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18 —

gistrale mérite qu’on s’y arrête. A une
autre époque on l’eût appelée le chef-d’œu- :
vre du compagnon, aujourd’hui c’est le
chef-d’œuvre de l’artiste. M. Storm de
Gravesande s’y montre en effet dans toute
la plénitude de ses moyens.

Le théâtre représente la paroi d’une di-
gue ou d’une eslacade: cette paroi se com-
pose de forts madriers enchevêtrés solide-
ment les uns dansiesaulresavec degrandes
pièces de bois qui les épaulent. Un escalier
de huit marches, formé également de fortes
poutrelles à peine équarries, occupe le
milieu de ce travail de charpenterie. Au
premier plan un bout de grève que lèche
la vague expirante. A gauche une suite de
falaises hautes fuyant vers le fond. La scène
est jouée par six femmes de pêcheurs qui se
suivent et dont les dernières s’éteignent en
quelque sorte dans la perspective. Deux
descendent l’escalier, les autres arrivent.
La première avance avec une gravité un
peu biblique en tenant son panier et sa
fourche ; la seconde s’enveloppe dans sa
cape car le temps est gris et brumeux. Voilà
pour la composition.

Le coloris est une demi teinte continue
avec laquelle s’harmonisent les blancs de
la grève et du ciel. L’estacade est placée
dans un clair obscur merveilleusement
réussi. Les figures sont comme noyées et
fondues dans le flou général. La falaise
nous semble manquer de perspective aé-
rienne, car nous ne saurions prendre au
sérieux les gris qui n’ont pas été franche-
ment obtenus et qui s’estompent pénible-
ment vers le fond. Le ciel est d’une cou-
leur triste et conforme à la gamme de
l’ensemble.

L’exécution est superbe,et,à part la mai-
greur des hachures de la l'alaise et quelques
cheveux qui semblent voltiger dans le ciel,
nous ne connaissons guères, dans les eaux-
fortes modernes venues jusqu’à nous, un
morceau qui pour l’aspect, la couleur lo-
cale et la technique puisse lutter avec ce
saisissant Retour de la pêche.

Voilà la seconde étape d’un graveur qui
est, en définitive, une individualité de haut
goût et dont les amateurs recherchent avi-
dement les productions. Cette étape révèle
une seconde manière qui nous semble ren-
fermer des dangers sérieux pour l’avenir
de l’artiste. Si nous n’avions à faire qu’à
l’auteur du Retour de la pêche, nous serions
pleinement rassurés,mais son nouvel album
plaide à toute évidence la cause d’un genre
nouveau et facile qui nous vient de Paris
et qui tendrait à substituer à la poésie de
«et art si frais et si pur, je ne sais quelles

ficelles techniques à effet, rapidement obte-
: nues et se substituant à l’inspiration obser-
vatrice de l’artiste. Avec le peu de moyens
dont l’eau-forte dispose, celle-ci ne devrait
jamais viser à faire grand, il faut qu’elle
fasse juste. Or, dans la nature, ce juste
n’est-il pas la poésie ? Ad. S.

L’ÉGLISE DE PLOERMEL.

Nous recevons la communication sui-
vante que nous accueillons avec le plus vif
plaisir :

Monsieur le Directeur,

Permettez-moi de vous demander une
légère rectification dans l’énoncé de votre
Journal des Beaux-Arts, en ce qui con-
cerne la distinction que notre collègue de
la Commission royale des monuments, M.
Emile Coulon, architecte provincial, vient
d’obtenir du gouvernement français. Ce
n’est point pour avoir construit l’église de
Ploërmel, en Bretagne, que M. Coulon a
été créé chevalier de la Légion d’honneur,
mais bien pour s’être montré des plus capa-
bles dans les travaux de consolidation de
la tour paroissiale de Ploërmel.

Cette entreprise de consolidation et de
restauration fait d’autant plus d’honneur
à notre artiste nivellois, qu’elle avait été
déclarée impraticable par tous les ingé-
nieurs et les architectes du Morbihan.

M. Coulon s’était voué entièrement au
travail difficile et hasardeux qu’il avait
entrepris, et, pendant des semaines, il
n’abandonna pas un instant, ni les échafau-
dages, ni les ouvriers, afin de montrer con-
stamment à ceux-ci l’exemple du travail et
le mépris du danger.

Notre architecte avait été recommandé,
si nos renseignements sont exacts, comme
nous le croyons, au maire de Ploërmel par
M. Le marquis de la Boissière- de Thien-
nes,lequel avait été à même de voir l’artiste
à l’œuvre et de l’apprécier à sa juste va-
leur lors de la restauration de la tour et de
l’église de Ste Gertrude, à Nivelles.

Nous donnons ci-dessous un extrait du
« Journal de Rennes, Echo de la Breta-
gne, » lequel rend un digne hommage à
l’architecte belge. C. D.B.

« Cette remarquable église peut passer
à juste titre pour un des plus précieux
monuments de notre architecture nationale
pendant la dernière partie de la troisième
période ogivale. Elle a été, dans ces der-
nières années,l’objet des savantes investiga-
tions de notre célèbre archéologue breton,
le R. P. Arthur Martin. Entièrement con-
struite en granit, elle présente à l'intérieur
! trois nefs d'inégale largeur, qui,en se pro-

longeant selon toute l’étendue longitudinale
de la principale, forment avec elle un che-
vet droit. Les cinq arcades qui partagent
ces nefs sont supportées par des colonnes
qui, bien que dépourvues de chapiteaux,
suivant le style du temps, ne manquent
pas de grâce et d’élégance. — Ces arcades
en tiers-point sont formées de moulures
entièrement différentes des demi-colonnes
rondes qui entourent les piliers, et vien-
nent se confondre avec elles dans leur ré-
tombée par des pénétrations d’une diffi-
culté inouïe et qui accusent la grande habi-
leté des artistes qui ont présidé à leur
exécution. — La naissance de la voûte
centrale en bois est ornée d’une frise de
même matière, ouvragée avec autant de
délicatesse que de vaiiété. U en est de
mêmedes poutres transversales de la grande
nef, qui toutes, sont dans un état parfait
de conservation.

» L’extérieur n’offre pas un moindre
intérêt. — La série continue de pignons
aux arêtes ornées de chimères enroulées
qu’il présente dans son parcours, ses
contre-forts garnis de nombreux cloche-
tons et de gargouilles artistement travail-
lées, tout lui donne un caractère original
et gracieux. Le double portail surtout qui
décore la façade-nord, présente dans son
ensemble le plus charmant coup-d’œil, en
même temps qu’il étonne par le luxe et le
fini de son ornementation végétale, aussi
bien que par la multitude de statuettes qui
remplissent ses voussures et celles de deux
belles fenêtres ogivales dont il est sur-
monté.

» Malheureusement le temps à qui rien
ne résiste, le vandalisme de la Révolution,
et, il faut bien le dire, l’incurie dont ont
été pendant longtemps l’objet les monu-
ments les plus intéressants de l’art religeux,
ont sensiblement altéré la beauté primi-
tive de l’édifice. — Son dallage en ruines,
ses voûtes en bois, pourries par l’infiltration
des pluies, jusqu’à menacer la sécurité
des fidèles pendant les offices, des sculptures
arrachées ou mutilées, ses riches verrières
considérablement endommagées, plusieurs
de ses vieilles baies ogivales dépourvues de
meneaux et de vitraux peints, tout cela
nécessitait d’urgentes et importantes res-
taurations, dont se préoccupait depuis
longtemps le zèle du clergé et des habitants
de Ploërmel.

» Mais un obstacle, auquel on n’avait pu
penser jusqu’ici sans effroi, venait s’oppo-
ser à ce qu’on poursuivît les travaux de
restauration sur une plus vaste échelle.

! Au centre de la façade-ouest, s’élève une
 
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