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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,1: Texte 2,1): Etat moderne — Paris, 1813

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https://doi.org/10.11588/diglit.4819#0299

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DES PROVINCES ORIENTALES DE LA BASSE EGYPTE. 20G,

marais, qui rendent les communications difficiles : plusieurs de ces étangs con-
servent leurs eaux pendant six ou huit mois. En face d'el-Lebaydy, sur la rive
gauche, nous avons aperçu un lac immense, qui communique par plusieurs
branches au canal, et qui conserve ses eaux pendant huit mois de l'année ; il
est navigable pendant une partie de ce temps : il s'étend jusqu'à Abou-Dâoud.
Ce lac n'est séparé du lac Menzaleh que par une langue de terre ; il n'y commu-
nique pas.

A deux lieues de l'extrémité du canal, avant le point où il se jette dans le lac de
Menzaleh, s'élèvent les ruines de San ou Tunis (1), qui a donné son nom à cette
branche du fleuve. Cette ville est célèbre par la grande population qui l'habitoit,
par les monumens que les rois d'Egypte y avoient élevés, et par les miracles que
Moïse y fit avant de quitter l'Egypte (2). On y voit encore plusieurs obélisques
renversés, des chapiteaux de colonnes dont le galbe a de l'analogie avec le genre
Corinthien, et un monument de granit brisé en deux parties, que nous avons pré-
sumé avoir été un tombeau. Nous y avons rencontré des débris de vases d'une
terre très-fine, quelques-uns enduits d'un vernis qui a subsisté jusqu'à présent.
Nous y avons aussi trouvé des briques cuites de différentes espèces, des morceaux
de verre et du cristal très-bien poli.

En avant de San, se trouve un petit canal qui conduit à Sàlehyeh, mais qui
n'est navigable que pendant un mois.

La plaine qui est au-delà de cette ville jusqu'au lac Menzaleh, est traversée d'une
multitude de canaux qui se croisent en tout sens. A l'extrémité de cette plaine,
le canal entre dans le lac, et le traverse dans un espace de douze lieues jusqu'à la
mer, en conservant son cours et son lit. Leurs eaux ne se mêlent pas, et,
la profondeur du lac n'étant que d'environ un mètre, on distingue par-tout le lit
du canal.

Nous sommes ainsi parvenus à l'extrémité du canal, après nous être assurés
par nous-mêmes qu'il étoit navigable dans toute son étendue. D'après les rensei-
gnemens que nous avons recueillis, nous avons appris qu'il n'étoit praticable,
pour les grandes germes, que pendant huit mois de l'année; passé ce terme,
on peut, pendant quelque temps, y faire naviguer de petites barques fort légères,
mais seulement dans la partie inférieure du canal. Pendant neuf mois de l'année,
l'eau du Nil coule librement vers le lac Menzaleh ; pendant les trois derniers
mois, l'eau du lac reflue dans l'intérieur des terres. Pour éviter cet inconvénient,
on construit tous les ans à Kafr Moueys une digue qui dure trois mois. Maigre
cette précaution, l'eau salée reflue encore dans un espace de sept à huit lieues.
Lors du temps le plus éloigné des crues, en face d'el-Lebaydy, où il n'y a qu'un
seul pied d'eau, elle est entièrement salée.

Tels sont les renseignemens que nous avons pu nous procurer sur ce canal :
d'après sa largeur, ses sondes et le grand nombre de ruines qui se trouvent sur son

(■) T»/f, Strabon, Ceogr. lib. XVII,pag- 552"> Zca*> traduction des Septante; X^TTÏ, version Qobte ; 0L>,
San, version Arabe. Voyez. la Description de San, par M. Cordier, A. D. chap. XXIII.
(2) Psalm. lxxvii, v. 12 et 43. Ezecliiel, cap. XXX, V. 14.
 
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