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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 2.1880

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Nr. 2
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Robiou de La Tréhonnais, Félix Marie Louis Jean: Les peuples de la mer, confédérés contre l'Égypte, au temps de Méri-en-Phtah
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https://doi.org/10.11588/diglit.12057#0067

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Les peuples de la mer confédérés contre l'Egypte.

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à peine déformés de Akaius'a, S'akalas', S'ardana et Turis'a ou Turs'a 1 ; tout au plus avait-
on émis le doute que ces quatre peuples fussent déjà fixés, au quinzième siècle, dans les
régions où on les rencontre au temps de l'histoire classique. Cependant le dernier fascicule
de la Zeitschrift fur AegypUscke Sprache und Alterthumshunde de 18762 contient un article, où
M. Brugsch a élevé, contre cette quadruple identification, une objection grave, dont il n'est
pas permis de négliger l'examen.

Elle peut se résumer ainsi. Le texte de Mineptah attribue la circoncision à ces
peuples : or l'antiquité tout entière se tait sur une pareille coutume, quant aux peuples
européens; donc l'identification proposée doit être rejetée. L'auteur ajoute que les S'artina
(sic) rapprochés des Kaikas'a de notre inscription doivent ou peuvent être des peuples
voisins du Caucase, situés dans la région des Colques, auxquels Hérodote (II, 104) attribue
la coutume indiquée 3.

Disons-le tout d'abord, pour écarter cette dernière pensée, tout à fait accessoire
d'ailleurs dans l'article de M. Brugsch : il y a une invraisemblance, allant presque jusqu'à
l'impossibilité morale, à supposer, durant le quinzième siècle, une alliance formée entre des
Libyens et des peuples de la Colchide. Rien, au contraire, ne s'oppose à ce qu'on l'admette,
s'il s'agît de peuples maritimes appartenant au bassin de la Méditerranée orientale ou cen-
trale. Ce n'était pas la première fois que l'un d'eux se montrait en Egypte : des S'ardana
avaient déjà servi dans l'armée de Ramsès II, ce qui donne, il est vrai, lieu de penser que
cette nation n'avait pas encore émigré aussi loin que la mer Tyrrhénienne ; mais nous savons
aujourd'hui que, quoiqu'en dise Hérodote, Ramsès II n'avait pas lui-même pénétré jusqu'aux
bords du Pont Euxin, jusqu'au voisinage du Caucase.

Nous avons encore à invoquer ici une autre considération de géographie historique.
Les Lyciens, que Ramsès II avait rencontrés parmi les peuples unis ou subordonnés aux Khé-
tas, figurent, dans notre texte, au milieu de ceux qui sont l'objet du présent article. Or les
Lyciens habitaient dans le sud de l'Asie mineure; ils l'habitaient déjà aux temps héroïques
de la Grèce, et ils occupaient alors un espace bien plus étendu qu'aux temps postérieurs,
puisqu'Homère les montre à la fois sur les bords du Xanthe (à l'est de la Carie) et sur la
côte méridionale de la Propontide4, mais toujours au bord de la mer, et, par conséquent, en
communication facile avec le nord-est de la Libye.

Enfin M. Brugsch lui-même reconnaît dans ce même article (p. 128), que les S'artina
(sic), les S'akals'a et les Akaiuas'a sont désignés, à la ligne 52 du texte, comme des nations
venues « des voisinages de la mer », situation que tous ceux à qui on les identifie occupaient
aux temps les plus anciens de l'histoire européenne ; et, si l'on se reporte aux temps immé-
diatement antérieurs, la logique indique que leur situation devait être maritime déjà pour

1) Les Tursce des Tables Eugubines, voyez la p. 25 du tirage à part de l'article de M. de Rougé,
et dans les Tables Eugubines (Édit. Bréal, dans la Bibliotliéque de l'École des Hautes Études) VII, a, 12,
conf. I. b, 17, YI, b, 54, 58, 59.

2) p. 127 à 151.

3) J'ignore absolument où M. Brugsch a trouvé la mention du nom de Sardanes, qu'il dit avoir
été donné aux Colques par les Grecs (p. 131).

4) Leur importance exceptionnelle parmi les alliés des Troyens ressort de nombreux passages de
l'Iliade dont j'ai donné l'énumération dans mes Questions homériques (Bibliothèque de l'École des Hautes
Études) : //. YI, 78; VIII, 175; XI, 286; XIII, 150; XIY, 425 à 426; XV, 425, 485 à 486; XVI, 532 à 535;
XVII, 184. Conf. II, 876 à 877 et X, 430.

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