simplement le bas-relief
réduit à de petites proportions; or, on sait
(pie dans la sculpture, le bas-relief est la su-
prême difficulté et l'on peut dire que c'est la
haute école de la statuaire. Toute la question
pour en arriver où M. Léopold Wiener est
parvenu est d'avoir du talent.

An. S.

UN TRAIT D'ADOLPHE DILLENS.

Quelques journaux ont raconté le trait
charmant d'un de nos meilleurs artistes, M.
Ad. Dillens; à notre tour nous voulons enre-
gistrer le fait, car il nous semble qu'on ne
saurait rendre assez publiques les actions
généreuses qui relèvent et ennoblissent l'hu-
manité, à une époque où tant de défaillances
morales attristent les cœurs sérieux.

Il y a bientôt un an, un pauvre ouvrier des
environs de Bruxelles, nommé Maerschalck
était tué raide par la chute d'une pierre de
taille; comme il arrive presque toujours, il
laissait une veuve et cinq enfants qui ne vi-
vaient que du travail de leur père; la misère j
allait donc arriver avec son lugubre cortège
de maux qui tuent à la l'ois lame et le corps.
M. Ad. Dillens apprend l'affreuse situation de
la pauvre famille; vite il laisse là ses tableaux
commandés, officiels, ceux qui doivent ser-
vir, non- seulement à sa réputation d'artiste,
mais à assurer son existence d'homme, et,
j plein d'inspiration et de dévouement, il achè-

(() M. L. Ilymans a fait remarquer, à ce propos, dans
l'Etoile Belge Au <i\ Avril courant, que la Belgique ne
possède aucun groupif monumental. 11 cilc M. Ch. Van
Oemberg comme ayant essayé, non sans succès, de
représenter Ambiorix cl Indutiomar.

ve un tableau charmant à l'intention de la pau-
vre veuve. On organise une tombola; le billet
est taxé à un franc; les souscripteurs abondent
et auraient abondé davantage si la chose eut
été plus connue, car, outre la bonne action
à faire, qui n'est désireux de posséder une
toile de ce gracieux peintre? Treize cent
soixante billets sont placés et l'aisance rentre
dans le pauvre ménage. Si la douleur reste
aucœurde la veuve, l'inquiétude n'existe plus
dans celui de la mère; les petits n'auront pas
faim, et il ne faudra pas les voir couverts de
haillons. Le tirage a eu lieu en présence de
M. Hap, bourgmestre d'Ixelles, et le n°561
a été le favorisé du sort.

Lorsque l'art et le talent servent de pareil-
les causes, ils trahissent vraiment leur im-
mortelle origine; nous n'avons point été
étonnés d'ailleurs : notre ancien camarade
et ami nous a laissé d'excellents souvenirs,
et tous ceux qui le connaissent l'apprécient
trop bien pour qu'une action de cœur de sa
part ait rien qui doive surprendre.

BIBLIOGRAPHIE.

iô. — Annuaire des Beaux-Arts par E. Fillonneau.
(1801-62). 1 val. tn-21 Paris. Jules Turdieu.

43. — M. E. Fillonneau a eu une bonne
idée en nous donnant un Annuaire des Beaux-
Arts pratique. Toutefois, il y reconnaîtra
des lacunes s'il veut bien comparer son œu-
vre à celle de Guyot de Fêre, qui sera tou-
jours, pour ces sortes d'ouvrages, le meilleur
et le plus sûr guide à suivre. M. Fillonneau
fait un chose nouvelle et utile en donnant les
principales ventes de l'année, mais pourquoi
se borner à celles qui ont eu lieu à Paris?
Quelques données sur les ventes colossales
qui ont eu lieu à Londres et dont le Journal
des Beaux-Arts a maintes fois publié les ré-
sultats, n'eussent pas été déplacées dans un
livre qui doit être avant tout utile à tous. La
liste des tableaux achetés aux expositions et
l'indication des travaux exécutés dans les
monuments publics, sont encore d'excellen-
tes innovations. Nous faisons des vœux pour
que ce petit Manuel vienne tous les ans en
aide à la mémoire et aux besoins de tout ce
qui touche au domaine des arts ; nous faisons
aussi des vœux pour que M. Fillonneau élar-
gisse un peu son cadre afin qu'il lui soit per-
mis de donner à l'Architecture et à la Musi-
que les places légitimes qui leur font complè-
tement défaut dans son Annuaire. Nous avons
enfin à donner à M. Fillonneau le conseil de
ne plus insérer dans son livre des apprécia-
tions ou des jugements qui appartiennent à la
critique et non au caractère exclusivement
 
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