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https://doi.org/10.11588/diglit.18911#0195
N° 24.
31 Décembre 1874.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE E A LITTERATURE
paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de l’Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l’Institut des provinces de France, de la Société française d’Archéologie, etc.
ON S’ABONNE : à Anvers, chez TESSABO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à üand, chez HOSTEet chez ROGGHÉ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
LAllemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : V° RENOUAED, Paris. Pour
la Hollande : MAETINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX RUABONjNEMEINrT :
pour toute la Belgique {port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-
terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix le port en sus —
PRIX PAR NUMERO : 50 c. - RECRAÏYrioS : 50 e. Aligne. - Pour'les
grandes annonces on traite à forfait. —AUSTIST OUST ORS : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l’Administration ou les annonces s’adresser à l’Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. _ Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
SOMMAIRE : Belgique ; Initiative royale. Le prix
annuel de 25,000 francs. — Gustave Wappers.
— Italie : Exposition historique de Milan. —
Chronique générale. —Nécrologie. -—■ Périodiques
illustrés. — Annonces.
Belgique.
INITIATIVE ROYALE.
Un fait nouveau et considérable vient de se
produire dans la vie littéraire de la nation
belge : notre roi, Sa Majesté Léopold II, a
institué, sur sa cassette particulière, un prix
annuel (î) de 25000 francs pour toute la
durée de son règne, afin d’aider au dévelop-
pement des travaux intellectuels de la Bel-
gique. Comme on le verra par les pièces
ci-jointes, le prix sera attribué à tour de rôle,
tous les quatre ans, à des ouvrages qui au-
ront pour objet l’histoire, les arts, etc.
La noble et généreuse initiative prise par
le roi, constitue un acte d’une portée très
grande pour la Belgique. Elle démontre
d’une part le haut prix que Léopold II at-
tache au développement de nos forces intel-
lectuelles.; d’autre part elle ouvre aux médi-
tations et aux efforts d’une partie de la nation
des horizons nouveaux.
Ce qui nous réconforte le plus dans celte
mesure, c’est de voir la confiance que notre
souverain place dans le résultat entrevu. Eu
Belgique, toutes les aptitudes avaient jus-
qu’ici trouvé à se satisfaire et à se produire
dans des limites presque toujours suffisam-
ment rémunératrices. Une seule ombre exis-
tait au tableau : les travaux de l’intelligence,
quoique appréciés, n’avaient pas encore
reçu la place légitime qui leur revenait dans
l’ensemble des oeuvres humaines et sociales
et se tenaient timidement hors du bruit et
du succès. Aujourd’hui,grâce à la perspicace
sollicitude de Sa Majesté, cette inégalité dis-
paraît.
Il faut le dire bien haut. Le roi a compris
que c’est du trône que devaient tomber des
encouragements de cette nature. Sa Majesté
montre par là au public, qui n’y songe pas
assez, que les travaux intellectuels sont
aussi des rouages aidant vigoureusement
à l’épanouissement régulier des/orces vives
de la patrie»
(1) Soit l’immobilisation d’un capital de 600,000
francs.
Si le chef de la nation y porte un intérêt
si éclatant, c’est qu’il y a là une chose digne
de respect, qui doit être comprise et qui
demande à être aidée. Sous ce rapport, entre
autres, l’acte posé aura chez nous un reten-
tissement intérieur d’une éternelle portée. Il
est peut-être la réponse la plus péremptoire
à donner à ceux qui demandent les moyens
de fonder une littérature nationale.
Il n’y aura jamais assez de reconnaissance
au fond de nos cœurs pour saluer et bénir
cet événement national qui assure au règne
de Léopold II une de ces popularités impé-
rissables comme la postérité sait en faire aux
rois qui ont intelligemment aimé leurs
peuples.
Voici la lettre de Sa Majesté à M. le
Ministre de l’Intérieur :
« Mon cher ministre,
« Désirant contribuer, autant qu’il
» est en moi, au développement des
» travaux intellectuels en Belgique,
» j’ai l’intention d’instituer, pour la
» durée de mon règne, un prix annuel
« de 25,ooo francs, destiné à encou-
» rager les œuvres de l’intelligence.
^ Cette fondation, dans ma pensée,
« doit avoir un double caractère. Elle
» a pour but, d’abord, de stimuler
« les travaux intellectuels dans notre
» pays ; en second lieu, elle doit ap-
» peler l’attention de l’étranger sur
» des questions d’intérêt belge etasso-
» cier la Belgique aux progrès que les
» sciences, les lettres et les arts accom-
» plissent au dehors.
« En conséquence, le prix que j’in-
» stitue sera décerné aux conditions
« et d’après le mode suivant :
» Pendant trois années consécu-
« tives, il sera accordé au meilleur
» ouvrage publié en Belgique, par un
» Belge, sur des matières qui seront
« désignées d’avance et de telle sorte
» que le concours n’ait lieu que cinq
« ans après cette désignation. La qua-
» trième année, les étrangers seront
” admis au concours et le prix sera
« offert au meilleur ouvrage publié
» soit par un Belge, soit par un étran-
” ger, sur un sujet d’intérêt belge,
» également déterminé d’avance. De
» cette manière, tous les quatre ans,
» il sera fait appel aux progrès et aux
» lumières de l’étranger au profit de
» la Belgique. La cinquième, la
» sixième et la septième année, le prix
» sera de nouveau mis au concours
« exclusivement belge ; la huitième
« année, les étrangers seront admis,
« et ainsi de suite pour chaque pé-
» riode de quatre ans.
» Un jury de sept membres sera
» désigné par le minstre de l’intérieur,
» de concert avec moi, pour juger les
« ouvrages présentés.
» La matière du concours devant
« changer chaque année, le jury sera
« modifié tous les ans.
» L’année où les étrangers concour-
» ront, le jury sera composé de trois
» membres belges et de quatre mem-
« bres étrangers, de nationalités diffé-
» rentes. Le président sera belge. Je
» me flatte de l’espoir qu’il se trou-
» vera dans les pays amis des savants
» qui ne me refuseront pas de venir
« s’asseoir à la table du jury de
« Bruxelles.
» Ne voulant pas ajourner à cinq
» ans l’exécution de mes intentions,
« je désire que, par disposition tran-
55 sitoire, la première remise du prix
55 ait lieu pendant les fêtes de sep-
55 tembre de l’année 1878. Pour les
55 quatre premières années, le prix
55 sera décerné : en 1878 (concours
55 exclusivement belge), au meilleur
55 ouvrage sur l’histoire nationale ; en
55 1879 (concours exclusivement belge),
55 au meilleur ouvrage d’architecture ;
31 Décembre 1874.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE E A LITTERATURE
paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de l’Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l’Institut des provinces de France, de la Société française d’Archéologie, etc.
ON S’ABONNE : à Anvers, chez TESSABO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à üand, chez HOSTEet chez ROGGHÉ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
LAllemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : V° RENOUAED, Paris. Pour
la Hollande : MAETINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX RUABONjNEMEINrT :
pour toute la Belgique {port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-
terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix le port en sus —
PRIX PAR NUMERO : 50 c. - RECRAÏYrioS : 50 e. Aligne. - Pour'les
grandes annonces on traite à forfait. —AUSTIST OUST ORS : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l’Administration ou les annonces s’adresser à l’Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. _ Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
SOMMAIRE : Belgique ; Initiative royale. Le prix
annuel de 25,000 francs. — Gustave Wappers.
— Italie : Exposition historique de Milan. —
Chronique générale. —Nécrologie. -—■ Périodiques
illustrés. — Annonces.
Belgique.
INITIATIVE ROYALE.
Un fait nouveau et considérable vient de se
produire dans la vie littéraire de la nation
belge : notre roi, Sa Majesté Léopold II, a
institué, sur sa cassette particulière, un prix
annuel (î) de 25000 francs pour toute la
durée de son règne, afin d’aider au dévelop-
pement des travaux intellectuels de la Bel-
gique. Comme on le verra par les pièces
ci-jointes, le prix sera attribué à tour de rôle,
tous les quatre ans, à des ouvrages qui au-
ront pour objet l’histoire, les arts, etc.
La noble et généreuse initiative prise par
le roi, constitue un acte d’une portée très
grande pour la Belgique. Elle démontre
d’une part le haut prix que Léopold II at-
tache au développement de nos forces intel-
lectuelles.; d’autre part elle ouvre aux médi-
tations et aux efforts d’une partie de la nation
des horizons nouveaux.
Ce qui nous réconforte le plus dans celte
mesure, c’est de voir la confiance que notre
souverain place dans le résultat entrevu. Eu
Belgique, toutes les aptitudes avaient jus-
qu’ici trouvé à se satisfaire et à se produire
dans des limites presque toujours suffisam-
ment rémunératrices. Une seule ombre exis-
tait au tableau : les travaux de l’intelligence,
quoique appréciés, n’avaient pas encore
reçu la place légitime qui leur revenait dans
l’ensemble des oeuvres humaines et sociales
et se tenaient timidement hors du bruit et
du succès. Aujourd’hui,grâce à la perspicace
sollicitude de Sa Majesté, cette inégalité dis-
paraît.
Il faut le dire bien haut. Le roi a compris
que c’est du trône que devaient tomber des
encouragements de cette nature. Sa Majesté
montre par là au public, qui n’y songe pas
assez, que les travaux intellectuels sont
aussi des rouages aidant vigoureusement
à l’épanouissement régulier des/orces vives
de la patrie»
(1) Soit l’immobilisation d’un capital de 600,000
francs.
Si le chef de la nation y porte un intérêt
si éclatant, c’est qu’il y a là une chose digne
de respect, qui doit être comprise et qui
demande à être aidée. Sous ce rapport, entre
autres, l’acte posé aura chez nous un reten-
tissement intérieur d’une éternelle portée. Il
est peut-être la réponse la plus péremptoire
à donner à ceux qui demandent les moyens
de fonder une littérature nationale.
Il n’y aura jamais assez de reconnaissance
au fond de nos cœurs pour saluer et bénir
cet événement national qui assure au règne
de Léopold II une de ces popularités impé-
rissables comme la postérité sait en faire aux
rois qui ont intelligemment aimé leurs
peuples.
Voici la lettre de Sa Majesté à M. le
Ministre de l’Intérieur :
« Mon cher ministre,
« Désirant contribuer, autant qu’il
» est en moi, au développement des
» travaux intellectuels en Belgique,
» j’ai l’intention d’instituer, pour la
» durée de mon règne, un prix annuel
« de 25,ooo francs, destiné à encou-
» rager les œuvres de l’intelligence.
^ Cette fondation, dans ma pensée,
« doit avoir un double caractère. Elle
» a pour but, d’abord, de stimuler
« les travaux intellectuels dans notre
» pays ; en second lieu, elle doit ap-
» peler l’attention de l’étranger sur
» des questions d’intérêt belge etasso-
» cier la Belgique aux progrès que les
» sciences, les lettres et les arts accom-
» plissent au dehors.
« En conséquence, le prix que j’in-
» stitue sera décerné aux conditions
« et d’après le mode suivant :
» Pendant trois années consécu-
« tives, il sera accordé au meilleur
» ouvrage publié en Belgique, par un
» Belge, sur des matières qui seront
« désignées d’avance et de telle sorte
» que le concours n’ait lieu que cinq
« ans après cette désignation. La qua-
» trième année, les étrangers seront
” admis au concours et le prix sera
« offert au meilleur ouvrage publié
» soit par un Belge, soit par un étran-
” ger, sur un sujet d’intérêt belge,
» également déterminé d’avance. De
» cette manière, tous les quatre ans,
» il sera fait appel aux progrès et aux
» lumières de l’étranger au profit de
» la Belgique. La cinquième, la
» sixième et la septième année, le prix
» sera de nouveau mis au concours
« exclusivement belge ; la huitième
« année, les étrangers seront admis,
« et ainsi de suite pour chaque pé-
» riode de quatre ans.
» Un jury de sept membres sera
» désigné par le minstre de l’intérieur,
» de concert avec moi, pour juger les
« ouvrages présentés.
» La matière du concours devant
« changer chaque année, le jury sera
« modifié tous les ans.
» L’année où les étrangers concour-
» ront, le jury sera composé de trois
» membres belges et de quatre mem-
« bres étrangers, de nationalités diffé-
» rentes. Le président sera belge. Je
» me flatte de l’espoir qu’il se trou-
» vera dans les pays amis des savants
» qui ne me refuseront pas de venir
« s’asseoir à la table du jury de
« Bruxelles.
» Ne voulant pas ajourner à cinq
» ans l’exécution de mes intentions,
« je désire que, par disposition tran-
55 sitoire, la première remise du prix
55 ait lieu pendant les fêtes de sep-
55 tembre de l’année 1878. Pour les
55 quatre premières années, le prix
55 sera décerné : en 1878 (concours
55 exclusivement belge), au meilleur
55 ouvrage sur l’histoire nationale ; en
55 1879 (concours exclusivement belge),
55 au meilleur ouvrage d’architecture ;