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15 Avril 1874.

Seizième Année.

N° 7.

JOURNAL DESBEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant dm fois par mais, sons la direction de M. Ad. SIR ET, memlire de l'Académie royale de Belgique, memlire correspondant de la Commission royale des monnmenls, memlire de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Arcliéologie, de l'Académie de Reims, de l'Académie d'ArcIiéologie de Madrid, etc.

nrrT^r>sa,>ont*e s îl Anvers, chez TEfiSARO, éditeur; à Bruxelles, chez DECO et DURENT et chez
«UQUARDT; à Gond,chez HOSTE et chez ROGGHÉ; à Liège, chez DE SOER et chez DECO ; dnns les
tu très* villes, chez tous les libraires. Pour l’Allemagne, la"- Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La
j1 rance : V« RENOtJARD. Paris. Pour la Hollande'. MARTINUS NYHOFF, à la Haye. Polir l’Angleterre et
Irlande : chez POTTER’SNewspaper Office, 53, Picçadilly. à Londres. — Prix d’abonnement : pour
oute la Belgique, (port compris). Par an, 9 lr. — Étranger,'(port compris) : Allemagne, Angleterre,

France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix mais le port en sus.— Prix,
par numéro 50 c.j — Réclames : 50 c. la ligne. — Pour les grandes annonces on .traite à
forfait. — Annonces : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’administration ou les
annonces s’adresser à M. le Directeur du .Journal des Beaux-Arts, rue du Casino,à St-Nieolas.
— U pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Bklgique. Concours de Gravure.
— Collection Coûteaux. — Le goût des arts en
Hollande. — Le discours de M. Bamps. —
Tableaux -hollandais. — Angleterre : Musée
de South-Kensington. (Suite) •— Exposition de
Beaux-Arts par des dames. — Tableau de M.
et Mmn Melville. - Programme de Syden-
ham. — Chronique générale. — Annonces.

Belgique.

CONCOURS DE GRAVURE A L’EAU-FORTE

OUVERT PAR

le Journal des Beaux-Arts pour 1874.

Le délai fatal du Concours est le 30 Avril cou-
rant (voir le programme inséré dans les Nos I et
2 de la présente année.)

COLLECTION COUTEAUX.

Tandis qu’à Paris et en Hollande se dis-
persent avec une continuité extraordinaire
qui peut s’apprécier de diverses façons,
les collections de toute espèce, voici qu’à
Bruxelles se produisent des circonstances
semblables et, qui sont de nature à soulever
une vive curiosité et de grandes convoi-
tises. On se rappelle qu’en 1865 un de nos
plus célèbres collectionneurs, M. Gustave
Coûteaux, vendit ses tableaux, se doutant
peut-être bien un peu de l’exactitude du
proverbe : qui a bu boira. En effet, le bruit
des enchères était à peine éteint que,
dans sa galerie, venaient se ranger comme
d’elles-mêmes des œuvres de premier
choix ; au bout d’un certain temps, la
collection Couteaux s’était reformée avec
un nouvel entrain et déjà une centaine de
tableaux environ la constituait, quand la
mort vint saisir, au milieu de ses jouissan-
ces artistiques, ie propriétaire incorrigible
dans son éclectisme et dans ses goûts.

Les journaux annoncent en ce moment
la vente de celle nouvelle collection, pour
le JT de ce mois, et il est bien à craindre
Mae nous ne voyions partir du pays ce
magnifique tableau de Levs qui passe pour
son chef-d’œuvre : Le Bourgmestre d’An-
vers, Lanslool van Ursel, haranguant les mi-
lices bourgeoises. On sait que cette œuvre
'Magistrale a été reproduite à fresque dans
‘a grand’ salle de l’Hôtel de Ville d’Anvers.
Le tableau de la collection Coûteaux est
s"r toile et mesure près de 5 m. en largeur
sur près de deux mètres de haut ! Comme
c’est là une œuvre devenue historique,nous
croyons bien faire en reproduisant ici
L description que nous en rencontrons

dans l’excellent catalogue rédigé par M.
Etienne Le Roy.

Splendide composition animée par de nom-
breux personnages, aux types variés et caracté-
risés avec une grande habileté.

Lancelot van Ursel, bourgmestre d’Anvers,
vient d’assembler sur la grande place de l’Hôtel
de Ville, les diverses milices bourgeoises qui
vont concourir à la défense de la cité sous le
commandement de l’échevin van Spangen ; par-
mi elles se distiguent le vieux et le jeune serment
de l’arbalète, sous le patronage de Saint-Georges ;
le vieux et le jeune serment de l’arc,sous le patro-
nage de Saint-Sébastien ; celui des Escrimeurs,
sous le patronage de Saint Michel et celui des
Arquebusiers, sous le patronage de Saint-An-
toine.

A gauche, se présente le perron de l’Hôtel de
Ville, au bas duquel se tiennent Lancelot Van
Ursel et ses éehevins ;d evant eux est le capitaine
van Spangen, suivi du page qui porte son bou-
clier et son casque à panache bleu et jaune ;
vient ensuite le porte-étendard avec le gonfalon
aux armes d’Autriche.

Le bourgmestre harangue les milices bour-
geoises, et,leur montrant J’étendard, il les exhor-
te à défendre jusqu’à la mort la ville d’Anvers
contre les tentatives de Martin van Rossum.

Les milices dont les visages expriment la ré-
solution, font serment de défendre et de sauver
la ville.

On doit admirer cette multitude de personna-
ges, que l’on peut distinguer jusque dans les
parties les plus compactes de la foule.

La lumière, habilement distribuée, fait ressor-
tir avec une perfection admirable la variété des
costumes, des attitudes,et, en quelque sorte, des
sentiments qui animent chaque acteur de cette
scène magistrale, qui peut être considérée com-
me l’œuvre la plus grandiose sortie de l’habile
pinceau du célèbre artiste dont s’enorgueillit la
Belgique.

Elle est reproduite en Fresque et de grandeur
naturelle à l’Hôtel de ville d’Anvers.

Tout le monde a pu apprécier la grande
et mélancolique tournure de cette page si
personnelle et qui semble être comme la
dernière et la plus complète incarnation de
l’âme de l’artiste aujourd’hui disparu. Les
brillantes qualités de coloris, la profon-
deur de sentiment qui caractérise chacun
des personnages mis en action, les mérites
divers et si fortement accentués de l’exé-
cution, ont bien vite fait oublier quelques
exagérations de dessin et de perspective
qui sont, du reste, assez familières à Levs
mais dont on n’a guères le courage de lui
garder rancune. Les mêmes impressions
dominent le spectateur en présence de cette
série de quatre portraits de personnages
de la maison de Bourgogne : Antoine, Phi-
lippe-le-Bon, Marie et philippe-le-Beau. La
couleur morale de l’époque dont ces per-
sonnages sont pour nous le ressouvenir, est
là tout entière, dans sa rigidité féodale et

cette espèce de fatalisme politique dont nos
populations subirent les conséquences. Ces
quatre grandes physionomies historiques,
impassibles, posant devant nous comme
devant des juges, avec leurs regards longs
et pensifs, leurs visages anguleux, leurs,
doigts amaigris et effilés, leurs costumes
des grands jours, leurs bijoux, leurs digni-
tés, tout cela a un cachet de majesté som-
bre et presque cruelle. Il va sans dire que
ces œuvres qui ont pour elles tout, ce qui
peut contribuer à les rendre précieuses,
vont devenir la proie de quelque riche
étranger qui en jouira seul. Nous n’avons
guères l’espoir de leur voir occuper dans
un de nos musées la place dont ils sont
dignes.

Le Vendredi Saint, peint par Leys en
1869, deux ans avant sa mort, porte à six
le nombre de tableaux d’une importance
extrême, qui jettent sur la collection Coû-
teaux un éclat exceptionnel. Le Vendredi
Saint qui compte une vingtaine de person-
nages, est d'une très grande puissance de
coloris et d’une originalité que nous n’a-
vons pas besoin de relever. L’ensemble
est calme,triste et profond comme le sujet.

Chose curieuse et bien faite pour inté-
resser les amis des arts, le premier maître
du maître,Ferdinand de Braekeleer, est là,
près de son élève, avec onze tableaux petits
et grands : le jeu de l'œuf ; la distribution
des prix ; les amoureux ; le blessure ; la béné-
dicité ; la famille du pécheur ; surdité et
myopie ; les huilres ; F amour, le vin et le
tabac ; le chat puni et l’écrivain public. A y
regarder de pies, on comprend que Levs
ait trouvé chez de Braekeleer le secret de
cette lumière qu’on retrouve dans les
trois manières bien caractérisées du pre-
mier (i). Les tableaux de de Braekeleer
ont tous leur marque d’origine, un air de
famille indéniable, des types, monotones
dans leur ensemble, mais très naturels,
très justes, vus en particulier. L’air et
la lumière circulent partout avec une abon-
dance et une intensité remarquables ;
les perspectives aériennes surtout y sont
d’une exactitude d’impression dont M. de
Braekeleer a arraché le secret aux plus fins
petits maîtres hollandais. Henri deBraeke-
leer, fils ou neveu de Ferdinand, a le pin-
ceau plus lourd mais plus hardi et plus

C). Ne pourrait-on pas intituler ces trois ma-
nières de la façon suivante : 1° Aubergistes et
buveurs. 3° Ateliers et fêtes. 3° Catholiques et
protestants ?
 
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