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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 2.1880

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Nr. 2
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Robiou de La Tréhonnais, Félix Marie Louis Jean: Les peuples de la mer, confédérés contre l'Égypte, au temps de Méri-en-Phtah
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https://doi.org/10.11588/diglit.12057#0069

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Les peuples de la mer confédérés contre l'Egypte.

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point dit dans le texte qu'on n'a pu les enlever. L'orthographe du verbe tu, à_a @, est

bien différente de celle du verbe ^îzP i—a, rapere, et ne permet pas de les confondre. L'auteur
égyptien fait entendre seulement, surtout par l'emploi de la préposition d'état, em, que ces
hommes n'étaient pas de ceux sur les cadavres desquels il convenait de pratiquer cette
opération.

Pourquoi ne convenait-elle pas, puisqu'on l'avait pratiquée sans scrupule sur les Libyens?
Une tradition rapportée par Hérodote 1 nous éclaire, ce me semble, sur le véritable sens du
passage et permet de lui attribuer une valeur symbolique. Il raconte en effet que, lorsque
Sésostris, c'est-à-dire Ramsès II, le propre père de Merienplitah, faisait ses grandes conquêtes,
il se vanta, dans ses stèles, de sa victoire sur ceux qui lui avaient bravement résisté, en les
désignant par leur nature virile, mais représenta comme des femmes ceux qui s'étaient lâche-
ment soumis à sa domination.

Il s'agit donc, dans l'inscription de Merienplitah, d'une différence dans le traitement
exercé sur les cadavres, et non d'une différence d'état entre les corps des ennemis vivants. On
inscrivait ainsi, dans le bulletin de la victoire, que les uns étaient des hommes et les autres
n'en étaient pas ; ce sens métaphorique est surtout celui de la ligne 52. Sans méconnaître les
exigences de la grammaire et du lexique, nous rentrons, par cette interprétation, dans l'ordre
du possible et du vraisemblable en histoire et en géographie. Qu'on s'y maintienne donc en
assurance, et qu'on ne s'en laisse pas écarter par l'autorité du critique qui l'attaque.

Cela dit, j'accorderai facilement que la Toscane et la Sardaigne actuelles et classiques
sont un peu loin des frontières de l'Egypte, surtout si l'on se rappelle que les S'ardana avaient
déjà, peu auparavant, paru dans son histoire et que par conséquent leur apparition sur ces
côtes n'était pas un fait étrange, résultat d'une navigation exceptionnellement hardie. Peut-
être faudrait-il accepter, en ce qui les concerne, une hypothèse due à M. Maspero, mais que
M. Brugsch mentionne aussi pour la repousser, celle qui verrait dans le nom de Sardes,
en Lydie, une trace du séjour originel des Shardanas en Asie mineure. Les Turs'a seraient
aussi, selon la même hypothèse, des Tyrrhéniens, non encore partis de l'Asie mineure pour
aller s'établir en Italie. Tous ces peuples auraient ainsi occupé un développement de côtes d'une
étendue assez restreinte pour qu'une alliance entre eux n'ait rien d'incroyable, même en y
comprenant la Sicile, puisqu'ils étaient assez bons navigateurs pour se transporter en Libye ;
mais nous sommes surtout reportés aux temps héroïques de la Grèce par le nom des Achéens,
employé dans Homère pour représenter les populations du Péloponnèse oriental, vivant en
face des Tyrrhéniens sur les côtes de la mer Egée. Tout concorde donc pour accroître la
vraisemblance d'une identification qui avait frappé, presque à titre d'évidence, l'esprit du
second créateur de l'égyptologïe.

F. Piobiou,

professeur d'histoire ancienne à la faculté de Rennes.

1) II. 102.

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