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Après avoir étudié ies éièments ies plus simples du tangage, c'est-
à-dire les sons, M. Bopp passe à l'examen des racines. Quoique dans
l'état où nous sont parvetius nos idiomes, il faille ordinairement re-
courir à une sorte de dissection pourdégagerd'un mot sa racine, celle-
ci ne doit pas être considérée comme un pur produit de l'abstraction
scientifique. Elle est, au contraire, un tout significatif, qui a possédé,
dans la première période du langage, sa valeur indépendante. On ne
concevrait pas comment le verbe u.smf peut signifier « je suis » , si
les deux éléments dont est formé ce mot, ms κ être y et wf (pour mrQ
a je )>, n'avaient eu d'abord leur signification propre et leur existence
individuelle. Nous sommes ramenés de la sorte vers un âge antérieur
à la flexion, où les groupes phoniques, dont sont composés nos mots,
nes'étaientpasencore agglutinés, etoù les idées qu'ils expriment ne
s'étaient pas encore subordonnées les unes aux autres. Mais sans re-
monter vers une période aussi lointaine, on voit que certains idiomes
ont encore gardé en partie la conscience des éléments qu'ils mettent
en œuvre. Pour former des noms dérivés, les Grecs savent très-bien
dégager de leurs verbes la syllabe qui en est le noyau. C'est ainsi que
de γί-γνω-σχω ils Ont tiré γνώ-σί?, γνω-στος, γνώ.^η, γνω-ρκ, γνω-ρψ.ος ;
dans -πφάσσω, ils ont pris la syllabe radicale πρκγ pour en faire πρκγ-
an, πρκχ-τωρ, ιτρΧγ-ρκ (2). De leur côté, les grammairiens de l'Inde,
quand ils diessèrent la liste des racines sanscrites, furent sans doute
(1) Le tome II de la traduction française de H. Bopp va être prochainement mis
en vente. Le traducteur, M. Bréai, a mis en tête du volume une préface où il em-
brasse d'une vue d'ensemble les faits nombreux exposés dans l'ouvrage du savant
allemand. Nous extrayons de cette introduction ie passage reiatif aux racines.
(2) Voyez §§ 109q 3 et 497.
Après avoir étudié ies éièments ies plus simples du tangage, c'est-
à-dire les sons, M. Bopp passe à l'examen des racines. Quoique dans
l'état où nous sont parvetius nos idiomes, il faille ordinairement re-
courir à une sorte de dissection pourdégagerd'un mot sa racine, celle-
ci ne doit pas être considérée comme un pur produit de l'abstraction
scientifique. Elle est, au contraire, un tout significatif, qui a possédé,
dans la première période du langage, sa valeur indépendante. On ne
concevrait pas comment le verbe u.smf peut signifier « je suis » , si
les deux éléments dont est formé ce mot, ms κ être y et wf (pour mrQ
a je )>, n'avaient eu d'abord leur signification propre et leur existence
individuelle. Nous sommes ramenés de la sorte vers un âge antérieur
à la flexion, où les groupes phoniques, dont sont composés nos mots,
nes'étaientpasencore agglutinés, etoù les idées qu'ils expriment ne
s'étaient pas encore subordonnées les unes aux autres. Mais sans re-
monter vers une période aussi lointaine, on voit que certains idiomes
ont encore gardé en partie la conscience des éléments qu'ils mettent
en œuvre. Pour former des noms dérivés, les Grecs savent très-bien
dégager de leurs verbes la syllabe qui en est le noyau. C'est ainsi que
de γί-γνω-σχω ils Ont tiré γνώ-σί?, γνω-στος, γνώ.^η, γνω-ρκ, γνω-ρψ.ος ;
dans -πφάσσω, ils ont pris la syllabe radicale πρκγ pour en faire πρκγ-
an, πρκχ-τωρ, ιτρΧγ-ρκ (2). De leur côté, les grammairiens de l'Inde,
quand ils diessèrent la liste des racines sanscrites, furent sans doute
(1) Le tome II de la traduction française de H. Bopp va être prochainement mis
en vente. Le traducteur, M. Bréai, a mis en tête du volume une préface où il em-
brasse d'une vue d'ensemble les faits nombreux exposés dans l'ouvrage du savant
allemand. Nous extrayons de cette introduction ie passage reiatif aux racines.
(2) Voyez §§ 109q 3 et 497.