BIBLIOGRAPHIE
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IÀsours, au Zab Cherguy, etc. Dans les provinces d’Alger et d’Oran
particulièrement, la mer d'halfa couvre des zones de plusieurs millions
d’hectares ; mais son terrain de prédilection se rencontre surtout sur
les crêtes ondulées du Djebel-Sahari, entre le Djebel-Amour et l’Aurès.
Lorsque, jadis, le flot puissant de l’immigration des Ouled-Naïls,
qui comptent actuellement plus de vingt-cinq tribus, vint occuper cette
contrée, refoulant les paisibles populations sahariennes, la légende rap-
porte que les indigènes, chassés de leur antique territoire, lui adressè-
rent par la bouche des femmes, en se retirant, ce touchant et suprême
adieu : « Que notre bénédiction soit toujours avec toi, ô Djebel-Sahari!
toi qui durant l’été nous donnais la fraîcheur de tes ombrages, et dans
l’hiver le doux abri de tes chaumes. ;) Telle est la poétique épigraphe
placée par M. Yivarez en tête de son livre, et la dernière partie du vers
arabe s’applique en effet aux touffes abondantes de l’halfa qui servent,
dans la saison mauvaise, à protéger les tentes et le bétail contre l’effort
des vents et la rigueur du froid.
Assez souvent, en parcourant ces steppes monotones, on rencontre
sur un certain nombre de touffes voisines des brindilles nouées : in-
dication convenue, laissée par une troupe de cavaliers pour ceux de
leurs compagnons qui s'achemineront sur leurs traces, ou simulacre
votif en l’honneur d’un marabout qui a séjourné ou qui est enterré dans
le voisinage. Telle la coutume si répandue, dans de semblables cir-
constances, qui fait suspendre à chaque passant un nouveau morceau
d’étoffe aux branches d’un olivier isolé dans la montagne, ou jeter une
pierre nouvelle sur l’amas déjà formé au bord du chemin.
L’halfa, vers le début du printemps, présente l’aspect d’un gazon
très fin qui fleurit au milieu d’avril et pousse ses feuilles; celles-ci
atteignent tout leur développement dans le courant de juin, puis se
desssèchent longuement et meurent sous l’influence des pluies d’au-
tomne. On incinère alors les vieilles touffes, pour régénérer la vigueur
des rhizomes pour la nouvelle année, usage qui détermine une végéta-
tion artificielle probablement nuisible à la vitalité delà plante, et cause
vraisemblable d’épidémies végétales. Les cendres de l’halfa, riches
en silice, constituent pour les peuplements incinérés un engrais fécon-
dant. L’essai du procédé de la taille, substitué à l’incinération, serait
peut-être plus efficace, mais aussi plus onéreux. On choisit encore
cette époque de décembre pour repeupler artificiellement, au moyen
de drageons, les semis ne réussissant presque jamais.
L’halfa, qu’on rencontre encore sur de vastes étendues en Espagne,
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IÀsours, au Zab Cherguy, etc. Dans les provinces d’Alger et d’Oran
particulièrement, la mer d'halfa couvre des zones de plusieurs millions
d’hectares ; mais son terrain de prédilection se rencontre surtout sur
les crêtes ondulées du Djebel-Sahari, entre le Djebel-Amour et l’Aurès.
Lorsque, jadis, le flot puissant de l’immigration des Ouled-Naïls,
qui comptent actuellement plus de vingt-cinq tribus, vint occuper cette
contrée, refoulant les paisibles populations sahariennes, la légende rap-
porte que les indigènes, chassés de leur antique territoire, lui adressè-
rent par la bouche des femmes, en se retirant, ce touchant et suprême
adieu : « Que notre bénédiction soit toujours avec toi, ô Djebel-Sahari!
toi qui durant l’été nous donnais la fraîcheur de tes ombrages, et dans
l’hiver le doux abri de tes chaumes. ;) Telle est la poétique épigraphe
placée par M. Yivarez en tête de son livre, et la dernière partie du vers
arabe s’applique en effet aux touffes abondantes de l’halfa qui servent,
dans la saison mauvaise, à protéger les tentes et le bétail contre l’effort
des vents et la rigueur du froid.
Assez souvent, en parcourant ces steppes monotones, on rencontre
sur un certain nombre de touffes voisines des brindilles nouées : in-
dication convenue, laissée par une troupe de cavaliers pour ceux de
leurs compagnons qui s'achemineront sur leurs traces, ou simulacre
votif en l’honneur d’un marabout qui a séjourné ou qui est enterré dans
le voisinage. Telle la coutume si répandue, dans de semblables cir-
constances, qui fait suspendre à chaque passant un nouveau morceau
d’étoffe aux branches d’un olivier isolé dans la montagne, ou jeter une
pierre nouvelle sur l’amas déjà formé au bord du chemin.
L’halfa, vers le début du printemps, présente l’aspect d’un gazon
très fin qui fleurit au milieu d’avril et pousse ses feuilles; celles-ci
atteignent tout leur développement dans le courant de juin, puis se
desssèchent longuement et meurent sous l’influence des pluies d’au-
tomne. On incinère alors les vieilles touffes, pour régénérer la vigueur
des rhizomes pour la nouvelle année, usage qui détermine une végéta-
tion artificielle probablement nuisible à la vitalité delà plante, et cause
vraisemblable d’épidémies végétales. Les cendres de l’halfa, riches
en silice, constituent pour les peuplements incinérés un engrais fécon-
dant. L’essai du procédé de la taille, substitué à l’incinération, serait
peut-être plus efficace, mais aussi plus onéreux. On choisit encore
cette époque de décembre pour repeupler artificiellement, au moyen
de drageons, les semis ne réussissant presque jamais.
L’halfa, qu’on rencontre encore sur de vastes étendues en Espagne,