IO MEMOIRE SUR LA PARTIE OCCIDENTALE
de Constantinople, a été habité en grande partie par les Chrétiens qui, fuyant
les persécutions et les fureurs des Donatistes, des Ariens et autres différentes
sectes, se réfugièrent dans les déserts de la Libye et de la Thébaïde. La vallée de
Maryout en fut très-peuplée : le nombre des monastères qui y furent construits,
étoit déjà si considérable dans le iv.c siècle, que l'empereur Valens chargea le
comte d'Orient, gouverneur d'Alexandrie, d'y faire une levée des moines en état de
porter les armes (i). Le nombre de ceux qu'on enleva seulement dans le nome Ma-
réotique et dans le nome Nitriotis qui lui étoit contigu au sud, fut de cinq mille,
qui furent embarqués pour Constantinople, où ils furent enrôlés dans l'armée
de l'empereur. Les couvens que l'on retrouve encore aujourd'hui dans la vallée
des lacs de Natron, que les Arabes prononcent Natroun, et dans d'autres parties de
l'Egypte, sont les restes de cette multitude de monastères qui ont jadis peuplé ces
déserts. Les ruines que les Français en ont retrouvées de toutes parts, dans les
reconnoissances militaires qu'ils ont faites de cette partie occidentale de l'Egypte,
attestent la vérité du rapport de l'histoire sur l'ancienne population de cette pro-
vince aujourd'hui déserte. Nous allons donner quelques détails de ces reconnois-
sances, comme offrant encore quelque intérêt.
Le général de brigade Destaing, commandant à Rahmânyeh après le retour de
1 armée, de l'expédition de Syrie, fit quelques excursions contre les Arabes, en
thermidor an y. [août 1799], et pénétra, par la province de Bahyreh, dans le
canton de Maryout, où il nous dit avoir trouvé un grand nombre de villes et
d habitations ruinées.
Le général de division Friant, commandant à Alexandrie, marcha, dans le
courant du mois de nivôse an 9 [janvier 1 801 ], contre quelques tribus d'Arabes,
et poussa jusqu'à la tour des Arabes, située à neuf heures de marche, sur la
côte au sud-ouest d'Alexandrie. Ce fut la première fois que, depuis l'occupation
de 1 Egypte par les Français, on fit la reconnoissance de ce point de la côte:
dans son rapport sur cette expédition, le général témoigne ses regrets de n'avoir
(1) On lit, dans l'Abrégé de l'Histoire ecclésiastique On doit attribuer les causes de cette ardeur de la vie
de Fleury, que l'empereur Valens ordonna en 376 que monastique dans ces temps, moins encore aux persécu-
Jes moines fussent enrôlés et contraints de porter les tions dont l'Eglise fut affligée, qu'aux fureurs de l'esprit
armes comme soldats : quoiqu'on ait regardé cette loi de parti qui la divisa dans les premiers siècles de son
comme celle d'un persécuteur de l'Eglise, on peut "dire établissement. La ville d'Alexandrie fut le théâtre san-
que la multitude prodigieuse des moines l'avoit rendue glant des schismes des Donatistes et des Ariens. Le
nécessaire. On comptoit cinq mille monastères dans christianisme, qui, depuis Jésus-Chris^, s'étoit élevé
l'Egypte seulement. La ville d'Oxyrynchus, située dans dans le silence et la paix, commença, sous le règne
la basse Thébaïde, renfermoit dix mille moines et vingt de Constantin, en 330 environ, à se répandre par les
mille religieuses. Le monastère de Tabenne, fondé dans séductions, les violences et la force des armes. Ce fut
la haute Thébaïde par S. Pacôme , contenoit quatorze alors que la croix ensanglanta la terre. Arius, natif de la
cents moines. Celui de sa sœur, qui étoit situé vis-à-vis, Libye, chef de la secte qui porte son nom, et Athanase,
avoit quatre cents filles. Les assemblées générales et an- patriarche d'Alexandrie, causèrent par leurs divisions de
nuelles des monastères soumis à celui de S. Pacôme s'é- fréquentes guerres civiles dans cette ville. Arius , con-
levoient à cinquante mille moines. Le nombre des moines damné dans le concile de Nicée en 325 , et rappelé d'exil
de l'Egypte étoit, dans les grands monastères seulement, en 328 par Constantin, avoit réuni à son parti plus de sept
de soixante-seize mille, et celui des filles de vingt mille cents filles d'Alexandrie et de Maryout.
environ : on ne comprend pas dans ce nombre celui des Voir l'Histoire du Bas-Empire, tom. I.", liv. IV,
petits monastères, qui étoit à l'infini. L'abbé Sérapion, et tom. IV, ï'v- xvm, pag. 262; et l'Histoire de la
près d'Arsinoé, avoit dix mille moines sous sa juridic- décadence de l'Empire Romain, tom. VI, pag. 68.
tion.
de Constantinople, a été habité en grande partie par les Chrétiens qui, fuyant
les persécutions et les fureurs des Donatistes, des Ariens et autres différentes
sectes, se réfugièrent dans les déserts de la Libye et de la Thébaïde. La vallée de
Maryout en fut très-peuplée : le nombre des monastères qui y furent construits,
étoit déjà si considérable dans le iv.c siècle, que l'empereur Valens chargea le
comte d'Orient, gouverneur d'Alexandrie, d'y faire une levée des moines en état de
porter les armes (i). Le nombre de ceux qu'on enleva seulement dans le nome Ma-
réotique et dans le nome Nitriotis qui lui étoit contigu au sud, fut de cinq mille,
qui furent embarqués pour Constantinople, où ils furent enrôlés dans l'armée
de l'empereur. Les couvens que l'on retrouve encore aujourd'hui dans la vallée
des lacs de Natron, que les Arabes prononcent Natroun, et dans d'autres parties de
l'Egypte, sont les restes de cette multitude de monastères qui ont jadis peuplé ces
déserts. Les ruines que les Français en ont retrouvées de toutes parts, dans les
reconnoissances militaires qu'ils ont faites de cette partie occidentale de l'Egypte,
attestent la vérité du rapport de l'histoire sur l'ancienne population de cette pro-
vince aujourd'hui déserte. Nous allons donner quelques détails de ces reconnois-
sances, comme offrant encore quelque intérêt.
Le général de brigade Destaing, commandant à Rahmânyeh après le retour de
1 armée, de l'expédition de Syrie, fit quelques excursions contre les Arabes, en
thermidor an y. [août 1799], et pénétra, par la province de Bahyreh, dans le
canton de Maryout, où il nous dit avoir trouvé un grand nombre de villes et
d habitations ruinées.
Le général de division Friant, commandant à Alexandrie, marcha, dans le
courant du mois de nivôse an 9 [janvier 1 801 ], contre quelques tribus d'Arabes,
et poussa jusqu'à la tour des Arabes, située à neuf heures de marche, sur la
côte au sud-ouest d'Alexandrie. Ce fut la première fois que, depuis l'occupation
de 1 Egypte par les Français, on fit la reconnoissance de ce point de la côte:
dans son rapport sur cette expédition, le général témoigne ses regrets de n'avoir
(1) On lit, dans l'Abrégé de l'Histoire ecclésiastique On doit attribuer les causes de cette ardeur de la vie
de Fleury, que l'empereur Valens ordonna en 376 que monastique dans ces temps, moins encore aux persécu-
Jes moines fussent enrôlés et contraints de porter les tions dont l'Eglise fut affligée, qu'aux fureurs de l'esprit
armes comme soldats : quoiqu'on ait regardé cette loi de parti qui la divisa dans les premiers siècles de son
comme celle d'un persécuteur de l'Eglise, on peut "dire établissement. La ville d'Alexandrie fut le théâtre san-
que la multitude prodigieuse des moines l'avoit rendue glant des schismes des Donatistes et des Ariens. Le
nécessaire. On comptoit cinq mille monastères dans christianisme, qui, depuis Jésus-Chris^, s'étoit élevé
l'Egypte seulement. La ville d'Oxyrynchus, située dans dans le silence et la paix, commença, sous le règne
la basse Thébaïde, renfermoit dix mille moines et vingt de Constantin, en 330 environ, à se répandre par les
mille religieuses. Le monastère de Tabenne, fondé dans séductions, les violences et la force des armes. Ce fut
la haute Thébaïde par S. Pacôme , contenoit quatorze alors que la croix ensanglanta la terre. Arius, natif de la
cents moines. Celui de sa sœur, qui étoit situé vis-à-vis, Libye, chef de la secte qui porte son nom, et Athanase,
avoit quatre cents filles. Les assemblées générales et an- patriarche d'Alexandrie, causèrent par leurs divisions de
nuelles des monastères soumis à celui de S. Pacôme s'é- fréquentes guerres civiles dans cette ville. Arius , con-
levoient à cinquante mille moines. Le nombre des moines damné dans le concile de Nicée en 325 , et rappelé d'exil
de l'Egypte étoit, dans les grands monastères seulement, en 328 par Constantin, avoit réuni à son parti plus de sept
de soixante-seize mille, et celui des filles de vingt mille cents filles d'Alexandrie et de Maryout.
environ : on ne comprend pas dans ce nombre celui des Voir l'Histoire du Bas-Empire, tom. I.", liv. IV,
petits monastères, qui étoit à l'infini. L'abbé Sérapion, et tom. IV, ï'v- xvm, pag. 262; et l'Histoire de la
près d'Arsinoé, avoit dix mille moines sous sa juridic- décadence de l'Empire Romain, tom. VI, pag. 68.
tion.