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1 Novembre 1874,

Seizième année.

N° 20.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de F Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l’Institut des provinces de France, de la Société française d’Archéologie, etc.

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PRIX PAR NUMERO : 50 c. — RECLAMES : 50 c. la ligne. — Pour les
* grandes annonces on traite à forfait. — ÆlSnsrORClCS : 40 c. la ligne. — Pour tout ee qui
regarde l’Administration ou les annonces s’adresser à l’Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — n pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

ON" S’ACBOUSnSTE: : à Anvers, chez TESSARO, éditeur; Bruxelles, chez DECQ et
DURENT et chez MUQUARDT; à Gand, chez HOSTE et chez ItOGGHÉ ; à Liège, chez DE SOER
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
'Allemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : V* RENOUARD, Paris. Pour
Hollande : MARTINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX D’^BOINjIVEMIEÏVT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

SOMMA1RE ; Italie : Exposition historique de
Milan (deuxième article). Mobilier. — Belgique :
Le Salon de Gand. — Iconographie : L’œuvre de
Massaioff ; les Rembrandt de l’Ermitage.— Chro-
nique générale. — Périodiques illustrés. — An-
nonces.

Italie.

L’EXPOSITION HISTORIQUE
d’art industriel de milan.

II.

MOBILIER.

a. Mobilier en bois à incrustations d’ivoire. — b.

, Meubles sculptés et dorés. — c. Marqueterie (tarsie
di legno). — d. Bois sculpté (naturel). — e. Meu-
bles à moulures et ornements de métal. — F. Bois
assortis et mélangés. — G. Cadres.

La classe du mobilier avait eu pour Com-
missarii ordinatori, M. Emilio Dragoni et le
comte Gerolamo Oldofredi. Elle se subdivi-
sait en sept sections respectivement dési-
gnées par des lettres alphabétiques.

Dans la section a, le regard était tout
d’abord attiré par un groupe où foisonnaient
en pyramide des meubles d’ébène à incrus-
tations d’ivoire gravé et niellé, remontant
presque tous au xvne siècle. Près de là, un
cassetlone* (i) et un scrittojo* du même
temps, œuvres de Pefetti, empruntés à la
Casa Reale de Turin,faisaient l’admiration et
l’envie des connaisseurs. Ces chefs-d’œuvre
de noyer d’Inde rechampis «d’os royal»
étaient pourtant éclipsés par le grand Scrit-
tojo* d’ébène du même artiste, morceau hors
de pair,où les reflets ondés de la madreperla,
les diaprures jaspées de la tartamga, les
sgraffili niellés de pâtes de couleur sur
ivoire, harmonieusement fondus, semblent
moins incrustés par le travail patient de la
main humaine que spontanément produits
par l’ingéniosité créatrice des Gnomes de la
cabale.

La section b renferme une riche collection
de sièges en bois sculpté et doré garnis de
tapisseries de différentes espèces. On sait
que cette nouveauté dont on s’engoua vers
la fin du xvii0 siècle, valut l’octroi de privi-
lèges, apanage des anciens corps de métiers,
à toute une catégorie déclassée d’artistes in-
dustriels, les «Tapissiers en meubles. »

M. le comte Alessandro Durini a exposé
en ce genre des fauteuils garnis de tapisse-
ries de Beauvais, dont les sujets inspirés des
Fables de La Fontaine, semblent tissés
d’après des cartons d’Oudry. (i)

(i) Nous notons d’une astérisque tous les objets qui,
à l’époque de notre visite à Milan,faisaient déjà partie
de l’album photographique composé pour le comité
exécutif par G. Rossi, peintre et photographe.

Une pièce à remarquer est la Table de
Trumeau* (tavolo a muro) style de la pre-
mière moitié du xviii0 siècle, œuvre franche-
ment italienne envoyée par le marquis Lu-
dovico Trolti, l’heureux possesseur du
Lettuccio drapé de brocard émeraude, dont
les fines sculptures en bois doré ont toute la
netteté et tout le mordant des bronzes cise-
lés par Goutliière.

Notons, à courte distance, un fauteuil (se-
dia a braccioli) à «liault dosseret» rectangu-
laire du xvii0 siècle, garni de tapisserie à la
main sur canevas, digne de figurer dans la
Sala dello Scmtinio ou dans la Stanza dei tre
Capidel Consiglioau palais des Doges àVenise.

Signalons particulièrement un autre Tavolo
a muro*, blanc et or du xvne siècle, apparte-
nant au baron Sabino Leonino, dont la
tablette de laque est curieusement historiée
de figures.

A deux pas, véritable tire l’œil, émerge la
pittoresque et pimpante culla (berceau) d’un
comte délia Somaglia, de l’époque la plus
plantureuse du plus flamboyant barocco. Nous
professons peu de sympathie pour ce style,
nous nous inclinons néanmoins devant la
verve endiablée du ciseau qui a créé cette
couchette princière que nous aurions voulu
voir garnie de la coperta exposée par le che-
valier L. Fusier dans la classe des Trapunti.

La pièce capitale de cette section est un lit
du xviesiècle, étoffé de satin etvelours « bou-
ton d’or,» garni d'une courte-pointe à brode-
ries au «point de Paris» sur canevas et orne-
ments de'cordonnet. Dans la chambre fac-
tice qui lui sert d’encadrement, distinguons
encore, un fauteuil* du xvme siècle, appar-
tenant au comte Alessandro Sormani, garni
de satin blanc à bouquet de fleurs veloutées
polychromes. La monture est somptueuse,
la perfection du travail trahit le ciseau d’un
grand maître. A côté, un casettone en laque
de Venise du xvii0 siècle, or sur écarlate, et
un grand bahut (baule) ogival recouvert de
velours cramoisi et décoré de lames de métal
repoussé d’un caractère étrange.

Gardons-nous d’oublier, en quittant cette
section, le coffret à bijoux* (cofanetto) de
style rocaille, dont les parois sont de cristal
vénitien et la monture de bois doré, envoyé
parM. Lodovico Pogliaghi.

La section c s’enorgueillit à juste titre de
la possession de trente-cinq pièces de cet
ébéniste de génie qui surpassa Reissner de
tout le raffinement de son goût épuré, Mag-
giolino, incrustateur miraculeux qui savait
peindre avec des bois ombrés.

Les meubles travaillés par cet artiste se
rattachent à un petit nombre de types favo-
ris : Le cassetlone, (commode) ; Yarmadio,
(armoiregrande ou petite); le cantonale (en-
coignure) ; le tavolino da notte (lavabo) ; le
coperchio da tavola (plaque de table) et la cas-

ootfn

Bien qu’il ait fait école, (comme le prouvent
les deux cassettone de la comtesse Antonietta
Solo Busca, qui par le style de leurs orne-
ments appartiennent au commencement de
ce siècle) les pièces originales de la main de
Maggiolino se reconnaissent aisément à pre-
mière vue. Nous avons eu la bonne fortune
de découvrir sa signature sur le beau Casset-
tone* à plaque de marbre du comte Lucini
Passalaqua : givseppe maggiolmu. paiubigo.
1773. Pnrabigo est situé non loin de la loca-
lité bien connue de Magenta.

Dans le nombre considérable de ces meu-
bles d’art rassemblés au Salone, ç.itons en
particulier Yarmadio appartenant à S. A. R.
le prince de Piémont; le cassettone* du mar-
quis Domenico Serra; celui à médaillon
fondo turchino de Wedgwood de la Casa
Reale de Milan et les six autres pièces de la
même provenance.

La caméra, da letto de cette section, présente
un curieux spécimen de lit de parade du
xvie siècle, conservé dans le palais du comte
Ereole Oldofredi.

Le lit est drapé de damas rouge enrichi
d’ornements de nastro giallo (galon aurore).
La courte pointe et le chevet sont de füogello
avec appliques de galon jaune, aurore et
nacarat. Les teintes primitives, estompées
des glacis du temps, sont arrivées à une
harmonie de nuances d’une délicatesse in-
comparable.

Notons au pied levé un stipo (secrétaire)
en bois de santal, travail tudesque du xvi°
siècle d’une grande originalité de parti pris
ornemental, tiré de la collection de M. Anni-
bal Conti et deux genuflessori (prie-Dieu) du
célèbre Fantoni appartenant à la comtesse
Teresa Zanchi.

Près du lit cité plus haut, se remarquent
plusieurs bracieri pédiculés de fer et de
laiton, travail vénitien du xvie et du xvne
siècle, si recherchés de tout temps pour la
suprême élégance de leurs formes, mais
déplorable mode de chauffage quand souffle
la bise des Apennins.

Parmi les pièces signées : un stipo en bois
de noyer du xviii0 siècle,de Moschini de Cré-
mone,appartenant à la signora Laura Scacca-
barozzi, et un admirable cadre lambrequiné
d’or et de sinople, œuvre du fameux Fantoni
di Bergamo, il vecchio, conservé par l’un de
ses descendants, M. Luigi Fantoni.

N’oublions pas de citer, parmi les objets
classés hors de section, un cassettone enrichi
de peintures érotiques d’Angelica Kauffmann;
un scrittojo, travail de Sorrente, exposé par
S. A. R. le prince de Piémont; un stipo*
d’ivoire massif avec incrustations de lapis-
lazzuli et ornements de bronze doré, style
du xviie siècle, l’un des plus riches et des
plus beaux meubles de l’exposition, tiré du
 
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