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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,1: Texte 2,1): Etat moderne — Paris, 1813

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https://doi.org/10.11588/diglit.4819#0459

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DE LA BASSE EGYPTE. ^y y

connoître la nature des déserts au milieu desquels sont situés les lacs de Natroun,
et le danger de les parcourir dans les saisons trop chaudes, et sur-tout sans les
précautions convenables. On verra qu'il importe de publier cette anecdote inté-
ressante pour ceux qui doivent voyager dans ces contrées.

OBSERVATIONS GÉNÉRALES.

M. Gratien Le Père a fait voir, dit-il, dans la description particulière qu'il a
donnée des lacs de l'Egypte, et dont nous avons transcrit textuellement ci-dessus
ce qui n'avoit pas été publié,

i,° Que le bassin du Marcotis, qui longe la côte maritime d'Alexandrie jusqu'à la
Tour des Arabes, sur trente-huit à quarante mille mètres d'étendue, et qui étoit
entièrement desséché en 1800, est encore évidemment resté inférieur au niveau
de la mer, puisque, par suite d'une opération désastreuse, les eaux salées qui en
recouvrent aujourd'hui toute l'étendue, y ont pris, sur divers points, sept, huit et
peut-être jusqu'à dix mètres de profondeur;

2.0 Que les lacs Ma'dyeh, d'Edkou, Bourlos et Menzaleh, qui embrassent le
reste de la côte maritime de l'ancien Delta, et qui tous communiquent immé-
diatement par une ou plusieurs bouches à la mer, ont évidemment le fond de leur
bassin inférieur à la mer, puisque les eaux saumâtres de ces lacs, en diminuant avec
le Nil, reprennent toute la salure des eaux de mer, qui y affluent et s'y élèvent plus
ou moins, suivant la force et la direction des vents du large;

'e lendemain, nous arrivâmes vers dix heures à Deyr-Maka-
ryout [couvent de Saint-Macaire], après une nouvelle
Perte dequatrehommes, d'un cheval et d'un chameau: notre
"Urche fut de dix heures effectives, des bords du Nil à
ce couvent. Bientôt après notre arrivée , j'eus le bonheur
" y sauver la vie à trois soldats qui, la bouche écumante
et dans les convulsions d'une mort violente, avoient été
traînés vers le couvent, dont l'entrée avoit été interdite
a >a troupe. Les ayant fait mettre à l'ombre des murs, et
'eur ayant fait donner de l'eau fraîche à propos et avec
niesure, je parvins à les rappeler à la vie, qu'un quart
d heure plus tard ils perdoient sans retour : la troupe fouil-
'°it alors, en courant çàet là , les sables du désert, à deux
et trois cents mètres du couvent, où elletrouvoit quelque
Peu d'eau saumâtre, capable à peine d'étancher une soif
Inextinguible. 11 faut avoir ressenti quelques atteintes de
CeUe fièvre cruelle, causée dans ces déserts par une soif
dévorante, pour s'en faire et en exprimer l'idée. On n'a pas
besoin assurément de chercher dans une tempête sur cette
vaste et profonde mer de sables de la Libye, la cause de
'a perte de cette division de l'armée de Cambyse qui fut
engIoutie dans les contrées d'Ammon : car il suffit bien du
buffle brûlant des vents du khamsyn pendant un ou deux
j°urs seulement, ou d'une marche forcée dans ces déserts
Privés d'eau, pour y faire périr une armée. Le 19 juillet,
aPrès quinze heures de marche effective de Deyr-Saydeh
Lcouvent des Syriens], nous regagnâmes par le nord-est le
^'1 à Ouagyt, et, dans ce trajet, nous perdîmes encore
aeux hommes à une heure de marche seulement à l'ouest
e ce fleuve. C'est sur ces indications que le colonel du

corps des ingénieurs-géographes, M. Jacotin, a porté
sur la grande carte d'Egypte les traces de cette pénible
marche que le général eut à supporter avec le soldat; car
cette expédition fut si précipitée, que nous n'eûmes pas le
temps de prendre ni les tentes , ni aucune des provisions
nécessaires. Quant à moi, après sept jours de notre marche,
dont quatre dans le désert, je rejoignis à Abouqyr le géné-
ral Menou, qui avoit pris le commandement du siège de
ce fort : après sa reddition, je revins à Rosette, où j'éprou-
vai une indisposition grave avec tous les symptômes qui
caractérisent la peste, mais dont une excessive transpira-
tion que je me donnai par une marche forcée, me sauva
heureusement. De retour au Kaire un mois après, je fus
attaqué d'une ophtalmie qui, pendant douze jours, me
priva totalement de la vue, que je ne recouvrai que six
semaines après. Beaucoup d'autres personnes éprouvèrent
de fortes indispositions de ce voyage. Mon cheval et deux
autres du général en restèrent quinze à vingt jours malades,
au point qu'on eut peine à les faire suivre en lesse, le der-
nier jourde notre marche d'Ouagyt sur Rahniânyeh. J'ai
eu lieu d'observer et de me convaincre que la cause des
accidens que j'éprouvai particulièrement, est due, indé-
pendamment des fatigues, à l'effet d'une différence trop
sensible au corps entre la grande chaleur des jours, qui
est de trente-deux à trente-cinq degrés, et l'extrême fraî-
cheur des nuits au sein de ces déserts, quand on n'a pas
la précaution de se bien couvrir de nuit; car une sup-
pression de transpiration est en Egypte, comme dans
tous les pays chauds, une des premières causes des ma-
ladies inhérentes à leurs climats.
 
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