RECUEIL
DE TRAVAUX RELATIFS A LA PHILOLOGIE ET A L'ARCHÉOLOGIE
ÉGYPTIENNES ET ASSYRIENNES.
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Yol. IL Fascicule IV.
Contenu : 1) Petites notes de critique et de philologie (III), par Karl Pibhl. — 2) Sur l'origine d'une des formes du dieu
Phtah, par le docteur Paerot. — 3) Assyriaca, par Stanislaus Guyakd. — 4) Campagne de Thoutmôs III
contre Mageddo (Suite), par G. Maspero. — 5) Monuments égyptiens du Musée d'Antiquités de Rouen, par V. Loret.
— 6) Rapport sur une mission en Italie, par G. Maspero. — 7) Varia.
PETITES NOTES
DE
CRITIQUE ET DE PHILOLOGIE.
(Troisième article.)
§ 21. Le passage de la stèle de l'an 400, où il est raconté que le roi (Ramsès II)
ordonna de faire une grande stèle en pierre de syénite au grand nom de ses pères « à l'effet
le roi Séti Ier » a donné lieu
de faire subsister le nom du père de ses pères
différentes explications, dont celle qui a été proposée 1 dernièrement, m'a paru la plus hardie.
M. Wiedemann, car c'est lui qui en termes fort clairs prétend que, par un hasard bien remar-
quable, diverses parties de la même inscription auraient été conçues aux noms de deux rois
différents, ne nous a laissé que des conjectures, sans doute fort ingénieuses, en faveur de sa
découverte inattendue. Pour moi, il semble évident que nous pouvons nous en tenir à l'ex-
plication qu'a donnée M. Chabak 2, il y a longtemps, du dit passage ; peut être sera-t-il permis
de modifier légèrement les termes de ce savant sans changer le point de départ de ses
raisonnements.
En d'autres mots, je considère toujours Ramsès II comme auteur de l'érection du
monument en entier, et « le père de ses pères » reste néanmoins, selon moi, Séti Ier. En effet,
le roi égyptien donne très-souvent, dans les inscriptions, l'épithète de « père » à tel dieu, tout
comme celle de «pères» à un cycle divin quelconque, c'est là un fait trop connu pour qu'il
soit nécessaire d'en invoquer le témoignage de monuments particuliers. Mais qu'y a-t-il
alors de surprenant à ce que le roi regarde son véritable père — lequel, d'après la croyance
des Egyptiens, était dieu après la mort — comme faisant partie de ses «pères», et qu'il
puisse le distinguer de ses autres pères par une marque spéciale! — Lorsque l'égyptien voulait
dire d'une manière très-expressive qu'un individu était doué d'une propriété de façon excep
tionnelle, il pouvait entre autres exprimer la notion de renforcement « très » par répétition du
qualificatif au pluriel. Ainsi l'expression «très grand», peut-elle être rendue entre autre par
^È^^Ë^l celle de «très parfait» par f|<^;>:|( f! '=^=' etc- Cet usage est généralement
1) Zeitschrift fur dgyptiache Sprache, 1879, p. 142.
2) Zeitschrift, 1865, p. 33.
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DE TRAVAUX RELATIFS A LA PHILOLOGIE ET A L'ARCHÉOLOGIE
ÉGYPTIENNES ET ASSYRIENNES.
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Yol. IL Fascicule IV.
Contenu : 1) Petites notes de critique et de philologie (III), par Karl Pibhl. — 2) Sur l'origine d'une des formes du dieu
Phtah, par le docteur Paerot. — 3) Assyriaca, par Stanislaus Guyakd. — 4) Campagne de Thoutmôs III
contre Mageddo (Suite), par G. Maspero. — 5) Monuments égyptiens du Musée d'Antiquités de Rouen, par V. Loret.
— 6) Rapport sur une mission en Italie, par G. Maspero. — 7) Varia.
PETITES NOTES
DE
CRITIQUE ET DE PHILOLOGIE.
(Troisième article.)
§ 21. Le passage de la stèle de l'an 400, où il est raconté que le roi (Ramsès II)
ordonna de faire une grande stèle en pierre de syénite au grand nom de ses pères « à l'effet
le roi Séti Ier » a donné lieu
de faire subsister le nom du père de ses pères
différentes explications, dont celle qui a été proposée 1 dernièrement, m'a paru la plus hardie.
M. Wiedemann, car c'est lui qui en termes fort clairs prétend que, par un hasard bien remar-
quable, diverses parties de la même inscription auraient été conçues aux noms de deux rois
différents, ne nous a laissé que des conjectures, sans doute fort ingénieuses, en faveur de sa
découverte inattendue. Pour moi, il semble évident que nous pouvons nous en tenir à l'ex-
plication qu'a donnée M. Chabak 2, il y a longtemps, du dit passage ; peut être sera-t-il permis
de modifier légèrement les termes de ce savant sans changer le point de départ de ses
raisonnements.
En d'autres mots, je considère toujours Ramsès II comme auteur de l'érection du
monument en entier, et « le père de ses pères » reste néanmoins, selon moi, Séti Ier. En effet,
le roi égyptien donne très-souvent, dans les inscriptions, l'épithète de « père » à tel dieu, tout
comme celle de «pères» à un cycle divin quelconque, c'est là un fait trop connu pour qu'il
soit nécessaire d'en invoquer le témoignage de monuments particuliers. Mais qu'y a-t-il
alors de surprenant à ce que le roi regarde son véritable père — lequel, d'après la croyance
des Egyptiens, était dieu après la mort — comme faisant partie de ses «pères», et qu'il
puisse le distinguer de ses autres pères par une marque spéciale! — Lorsque l'égyptien voulait
dire d'une manière très-expressive qu'un individu était doué d'une propriété de façon excep
tionnelle, il pouvait entre autres exprimer la notion de renforcement « très » par répétition du
qualificatif au pluriel. Ainsi l'expression «très grand», peut-elle être rendue entre autre par
^È^^Ë^l celle de «très parfait» par f|<^;>:|( f! '=^=' etc- Cet usage est généralement
1) Zeitschrift fur dgyptiache Sprache, 1879, p. 142.
2) Zeitschrift, 1865, p. 33.
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