Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue de l'Afrique française — Paris, 6 (Septième Année).1888

DOI Heft:
Nr. 35
DOI Artikel:
Bibliographie
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19135#0093

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
BIBLIOGRAPHIE

79

et, qui plus est, une thèse dont la soutenance a fait sensation à l’École.
Le Dr Lota, après un séjour de quatre ans au Gabon, a été envoyé
dans le Haut-Fleuve; il y a passé deux ans. Il s’est échappé, en quelque
sorte, pour venir soutenir sa thèse, et huit jours après il s’embarquait
pour rejoindre son poste.
Ce qu’il a vu, il le raconte en style clair et agréable. Ce n’est pas le
récit plus ou moins fantaisiste, plus ou moins enthousiaste, de l’explo-
rateur qui veut frapper son lecteur. C’est l’homme de science qui couche
scrupuleusement sur le papier ses observations quotidiennes.
Or, il faut reconnaître que ses observations sont propres à faire ré-
fléchir. L’éloignement fait que nous nous rendons peu compte du prix
que nous coûtent certains établissements — 40 à 4o 0/0, tel est le
chiffre de la mortalité annuelle des Européens pendant les trois der-
nières années. Les détails de cette funèbre statistique sont navrants
par moments. L’auteur décrit les maladies qui accablent nos hommes,
constate l’impuissance de la science à en arrêter le cours.
Un moment vient où le lecteur se demande : à quoi bon tant de sa-
crifices? Et voilà qu’il découvre, dans le coin du livre, un aveu étrange
et qui donne à réfléchir — l’auteur refuse de répondre. « Si l’on nous
demande ce que nous faisons, nous Français, entre Sénégal et Niger,
quels bénéfices nous retirons de nos sacrifices en hommes et en argent
pour l’occupation de ces régions lointaines et redoutées, nous diront»
que la question n’est pas d’ordre médical et que l’avenir se chargera
de la réponse. » Hais plus loin, il semble que la réponse lui échappe.
« Quelques céréales sans valeur, insuffisantes à nourrir l’Européen,un
peu d’or, du fer, peu de bestiaux, voilà ce que produit le Soudan fran-
çais à l’heure actuelle. C’en est assez, semble-t-il ajouter un peu amè-
rement, pour l’indigène, dont les besoins, comme nous le disons plus
loin, sont extrêmement limités. »
Quelques pages plus loin, on trouve encore : « Les indigènes ont-ils
les goûts et les aptitudes nécessaires pour améliorer leurs produits,
augmenter le rendement de leurs terres, en un mot offrir au commerce
français un champ productif et exploitable ? Pour nous, nous ne le
croyons pas, et nous basons notre appréciation sur F indolence de ces
populations, sur leur manque de besoins et principalement sur le peu
de valeur intrinsèque de leurs productions. Tant que l’on ne sera pas
parvenu à arracher ces peuples à leur torpeur, à leur créer des besoins
qui les forcent à travailler, à vaincre la puissance d’inertie qu’ils op-
posent sans cesse, et que l’on n’aura pas découvert dans le pays de
 
Annotationen