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REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
i! y a cependant des groupes très-considérables dans certaines contrées qui
sont tout à fait dans l'intérieur des terres, comme l'Aveyron, par exemple,
l'ancien pays des Ruthènes, où, dernièrement, au congrès de Paris, on
nous énumérait six cents dolmens. L'hypothèse que nous venons de men-
tionner ne paraît pas avoir prétendu embrasser tout l'ensemble des mo-
numents de pierres vierges; elle semble rompre i'unilé de ce grand en-
semble, et laisser à part les meaMcs et les cercles, quand ils ne sont point
associés aux dolmens, pour ne s'attacher qu'à ceux-ci, considérés comme
une forme de monuments funéraires qui aurait précédé chez nous une au-
tre forme, celte des petits tumulus.
Si cette hypothèse allait jusqu'à attribuer à un même peuple tous les
dolmens, funéraires ou non, qui se rencontrent sur Je globe, il faudrait
que ce fût là un peuple universel ; car il y a des dolmens dans la Galilée
et sur la côte orientale du Jourdain ; et il y en a sur la côte de Coroman-
del, et, à ce qu'il paraîtrait, en Amérique. Mais ces derniers ont-ils une
destination funéraire?— Ceux de la Palestine ne l'ont point. Les mo-
numents de pierres vierges que nous décrit fort clairement la bible ne
sont pas des tombeaux. Ce sont, les uns des autels, les autres des pierres
du Témoignage, des monimenla, dans le sens précis du mot.
L'hypothèse en question serait renversée à l'instant si elle prétendait
envelopper tous les monuments à forme de dolmen, puisque la bible nous
atteste que ces monuments étaient en usage, dès le temps d'Abraham,
parmi les Térachites, d'où est sorti le peuple hébreu ; ils l'étaient égale-
ment, selon toute apparence, chez les autres tribus sémitiques, et l'on
en a retrouvé, de nos jours, un certain nombre dans les contrées habitées
d'ancienneté par ces peuples. Or, il est bien certain que ce ne sont pas
les Hébreux, ni leur devanciers les Sémites primitifs, qui sont venus cons-
truire des dolmens jusqu'au fond de l'Occident.
Mais ne forçons pas la thèse qu'il s'agit d'examiner, et renfermons-la
dans les conditions précises où elle a été formulée pour l'Occident ; ici
l'immense majorité des monuments à forme de dolmen ont, en effet, in-
contestablement, une destination funéraire.
Peut-on attribuer les dolmens, en Occident, à un peuple qui ne soit pas
les Celtes ?
L'histoire, l'archéologie, l'anthropologie peuvent-elles apercevoir en
Occident un peuple antérieur aux Celtes ?
L'histoire a toujours signalé un peuple antérieur aux Celtes dans le
sud-ouest de l'Europe, celui qu'on nomme improprement l&éres, et dont
le rameau le plus considérable, et peut-être le plus ancien, aurait été
celui des Ligures. Des inductions fournies par l'anthropologie, et d'autres,
plus incertaines, par la philologie, tendent aujourd'hui à faire remonter
les Ligures plus haut qu'on ne l'avait pensé dans les régions moyennes de
l'Occident.
L'anthropologie nous signale, d'une autre part, en Occident, les restes
des aïeux d'un autre peuple qui subsiste actuellement encore dans l'ex-
REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
i! y a cependant des groupes très-considérables dans certaines contrées qui
sont tout à fait dans l'intérieur des terres, comme l'Aveyron, par exemple,
l'ancien pays des Ruthènes, où, dernièrement, au congrès de Paris, on
nous énumérait six cents dolmens. L'hypothèse que nous venons de men-
tionner ne paraît pas avoir prétendu embrasser tout l'ensemble des mo-
numents de pierres vierges; elle semble rompre i'unilé de ce grand en-
semble, et laisser à part les meaMcs et les cercles, quand ils ne sont point
associés aux dolmens, pour ne s'attacher qu'à ceux-ci, considérés comme
une forme de monuments funéraires qui aurait précédé chez nous une au-
tre forme, celte des petits tumulus.
Si cette hypothèse allait jusqu'à attribuer à un même peuple tous les
dolmens, funéraires ou non, qui se rencontrent sur Je globe, il faudrait
que ce fût là un peuple universel ; car il y a des dolmens dans la Galilée
et sur la côte orientale du Jourdain ; et il y en a sur la côte de Coroman-
del, et, à ce qu'il paraîtrait, en Amérique. Mais ces derniers ont-ils une
destination funéraire?— Ceux de la Palestine ne l'ont point. Les mo-
numents de pierres vierges que nous décrit fort clairement la bible ne
sont pas des tombeaux. Ce sont, les uns des autels, les autres des pierres
du Témoignage, des monimenla, dans le sens précis du mot.
L'hypothèse en question serait renversée à l'instant si elle prétendait
envelopper tous les monuments à forme de dolmen, puisque la bible nous
atteste que ces monuments étaient en usage, dès le temps d'Abraham,
parmi les Térachites, d'où est sorti le peuple hébreu ; ils l'étaient égale-
ment, selon toute apparence, chez les autres tribus sémitiques, et l'on
en a retrouvé, de nos jours, un certain nombre dans les contrées habitées
d'ancienneté par ces peuples. Or, il est bien certain que ce ne sont pas
les Hébreux, ni leur devanciers les Sémites primitifs, qui sont venus cons-
truire des dolmens jusqu'au fond de l'Occident.
Mais ne forçons pas la thèse qu'il s'agit d'examiner, et renfermons-la
dans les conditions précises où elle a été formulée pour l'Occident ; ici
l'immense majorité des monuments à forme de dolmen ont, en effet, in-
contestablement, une destination funéraire.
Peut-on attribuer les dolmens, en Occident, à un peuple qui ne soit pas
les Celtes ?
L'histoire, l'archéologie, l'anthropologie peuvent-elles apercevoir en
Occident un peuple antérieur aux Celtes ?
L'histoire a toujours signalé un peuple antérieur aux Celtes dans le
sud-ouest de l'Europe, celui qu'on nomme improprement l&éres, et dont
le rameau le plus considérable, et peut-être le plus ancien, aurait été
celui des Ligures. Des inductions fournies par l'anthropologie, et d'autres,
plus incertaines, par la philologie, tendent aujourd'hui à faire remonter
les Ligures plus haut qu'on ne l'avait pensé dans les régions moyennes de
l'Occident.
L'anthropologie nous signale, d'une autre part, en Occident, les restes
des aïeux d'un autre peuple qui subsiste actuellement encore dans l'ex-