Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
des Beaux-Arts eut à soutenir contre l’Em-
pire. M. Beulé ne trahit pas la confiance de
ses collègues qui avaient fait de lui leur
avocat. Les plaidoyers qu’il écrivit à cette
occasion sont à lire dans son ouvrage intitulé
Causeries sur l’Art. Une dialectique serrée,
unie à l’ampleur des vues, fait de ces écrits
autant depages durables qui serviront,nous
voulons le croire, de rempart à notre Ecole
romaine en face de nouvelles tentatives si elles
devaient se présenter jamais.

Nous ne suivrons pas M. Beulé dans ses
cours à la Bibliothèque pendant les dernières
années de l’Empire. Les allusions politiques
y sont fréquentes et nuisent au sérieux de
l’histoire. Son Procès des Césars sera toujours
aux yeux de la postérité, malgré des qualités
incontestables d’érudition, une œuvre de
circonstance d’où la partialité n’est pas ab-
sente. C’est un mal. Les grandes œuvres se
trouvent diminuées par ces petits côtés.
Mais où notre éloge est plus à l’aise, c’est
dans le rappel des admirables notices de
M. Beulé,secrétaire-perpétuel de l’Académie,
sur Hittorf, Schnetz, Flandrin, Rossini,
Duban, et d’autres que j’oublie. Les lecteurs
du Journal des Beaux-Arts se souviennent
sans doute de l’analyse que nous leur avons
donnée nous-mêrne de YEloge de Rossini et
de celui de Duban.

La guerre trouva M. Beulé au poste du
dévouement. II fut en province le principal
organisateur de la société de secours aux
blessés. Février 1871 l’appela à l’assemblée
nationale. Il y a quelques mois à peine, il
était ministre de l’intérieur. Il puisa, dit-on,
dans ce poste, le découragement qui le poussa
au désespoir et à la mort.

Telle fut la vie de cet homme heureux
selon le monde, et dont les paroles, dans
l’intimité, révélaient d’amers désenchante-
ments. C’est à ses heures de tristesse que la
fibre poétique se réveillait en lui. Lorsque
rien ne contrariait ses desseins et que sa
volonté n’était pas en lutte, l’artiste se
repliait au dedans du savant, et certains de
ses écrits composésà ces heures trop calmes,
ont l’aridité d’une plage sans soleil. Tel est
son livre le Drame du Vésuve, dans lequel
sont rangées, sans vie et sans couleur, des
notions archéologiques que l’historien de
Phidias n’eut pas dû signer.

Pendant sa trop rapide carrière politique,
M. Beulé se révéla l’orateur charmant et
convaincu de toutes les questions d’art. Qui
ne se souvient de son discours remarquable
à propos de l’Opéra! On ne résistait pas à
cet homme d’élite plaidant comme autrefois
Cicéron pro domo sua. A nos yeux, ces pages
exquises resteront le meilleur de sa gloire,
pendant les trois années de sa vie publique.
Lui seul était capable de les penser et de les
dire avec autorité. Il y a des intérêts imma-
tériels qui n’ont de liens que dans l’intelli-
gence et dans le cœur : on ne s’improvise
pas le défenseur de telles vérités. Il faut des
hommes supérieurs à ce poste difficile. Dieu
avait trempé l’âme de M. Beulé, comme
avant lui celle de Vitet, pour cette admirable
vocation.

_Henri Jqhin._

Angleterre.

L’AUTOTYPE.

SON HISTOIRE, SES PROGRÈS, SES AVANTAGES.

Personne ne peut nier que le procédé de
Daguerre, dans toutes ses manifestations,

— 68 —

transformations et progrès, n’ait rendu et ne
rende à tout jamais à l’art des services signa-
lés. On peut dire mieux : c’est le vulgarisateur
universel de l’art. Il multiplie, en effet, et
merveilleusement, tous les travaux du dessin
et les répand sur la surface du globe avec la
vitesse de la vapeur; il les reproduit à l’infini
et les transporte comme des lettres à la poste
dans les coins les plus reculés, jusque dans
les plus pauvres chaumières; il familiarise
l’art avec les yeux les plus obscurs, les intel-
ligences les plus frustes, les tempéraments
les plus matériels.

Grâce à lui, le bûcheron qui végète au
milieu de la forêt dans sa hutte enfumée,
aussi bien que le grand seigneur qui se
complait dans la splendide galerie de son
palais, l’ouvrier de la rue, comme le prince
de la finance, peut contempler les chefs-
d’œuvre des grands maîtres, peut raisonner
sur le caractère et le mérite d’un Raphaël ou
d’un Rubens,d’un Murillo ou d’un Rembrandt.
Il peut, lui aussi, avoir sa collection artis-
tique; il peut réunir autour de son foyer ses
portraits de famille ; il peut avoir sur sa table
son album enrichi des traits de toutes les
personnes chères à son cœur, et conserver
sur le papier les souvenirs pieux et impéris-
sables des figures qu’il aima et qui ont dis-
paru de la scène du monde.

Assurément, un procédé qui réalise tant
de bienfaits, procure tant de consolations,
satisfait tant de désirs, fait éprouver tant
d’innocentes jouissances, a bien' mérité de
l’humanité. Aussi, c’est par millions que se
comptent les établissements où il est pratiqué
sur les différents points du monde; c’est par
trillions ou quatrillons que se nombrent les
pièces artistiques qui sortent de ses labora-
toires. Aucun procédé n’est devenu plus po-
pulaire, plus répandu, plus généralement
employé que la photographie : ce qui montre
son utilité, son avantage, son agrément,
ce qui prouve qu’il répond à un besoin uni-
versel, indispensable. Il est, en outre, acces-
sible à toutes les bourses, il s’adresse à tous
les esprits, frappe tous les yeux; son format
est tout portatif, et, à la minute, il établit des
relations sociales, entretient parmi les hu-
mains le feu sacré de l’amour, les doux liens
de l’amitié, satisfait une curiosité impatiente,
fait chercher ces rouages de la circulation
constante et ininterrompue d’un commerce
intime entre les cœurs qui s’aiment, entre
les situations qui se ressemblent, entre les
joies ou les souffrances qui se partagent,
entre tous les êtres sympathiques et amis que
les obstacles ou la distance séparent à leur
plus grand regret.

Un procédé aussi précieux, et, qui dès son
apparition, promettait un si brillant avenir,
dut, naturellement, attirer l’attention des
hommes sérieux et innovateurs. Aussi nous
avons aujourd’hui laissé bien loin derrière
nous les premiers essais du vieux Daguerre,
pour arriver à des produits merveilleux.

D’habiles opérateurs, des inventeurs har-
dis, des perfectionneurs heureux, se sont,
depuis lors, succédé. Les Mungo Ponton, les
Becquerel, les Poitevin, les Sutton, les Pou-
ney, les de Laborde, les Burnett, les Blair,
les Fargier, les Swan, les Johnson, ont tour
à tour apporté les lumières de leur génie, les
fruits de leur expérience, les résultats de
leurs observations et de leurs études.

Après des recherches réitérées, des essais
nombreux, des tentatives de tous les genres,
on est enfin arrivé à faire de la photographie,

mieux encore que ce que Guttenberg avait
fait de l’écriture, c’est-à-dire, à la reproduire
elle-même par l’imprimerie.

On comprend immédiatement combien
grands doivent être les avantages d’une telle
découverte. Voilà une photographie qui va
s’imprimer, c’est.à-dire, se reproduire, à
l’infini, avec la même vitesse, au même prix,
pour la même durée éternelle que l’impres-
sion d’une gravure ou d’une page d’écriture !
Cela n’est-il pas un prodige?

Par ce procédé, nous photographierons les
portraits des personnages illustres, les sites
pittoresques de la terre, les monuments cé-
lèbres des cités, les scènes terribles ou gra-
cieuses de la nature, les événements de
l’histoire; nous les autotyperôns, nous en
illustrerons nos livres historiques ou roman-
tiques, descriptifs ou critiques, artistiques,
archéologiques, etc., et ces gravures repro-
duites par I’autotypie, ces photographies
imprimées par ce procédé précieux, se con-
serveront aussi pures, aussi belles/aussi
fidèles que la première épreuve photogra-
phique, aussi longtemps que durera le livre
lui-même.

Telestle résultat inestimable deceprocédé
qu’on appelle de divers noms, parmi lesquels
nous avons choisi celui qui nous semble le
mieux appliqué, le plus technique, Fadtotype,
enfin.

Plusieurs organes de la presse anglaise
ont rendu des comptes favorables de l’Auto-
type, qui se répand beaucoup dans la Grande-
Bretagne, à la grande satisfaction du public.
Le Times, YAthaeneum, le Daily Telegraph,
Y Art-Journal, le Daily News, Y Echo, le Guar-
dian, le Standard,\eQneen,\ePallMall Gazette,
YArgosy, le Photographie Art Journal, YEdim-
burgh Review, le Port folio, etc., ne tarissent
pas d’éloges envers YAutotype, et c’est à
juste raison. Il va sans dire que nous asso-
cions les nôtres aux leurs, dans toute la
force de l’expression.

Du reste, nous ne saurions rien faire de-
mieux, pour exprimer ici toute notre admi-
ration, que de traduire un des excellents
articles que le Times a imprimés pour célébrer
les mérites de l’Autotype et les services im-
menses qu’il est appelé à rendre aux beaux-
arts.

Ce n’est pas d’hier que l’on obtient des
reproductions d’art pictural au moyen du
procédé photographique, mais ces peintures,
produites par la puissance solaire seule,
quoique d’une fidélité rigoureuse, furent
bientôt trouvées soumises à des altérations
graduelles et spontanées, résultats latents
mais réels de la décomposition chimique des
oxides métalliques avec lesquels leurs lignes
et ombres furent composées et fixées. Les
photographies qui comptent vingt à vingt-cinq
ans d’existence, sont maintenant pâles, fades,
flétries, perdues; la permanence indélébile
aurait pu seulement leur être donnée par le
coloris à la main, coloris qui rend l’exactitude
première de l’image passible d’être surchar-
gée ou déguisée par le pinceau du peintre.
Récemment, cependant, par l’effet combiné
d’invention et de perfectionnement succes-
sifs, on a trouvé le moyen de reproduire des
images à l’aide de la photographie, en em-
ployant en même temps de l’encre d’impri-
merie ou une autre substance permanente,
de sorte que la parfaite exactitude de la
chambre obscure se trouve combinée, avec
entière sécurité contre les ravages du temps.
Les reproductions ainsi opérées sont appelées
 
Annotationen