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153 —

naturel font de cette œuvre une figure origi-
nale et puissante. Le maillot laisse palpiter
la chair à travers l’étoffe. La couronne d’étoi-
les dans les cheveux, les franges et les pan-
deloques du costume traditionnel, sont autant
de détails sans réplique qui marquent la
date de ce travail de grand style. C’est bien
le saltimbanque moderne, l’artiste forain
que le statuaire a saisi dans sa personnalité
singulière qui, certes, n’a rien de banal.

Le modèle de la Chasse au nègre est à
quelques pas du Jésus devanl les docteurs qui
décore la chapelle des catéehismes à l’église
de la Trinité.

La Mort de Cléopâtre, ébauche magistrale
en cours d’exécution, promet de devenir une
statue remarquable dont nous aurons à par-
ler à l’époque du Salon de 1875.

Mais,là,parmi les esquisses de terre brune
que recouvre la poussière de marbre, quel
est ce groupe? On dirait Fénélon instruisant
son royal élève. C’est Saint François de Sales
apprenant la langue des signes à son domes-
tique sourd-muet. Hélas! ce mélancolique
sujet nous rappelle à la triste réalité. De
ces trois jeunes hommes qui nous ont reçu,
tous les trois frères et tous les trois artistes,
aucun n’est doué de la parole. Du moins
Dieu leur a t-il donné la douce compensa-
tion d’un esprit créateur et de doigts habiles,
capables de faire parler la pierre, mais ce
ne fut pas sans tristesse que nous nous sé-
parâmes de nos hôtes en saluant du regard
ces ateliers paisibles, dont le silence n’est
jamais troublé que par le bruit du maillet.

Henry Jouin.

Autre correspondance particulière.

Paris.

Une découverte très importante pour les
arts vient d’être faite dans un château des
environs d’Apt. C’est celle de deux gouaches
sur vélin, collé sur bois, avec cadre de
l’époque (17 centimètres hauteur sur 27 cent,
largeur) elles sont signées P. PATEL, 1693.
L’une représente une chute d’eau au premier
plan, tombant d’un rocher avec ruines, au
fond une rivière et des monuments au pied
d’une haute montagne. L’autre représente le
cours sinueux d’une grande rivière couverte
de barques, et sur les bords de laquelle on
remarque, au second et dernier plan, des
villes et une grande roche.

Ces œuvres d’un peintre si peu connu et
dont le Louvre ne possède qu’un tableau (i),
sont d’une grande finesse et les lointains
sont admirablement rendus. Quant à leur
authenticité, elle est incontestable et peut
très-facilement s’établir.— Elles se cachaient,
depuis deux siècles, dans un coin du cabinet
abandonné aujourd’hui et jadis occupé par le

(1) C’est, une erreur. Le Louvre possède quatre
tableaux attribués à Patel le fils dont il s’agit ici.

N. D. L. R.

marquis de Raffelis de Roquesante qui fut
l’un des plus grands magistrats du siècle de
Louis XIV. Ce courageux conseiller du Par-
lement d’Aix, fit partie de la commission qui
jugea le célèbre surintendant Fouquet, et
contribua par son énergie à sauver la tête
du disgracié de Vaux. Louis XIV, mécontent,
exila de Roquesante en Bretagne, puis lui
permit en 1674 de venir habiter une de ses
terres de Provence. C’est dans sa résidence
de Grambois qu’il reçut des cadeaux artis-
tiques de la famille deFouquet, entre autres
un portrait de Notre Seigneur qui avait suc-
cessivement passé du sultan Bazajet au pape
Innocent VIII, puis des mains de Louis XIV
en celles de Fouquet; unChristenbronze,etc.

M.Mignard (Pierre) logea chez Roquesante,
et de son séjour il reste un portrait de ce sei-
gneur et une Education de la Vierge, estimée
6000 francs. La révolution de 1793, grâce à
la réputation d’intégrité de la famille des
Roquesante, avait épargné la dévastation du
château, et le mobilier était encore intact il
y a quelques jours. Un petit-neveu, seul héri-
tier, vient de vendre château, parc, terres et
meubles ; ces belles tentures à sujets histo-
riques, ces lits à baldaquin, ces tableaux du
Bourguignon, de Mignard, de Daret,etc.,ont
été achetés par des marchands de Nice, Aix,
Marseille et Avignon. Les deux gouaches ont
été le lot d’un amateur d’Apt, M. Garcin,
greffier du tribunal, ainsi que des autogra-
phes très-curieux de Mirabeau le tribun.

Z.

Qu'omette générale.

— Une Tour en cuivre de vingt Cinq mètres d’élé-
vation est une merveille qu’aucun de nos lecteurs n’a
pu voir jusqu’à cette heure, pour diverses excellentes
raisons, dont la meilleure est que nulle part un édi-
fice de cette importance n’a été construit en ce métal.
Elle est due aux frères Dehin, de Liège.

Cette tour à huit pans est disposée de façon à
laisser voir deux de ses faces de quelque côté qu’on
la regarde. Elle doit être placée au sommet de Saint-
Epvre à Nancy, au point de jonction des trois nefs et
du chœur, au milieu du transept, et de sa base, as-
sise sur la plate-forme du toit, jusqu’à l’extrémité de
sa flèche, elle mesurera, nous l’avons dit, tout près
de vingt-cinq mètres.

Une galerie ou balustrade forme et protège le pied
de cet édifice tout entier de métal : c’est, une sûite
d’ogives lancéolées, d’une remarquable délicatesse et
qui, contournant le campanile, sont reliées entre
elles, tant au pied qu’au sommet, par des moulures
saillantes au profil aussi sévère qu’élégant.

Un peu à l’arrière plan de cette balustrade, le
corps du campanile prend majestueusement son élan,
élevant de plus en plus ses Jeux étages de fenêtres
ajourées et la flèche qui les couronne.

Le premier de ces étages est formé de huit de ces
fenêtres, composées chacune de deux ouvertures en
ogives trilobées, encadrées elles-mêmes dans une
pius grande ogive lancéolée et reposant sur ees larges
meneaux qui forment si bien colonne.

Sur la corniche de ce premier étage se dresse la
balustrade qui le relie à l’étage suivant et dont des
quatre-feuilles encadrées de champs-plats, avec coins
fortement rentrés, constituent Télégant dessin.

C’est contre cette galerie que viennent s’appuyer
les arcs boutants cintrés qui soutiennent les grandes
fenêtres du second étage et portent les minarets ou
clochetons.

Chaque face de ces clochetons s’orne d’un petit,
fronton triangulaire garni de crochets, crochets qui

se répètent également sur les angles de la pyramida
laquelle est couronnée de deux choux superposés,
formant bouquet.

Le second étage apparaît ainsi comme la partie la
plus importante et la plus ouvragée de la tour; il se
compose de huit grandes fenêtres mesurant plus de 5
mètres de haut, et divisées en deux par des meneaux
à moulures très accentuées qui amènent des ogives
trilobées encadrées d’une ogive en lancette et sur-
montée d’un fronton triangulaire où se dessine an
centre une belle rose en quatre feuilles.

Cette première rose est surmontée d’une seconde
en trèfle avec coins rentrés, ajourés. De fortes mou-
lures sur lesquelles viennent ramper des crochets en
trèfle recourbés sur eux-mêmes, encadrent le tout et
lui donnent un cachet de style remarquable.

Au sommet du triangle formé par les rampants,,
s’élève le bouquet du tympan, appelé vulgairement le
chou ; il est formé d’une couronne de feuilles de trèfle
au-dessus de laquelle vient planer l’aigle d’Antriche,
souvenir de la générosité dont la famille impériale de
ce pays a fait preuve pour l’église où reposeront ses
aïeux, les princes de Lorraine.

Entre chaque fenêtre, c’est-à-dire à la jonction des
faces, se dressent des pilastres en cul-de-lampe ornés
de gargouilles ou monstres grimaçants, et surmontés
de riches chapiteaux qui portent huit statues de gran-
deur naturelle figurant des anges sonnant de la trom-
pette, ailes déployées vers le ciel.

Ces statues dorées attireront le plus sans doute les
regards des curieux, non pas seulement par leur atti-
tude religieuse et la souplesse des draperies, mais
aussi par les difficultés qu’il a fallu vaincre pour exé-
cuter au marteau ces pièces à l’épaisseur de quelques
millimètres.

Ces anges couronnent et gardent eu quelque sorte
le pied de la flèche qui s’élève derrière eux à une hau-
teur de 9 mètres, pyramide octogonale dont les faces
dessinées par les rampants sont remplies par des pan-
neaux où se répètent de distance en distance, tantôt
des quatrefeuilles, tantôt la croix à double bras de
Lorraine.

La flèche est couronnée elle-même par un énorme
chapiteau formé d’un massif de feuillages, gracieuse-
ment disposé, portant un grand diadème d’où s’échap-
pent des aiglons adossés, prêts à prendre leur vol
aérien.

Un peu plus haut apparaissent, également ados-
sés, les barbeaux traditionnels, empruntés au blason
de Lorriane et abrités à leur tour sous une petite cou-
ronne surmontée d’une pointe qui va se perdre dans
les airs.

Telle est cette merveille unique, fruit de près de-
trois ans de travail, prodigieux édifice et véritable
dentelle de cuivre.

Dressée pour quelques jours au jardin de l’Orphe-
linat d’Agimont, elle a reçu la visite de tous les
curieux des choses de l’art, en attendant qu’elle porte
dans les nues, pour des siècles, au-dessus de Nancy,
l’honneur des artisans liégeois et le nom des frères
Dehin.

-— Le 26 septembre à une heure, a eu lieu la séance
publique de la classe des Beaux-Arts de l’Académie
royale de Belgique dans la grande salle du Palais
Ducal. La plupart des membres de l’Académie y
assistaient, ainsi que MM. Delcour, ministre de l’in-
térieur, et De Lantsheere, ministre de Injustice.

Le bureau, présidé par M. De Keys'er, directeur
delà classe des beaux-arts et président de l’Aca-
démie, était composé de MM. Liagre, secrétaire
perpétuel ; Balat, vice-directeur de la classe des
beaux-arts, et Candèze, de Liège, membre de la
classe des sciences.

La séance s’est ouverte par la belle ouverture
de Léonore, de Beethoven, exécutée d’une façon
magistrale par l’orchestre du Conservatoire, sous la
direction de M. Joseph Dupont, et fort applaudie
par un nombreux public d’invités.

L’assemblée a entendu ensuite un discours de
M. De lveyser, dans lequel le directeur de l’Aca-
démie d’Anvers a rappelé aux artistes les préceptes
du beau et du vrai, les engageant, entre autres, à pré-
férer la ligue à la nudité et la draperie à la friperie.
L’orateur a ajouté que chaque exposition démontre
l’utilité de ces bons conseils.

M, Liagre a proclamé les résultats des concours
 
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