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10 —

leur langue, le sentiment patriotique dont
on est pénétré trouve un écho dans tout
cœur allemand. N'oublions cependant pas
l’état réel des choses. H n’est plus possible
de chasser des frontières du pays la littéra-
ture française qui s’v est acclimatée et y a
trouvé depuis mille ans une seconde patrie.
Seulement nous devons désirer que quoique
française de forme, elle se développe par
les sentiments et par l’esprit d’une maniè-
re aussi originale, aussi vraiment belge
que dans ce livre qui éveille en nous ces
considérations. Cette littérature beige-fran-
çaise n’est pas ennemie de la nature alle-
mande. On pourrait même dire que son
instinct la porte à s’y rattacher étroite-
ment. Nous connaissons fort peu de livres
écrits par des allemands en langue alle-
mande où le souffle de la sympathie la plus
délicate et la plus chaleureuse pour tout ce
qui est allemand, pour l’individualité de
l’âme du peuple allemand, pour ses créa-
tions originelles en prose comme en \ers,
nous ait ému aussi agréablement et aussi
pleinement que dans ce livre écrit en fran-
çais, en un français de la plus parfaite élé-
gance.

Après cela est il besoin d’ajouter que
l’historien belge de notre poésie a profité
avec intelligence et une connaissance appro-
fondie, de toutes les ressources que la nou-
velle philologie allemande, l’archéologie
et l’histoire de la nature intellectuelle de
l’Allemagne fournissent en abondance.
Tout français d’ailleurs, tout français d’une
éducation scientifique vraiment complète,
qui consacre son activité à la littérature, à
la langue, à l’histoire, à celle de sa patrie
comme à celle de l’Europe en général, doit
être aujourd’hui aussi versé dans la science
allemande que dans la sienne propre.
Louer M. Loise sous ce rapport, c’est lui
reconnaître les qualités sans lesquelles au-
cun ouvrage ne peut être à la hauteur de
la science dans le domaine de la littérature
européenne. Mais il y a une différence dans
le degré et dans l’appropriation intérieure.
A ce titre, il nous semble que le livre du
savant écrivain belge doit occuper une
place éminente, au dessus de tous les au-
tres qui ont traité la même matière.

Heinrich Rückert.

(Blàtler für lüerarisclie Unlerhaltung.l\:o$i.)

Iconographie.

LES EAUX-FORTES DE M. GEETS.

M. Wiilem Geets, directeur de l’académie
de Malines, vient d’illustrer de treize eaux-
fortes un recueil de contes, écrits en fla-
mand, par un jeune homme que la mort
nous a ravi récemment à la fleur de l’âge
et au milieu des plus belles espérances.
Ce jeune auteur qui signait Tony et qui
s’appelait Antoine Bèrgmanu, était né à
Lierre. Ou lui doit plusieurs écrits humo-
ristiques et le volume que nous avons actu-
ellement sous les yeux: Ernest Staas, ad-
vecaat. Schetscn en beelden, door Tony, met
sterkwaterplalen door Willem Geets. B.Gent.
By Ad; lloste, uilgever. Drultlierij van C.
A nueot-Braeckman.

Il est très-regrettable que le tirage des
eaux-fortes de M. Geets se soit fait avec
une si complète mésentente des effets de
l’art charmant employé par l’auteur. Le
tirage d’une eau-forte est plus important
que la gravure elle-même. Tant que celle-ci
n’est que sur le cuivre, c’est à dire tant
qu’elle dort, peut-on dire, qu’importe son
existence ; mais, du moment qu’elle se ré-
veille et se montre,il faut que lemouvement
propulseur qui la révèle à la foule soit un
mouvement réfléchi et combiné. C’est ce
mouvement,c’est à dire,l’impression,qui fait
la lumière. Or, il faut que celle-ci soit bien
faite; la flamme doit être intense, la lu-
mière doit être pure. On peut dire que dans
une eau-forte imprimée, il y a eu deux mo-
teurs génériques : la pensée qui crée et
l’action qui vivifie. Dans les gravures deM.
Geets, la pensée est, l’action manque; en
un mot c’est mal imprimé.

Ceci dit, constatons chez M. Geets une
personnalité, et même quelque chose de
plus, une originalité. De ses treize eaux-
fortes, onze sont flamandes, les autres sont
d’inspiration germanique. Onz’Mie serait une
des bonnes et des plus colorées si le tirage
avait été compris. Les tailles sorti variées
et rendent ce que l’auteur veut rendre ;
point intéressant dont se préoccupent fort
peu la plupart de nos aquafortistes qui ne
visent qu’à des effets outrés. Liéve Bertha
serait une jolie planche sans des erreurs
de perspective des plus choquantes. Dans
la scène d’écoliers, nous rencontrons de
l’expression,du sentiment et de la couleur,
mais parfois un dessin plus exagéré qu’in-
correct. Ernest Claas devant le cure offre
de bons passages, surtout dans les têtes :
l’eau-forte a mal mordu et le tirage a fait
comme l’eau-forte. Arme Willem : bonne
étude de vieille dame. Willem mort est une
planche qu’on dirait inachevée. Celle qui
sert d’eniêle aux Sludenlen leven est
amusante par sa composition d’allure alle-
mande, mais, comme toutes les autres, elle
est maladroitement tirée.:)/. Van Ballet n’est
pas plus heureuse sous ce rapport.La plan-
che des Drie herrinneringen offre plusieurs
types très réussis. C’est un groupement
bien entendu et dessiné d'un crayon rapide
et nerveux. Le litre des Drie indrukken est
original. Mie Goeblged est une eau-forte
d’une superbe venue et qui suffirait, à elle-
seule, pour faire un très franc succès à M.
Geets. Le type de la vieille présidente des
Proprietaires amis est une trouvaille, son
costume est d’un réalisme achevé et sa
pose vaut tout un poème. En effet, le dé-
couragement, la fierté, l’importance du
modelé tout s’y reflète non moins que la
confiance que cette première cliente dé l’a-
vocat Staas a dans son droit méconnu. Les
pièces de procédure qui sortent de sa poche,
le parapluie monumental qu’elle pose de-
vant elle, ne sont point des objets de na-
ture morte, l’auteur leur a donné une élo-
quence vitale toute particulière;ilssemblent
participer au drame, oui, au drame, car le
visagede MieGoebloed indique suffisamment
qu’un grand orage agite actuellement son

existence. Il faut féliciter l’auteur de cette
création fort bien dessinée et non moins
bien gravée. La dernière gravure, .htff'rouiv
Plus en vromv Stuyclc a aussi sa valeur ; elle
pourrait servir de pendant à la précédente,
n’était un griffonnement monotone dans
les noirs.

Espérons que le public encouragera ce
genre d’illustrations plus conformes à l’es-
prit et aux moyens de nos artistes que les
gravures sur bois d’un travail plus compli-
qué, dénaturant la pensée du maître et
d’une réalisation trop coûteuse pour nos
éditeurs.Il faut féliciter ceux d’entre ces der-
niers qui comprennent l’avenir renfermé
là : ils font preuve de confiance, dégoût
et d’intelligence. S.

L’ORNEMENT POLYCHROME

PUBLIÉ PAR LA MAISON FIRMIN DIDOT. (l)

Les magnificences typographiques sont à
l’ordre du jour depuis un certain nombre
d’années. Ge développement considérable
de l’art de Guttemberg a pour cause pre-
mière l’épanouissement inattendu de tous
les arts de reproduction, épanouissement
dont le germe se trouve dans la découverte
de Daguerre. C’est là, en effet, le point de
départ de ce prodigieux amas d’illustra-
tions en tous genres dont le domaine litté-
raire et industriel est littéralement couvert.
Daguerréotypie, photographie, chromoli-
thographie, héliographie, toutes filles de
ia même combjnaison.se divisent et se sub-
divisent en un Domine considérable d’appli-
cations auxquelles de nouvelles déco iver-
tes viennent chaque jour donner de l’ex-
tension et de l'importance. Le goût des
représentations graphiques s’est répandu
rapidement dans toutes les classes de la
société et les industries de tout genre se
sont merveilleusement aidées de ces puis-
sants moyens d’étude et de perfeciionix-
ment. Comme conséquences de cet en-
train qui a donné à notre société intellec-
tuelle une physionomie nouvelle et spécia-
le,on a vu l’imprimerie obligée d’améliorer
son outillage et ses caractères ; ceux-ci sur-
tout se sont retrempés dans les formes an-
ciennes, revues, corrigées et appropriées
aux exigences du goût ; le papier comme
pâte, couleur et apprêt, a subi dans ses
diverses triturations, des améliorations
imprévues, et il u’esi pas jusqu’à l’encreelle-
rriême qui n’ait eu son progrès. On Je voit,
il y a là un magnifique ensemble de con-
quêtes dont l’origine, nous le répétons avec
conviction, repose, selon nous, dans la
i merveilleuse invention qui porte le nom d#
Daguerre.

Parmi les magnificences de la typographie
française, nous avons à en signaler une qui
n’est ni la moins remarquable ni surtout
la moins utile. Nous voulons parler de l'0>'~
nemtnl polychrome que la maison Didot
vient d’achever et qui a apparu comme un
rayon d’or sur le monde auquel il est des-
tiné.

Le livre est un grand in-4° composé : 1°

(i) Voir aux annonces.
 
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