Jadwiga Kubinska
La prière nubienne pour les morts
et la question de son origine
Une belle série de stèles ne doit pas être négligée parmi les “problèmes de Faras et de la Nubie”.
C’est une caractéristique de la Nubie que la gravuie sur des épitaphes grecques de la formule
développée de la prière pour les morts plus au moins longue avec des variantes. La série est connue
assez abondamment en Nubie, mais souvent sans indication plus précise. A la question de l’origine
de cette prière se mêle le problème des deux langues, grecque et copte et leur rapport avec les
Melchites et les Jacobites.
Nous voudrions seulement attirer l’attention sur trois documents qui nous semblent importants.
En 1963 Μ. G. Tibiletti-Bruno a publié un article très intéressant intitulé : Di alcune caracteristiche
ep'grafi funerarie cristiane della Nubia dans Rendiconti Insituto Lombardo, Classe di Lettere, vol. 97,
Milano 1963, pp. 491-538. L’auteur a divisé toutes les inscriptions en 5 groupes ayant pris comme
critère la prière pour les morts qui se trouve dans l’Euchologe de Goar. L’auteur pose les questions
suivantes : 1° Faut-il partir des inscriptions funéraires nubiennes pour arriver au texte définitif
de Goar ? 2° Ou bien ce texte avait-il eu son origine ailleurs qu’en Nubie et y fut seulement apporté
vers le VIIe siècle de notre ère ensuite reproduit et répandu comme s’il avait été créé dans cette
région ? Cette seconde hypothèse semble à l’auteur plus satisfaisante. A son avis la formule a été
créé certainement déjà au VIIe siècle de notre ère, mais peu gravée sur les pierres.
Μ. G. Tibiletti-Bruno pense qu’avant d’étre gravée elle faisait partie de l’office funèbre.
En 1964 la même savante a publié un recueil d’inscriptions nubiennes sous le titre Iscrizioni
nubiane, Pavia 1964, pp. 1-28, où elle a rassemblé 63 épitaphes qui étaient déjà publiées ou
republiées, tantôt dans le Sammelbuch, tantôt par Lefebvre.
Nous ne croyons pas que la prière nubienne puisse se développer à travers les siècles et qu’elle soit
plutôt brève au début et plus longue avec le temps. Il nous semble qu’elle est composée toute
entière depuis “sa naissance”. Apportée ou pas, elle est depuis le début composée integrale avec
toutes ses formules que nous retrouvons sur les plus longues épitaphes. Si sur les pierres elle est
tantôt plus longue tantôt plus brève, il faut penser qu’avant de la graver sur les pierres on préparait
simplement un abrégé voulu.
L’hypothèse concernant le développement de la prière n’est plus soutenable dépuis les découvertes
récentes comme celle qui nous a apporté le papyrus de Nessana. Grâce aux fouilles entreprises
à Nessana, ville située dans le désert de Negev, en Palestine du Sud, nous est parvenu un document
très important c’est-à-dire la prière funèbre identique à celle de Nubie et de l’Euchologe de Goar,
écrite sur un papyrus datant de la fin du VIe ou début du VIIe siècle de notre ère. Elle n’y est pas
toute entière, la fin manque.
[ό θεός των πνευ]μά[των] και πάσης σαρκός,
[δ τον] θάνα[τον κατα]ργέσας και τδ[ν "Αδην κατα-]
[πατή]σας και ζωήν τω κώσμω χαρι [σάμεν-]
4 [°ς, άνά]παυσων τή ψυχέ του δο[ύλο]υ σ[ου]
[έν τόπω φ]ωτινω, έν τώπφ άνα[ψύξεως]
[ένθ’άπέδρα] οδύνη κ(α'ι) λύπη κ(αι) στ[εναγμός,]
[ π]αρά αύτοΰ πραχθέ[ν
8 [ ] ως άγαθ[ο]ς κ[(αι) φιλάνθρωπος) συγχώ]ρεσω[ν
[δτι ούκ έ'στιν άνθρωπος ος ζήσεται κ(α'ι) ούχ άμ]αρτησε[ι κτλ. (Cf. C. J. Kraemer, Excavations
La prière nubienne pour les morts
et la question de son origine
Une belle série de stèles ne doit pas être négligée parmi les “problèmes de Faras et de la Nubie”.
C’est une caractéristique de la Nubie que la gravuie sur des épitaphes grecques de la formule
développée de la prière pour les morts plus au moins longue avec des variantes. La série est connue
assez abondamment en Nubie, mais souvent sans indication plus précise. A la question de l’origine
de cette prière se mêle le problème des deux langues, grecque et copte et leur rapport avec les
Melchites et les Jacobites.
Nous voudrions seulement attirer l’attention sur trois documents qui nous semblent importants.
En 1963 Μ. G. Tibiletti-Bruno a publié un article très intéressant intitulé : Di alcune caracteristiche
ep'grafi funerarie cristiane della Nubia dans Rendiconti Insituto Lombardo, Classe di Lettere, vol. 97,
Milano 1963, pp. 491-538. L’auteur a divisé toutes les inscriptions en 5 groupes ayant pris comme
critère la prière pour les morts qui se trouve dans l’Euchologe de Goar. L’auteur pose les questions
suivantes : 1° Faut-il partir des inscriptions funéraires nubiennes pour arriver au texte définitif
de Goar ? 2° Ou bien ce texte avait-il eu son origine ailleurs qu’en Nubie et y fut seulement apporté
vers le VIIe siècle de notre ère ensuite reproduit et répandu comme s’il avait été créé dans cette
région ? Cette seconde hypothèse semble à l’auteur plus satisfaisante. A son avis la formule a été
créé certainement déjà au VIIe siècle de notre ère, mais peu gravée sur les pierres.
Μ. G. Tibiletti-Bruno pense qu’avant d’étre gravée elle faisait partie de l’office funèbre.
En 1964 la même savante a publié un recueil d’inscriptions nubiennes sous le titre Iscrizioni
nubiane, Pavia 1964, pp. 1-28, où elle a rassemblé 63 épitaphes qui étaient déjà publiées ou
republiées, tantôt dans le Sammelbuch, tantôt par Lefebvre.
Nous ne croyons pas que la prière nubienne puisse se développer à travers les siècles et qu’elle soit
plutôt brève au début et plus longue avec le temps. Il nous semble qu’elle est composée toute
entière depuis “sa naissance”. Apportée ou pas, elle est depuis le début composée integrale avec
toutes ses formules que nous retrouvons sur les plus longues épitaphes. Si sur les pierres elle est
tantôt plus longue tantôt plus brève, il faut penser qu’avant de la graver sur les pierres on préparait
simplement un abrégé voulu.
L’hypothèse concernant le développement de la prière n’est plus soutenable dépuis les découvertes
récentes comme celle qui nous a apporté le papyrus de Nessana. Grâce aux fouilles entreprises
à Nessana, ville située dans le désert de Negev, en Palestine du Sud, nous est parvenu un document
très important c’est-à-dire la prière funèbre identique à celle de Nubie et de l’Euchologe de Goar,
écrite sur un papyrus datant de la fin du VIe ou début du VIIe siècle de notre ère. Elle n’y est pas
toute entière, la fin manque.
[ό θεός των πνευ]μά[των] και πάσης σαρκός,
[δ τον] θάνα[τον κατα]ργέσας και τδ[ν "Αδην κατα-]
[πατή]σας και ζωήν τω κώσμω χαρι [σάμεν-]
4 [°ς, άνά]παυσων τή ψυχέ του δο[ύλο]υ σ[ου]
[έν τόπω φ]ωτινω, έν τώπφ άνα[ψύξεως]
[ένθ’άπέδρα] οδύνη κ(α'ι) λύπη κ(αι) στ[εναγμός,]
[ π]αρά αύτοΰ πραχθέ[ν
8 [ ] ως άγαθ[ο]ς κ[(αι) φιλάνθρωπος) συγχώ]ρεσω[ν
[δτι ούκ έ'στιν άνθρωπος ος ζήσεται κ(α'ι) ούχ άμ]αρτησε[ι κτλ. (Cf. C. J. Kraemer, Excavations