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Avril 1874. Seizième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

BT DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sons la direction de M. Ad. SIBET, memlirç de l'Académie royale de Beloique, memlire correspondant de la Commission royale des monuments, memlre de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, de l'Académie de Reims, de l'Académie d'Archéologie de Madrid, etc.

Snon7SSS"ne : “Anvers, ('.lies TKSSARO. éditeur: à Bwnelles, chez
•tutilf “,Gnn‘i>ehl'I HP?TK et chez ROGGPÉ; ft Liège, chez DES

z DECQ et DÜHF.NT et chez
SOER et chez DECQ ; dans les

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par numéro 50 c. ■— ltéclames : 50 c.. la ligne.' — Pour les grandes annonces on traite à
forfait. — Annonces. ! 40 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’administration ou les
annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des- Beaux-Arts, rue du Casino.à St-Nicolas.
_ Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : La chemi aée du Franc
de Bruges. — France : Iconographie : Les
Noces d-u Roi de Navarre ; Le Vœu de Louis
XIII. — Angleterre : Corresp. particulière.
•Société des daines artistes de Londres : Expo-
sition.— Ventes d’autographes.— Les Expo-
sitions. — Autriche : Vienne. — Chronique
générale. — Annonces.

i --—,

Belgique.

La cheminée du franc de Bruges.

Le 24 Février 1524, Charles de Lannoy,
chevalier brabançon, recevait l’épée de
François Jcr vaincu à Pavîe par les milices
du jeune Charles-Quint.

Un pareil événement, qui donnait d’ail-
leurs la paix à l’Europe,, eu l le plus grand re-
tentissement aux Pays-Bas et y fut accueilli
par des réjouissances universelles. Les
magistrats de Bruges, qui avaient contribué
au succès de l’empereur en lui fournissant
des hommes, de l’argent, et, d’après les
Grandes Chroniques de Le Petit,Greffier de
Rethune, quelques navires de guerre,, vou-
lut ent conserver le souvenir de cet événe-
ment par un trophée dans la salle même où,
d’après le Jaerboekenvan den landeri van den
Vryen, ils avaient opposé le grand scel à
l’acte d’acquiescement au traité de Cambrav.
C’est à cette patriotique résolution que
nous devons l’immortel chef-d’œuvre qui or-
ne encore aujourd’hui la salle d’assemblée
des anciens magistrats du Brug&che Vrij.

L’architecte Rudd, auquel nous sommes
redevables des dessins les plus sérieux et
les plus géométralement exacts qui existent
de la Cheminée du Franc de Bruges, sup-
pose qu’elle fut sculptée en 1526 à l’occa-
sion du mariage de Charles-Quint ; mais
l’absence de la statue de l’épousée, Isabelle
de Portugal,et l’étude de détails héraldiques
concluants, repoussent cette assertion sans
appel.

Comme toutes les œuvres d art portant
l’empreinte du génie, la Cheminée brugeoise
a eu sa légende, renforcée d’une série de
traditions" parfois poétiques, invariable-
ment fausses. Cueillons-en deux, parmi les
récentes écloses.

Un publiciste français, M. A. de la Fize-
lière, prend pour une signature la devise
de Maximilien,halt MAGS,et présume aussi-
tôt, sur cette autorité, que le sculpteur de
ce chef d’œuvre s’appelait Halsman. il va
plus loin, et donne à cet être imaginaire le
prénom d’André, pour pouvoir, quelques

lignes plus loin, revendiquer l’honneur de
ce morceau capital au nom connu d’André
Columb qui fut quelque temps parmi les
« laideurs » de Marguerite d’Autriche.

Le nom de M. delà Fizelière est assez
obscur, mais il est vraiment impardonnable
qu’un critique de la valeur de M. Louis
Bardot écrive sérieusement les lignes sui-
vantes : « Un certain Hermann Glosen-
» camp, condamné à mort pour je ne sais
b quel méfait, demanda la faveur de faire
» un dernier ouvrage de son métier. Il
b était ymaigier en bois. Aidé de sa lille, il
s entreprit cette cheminée fameuse qui lui
b valut grâce de'la corde et indulgence
» plénière. »

Toutesceslégendes qui sont autant d’his-
toriettes inventées pour étayer les préten-
tions intéressées des écrivains français tou-
jours prompts à s’annexer nos gloires na-
tionales, sont tombées devant la naïve vérité
paléographique.On sait aujourd’hui,d’après
les comptes mêmes delà ville de Bruges,
que la Cheminée du Franc, placée en 1529,
fut dessinée par Lancelot Blondeel, archi-
tecte,ingénieur et peintre brugeois,et sculp-
tée sous sa direction par Guyot de Bau-
grant, de Malines. On connaît au surplus
jusqu’aux noms des ouvriers qui secondè-
rent ces deux artistes.

L’ensemble architectonique de ce chef-
d’œuvre, comprend la Hotte ou manteau
de cheminée, formant avant-corps au droit
delà muraille. Si l’on s’en rapporte au ta-
bleau de van Oost,elle se détachait autrefois
sur une tenture de cuir doré. La partie in-
férieure du manteau de la cheminée repose
sur des jambages en forme de piliers ior-
més d’une triple colonnette,dont les bases,
aux dispositions cristallographiques, appar-
tiennent à la suprême période de l’art ogi-
val flamboyant. Une grande feuille d’acanthe
à retroussés accusés, part du chapiteau de
la colonne centrale moins élevé que ceux
des deux adjacentes,et rachète avec intelli-
gence la hauteur de la fasse lisse au dessous
de l’entablement.

Celte partie de la cheminée est en mar-
bre noir de Binant ; la légende de la Chaste
Suzanne, en quatre bas-reliefs, et quelques
ravissants petits génies d’albâtre, en ronde
bosse, se détachent de la frise de celte or-
donnance inférieure. Trois Hand ringen de
Calloemcerk,œuvre élégante d’un dinantier-
artiste, sont encore fixés sous l’architrave,
vivant souvenir des mœurs de nos ancêtres.

L’ordonnance supérieure, en bois de
chêne du Rhin, rehaussé de dorures, s'é-
tend à toute la largeur du mur du fond,
hotte et parois latérales. La partie centrale
encadre la statue de Charles-Quint victo-
rieux, l’épée liante, des lions couchés à ses
pieds. Cette statue est placée au devant
d’une sorte de cathedra on trône, de la plus
riche ornementation. Le siège impérial
dont les accoudoirs figurés ne permettent
pas de méconnaître la nature, est couronné
d’un fronton à angle très obtus surmontant
une archivolte circulaire. Bans ia partie
inférieure du trône ou socle, sont encas-
trés deux médaillons en bas-reliefs offrant
de profil les effigies des parents de Charles-
Quint, Philippe le beau et Jeanne la folle.
A droite et à gauche de cette cathedra, sont
placées deux niches à linteau horizontal,
en forme d’édicules, ayant pour amortisse-
ment des dauphins disposés de manière à
servir de consoles. Ces niches portent les
écussons armoriés des provinces espagno-
les de Grenade, Castille, Asturies, Aragon
et Estramadure.

Ce premier ensemble est relié à l’enta-
blement supérieur par deux de ces pilastres
compliqués qui constituent les archétypes
de la période primordiale de la Renaissance.
Ici, ils réunissent, dans leur structure élé-
mentaire, presque tons les motifs radicaux.
Jaroncillos à camées aux effigies impériales,
petits génies en haut relief, festons relevés
par des « Seimereinden b , (comme dit un
vieux compte d’Alost) cartels en formelle
targettes à rehoussis tenaillés, l’artiste
semble avoir voulu tout réunir pour créer
un parangon d’une incomparable richesse.

Les fûts galbés en fuseaux qui soutien-
nent des chapiteaux étranges, sont proches
parents de ceux que l’on voit à Sarragosse,
au Cj.austro de Santa Engracia, ou à la
maison de la dame de Vallabrija, cal le alla
de San Pedro. Nous les retrouvons encore
au Patio principal du palais de l’Arzohispo
à Alcala de Henares ; à la cour de la casa
de los Mirandas, à Butgos, et au clauslro
del collegio de San Gregorio à Valladolid,
remarquable exemple de. transition du style
mudejar ou plalercsco. N’oublions pas enfin
le cloitre du monastère de Lupiana dans
la province de Guadalajara, magnifique
exemple du style renaissance entremêlé
de réminiscences volontaires du goût moza-
rabe, palais princier plutôt qu’asile de moi-
nes, et, finalement,le patio de los enterra-
mientos dans le monastère de Huerta.
 
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