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NOTES DE PHONÉTIQUE ET D'ÊTYMOLOGIE ÉGYPTIENNES
Or, ce pluriel *eve, que nous reconstruisons théoriquement et qui semble perdu,
l'akhmimique nous l'a conservé : c'est un nouvel et bel exemple du caractère si nette-
ment archaïque de ce dialecte1.
Que l'on compare en effet les deux pluriels suivants en akhmimique :
c!ià.ve\ pluriel de ckov3 « doctrina » (= cftco, sah.);
Tfmeves, pluriel de -rlm5 « jumentum » (= tÊkh, sah.).
Dans le premier cas, nous avons en akhmimique le correspondant exact du pluriel
des autres dialectes :
c£;Mre (akh.) = c&oo-ye (sah.) : cAcdoti (boh.) : *cêavi (fay.)6.
Dans le second cas, au contraire, nous avons le contraste suivant :
T&neire (akh.) en face de Tfmooire (sah.) : Tefmoooiri (boh.) : *Tefm«wiri (fay.).
Il est évident que l'akhmimique a seul conservé la distinction entre les deux pluriels
réguliers : T&neire représente phonétiquement le pluriel des mots en h, *dbnèwwet,
comme cWre celui des mots en 10, sbôwwët. Dans les autres dialectes, au contraire,
le pluriel en oo-s-e a remplacé partout celui en ère'.
Par un hasard singulier, les textes akhmimiques publiés jusqu'ici contenaient sur-
tout des pluriels en -eve. Des correspondances comme pju.ne?re (akh.) — pjuutooire (sah.)
avaient fait considérer -ère comme la forme normale et comme l'équivalent de -ooire8.
Mais ce rapprochement présentait une impossibilité phonétique : o médial accentué
du sahidique ne peut donner e en akhmimique. La distinction entre les deux pluriels
supprime cette anomalie : o, donnant rentre dans la règle9.
1. Cf. Erman, Mg. Zeit., t. XLIV, p. 112.
2. Apoc. Elias, 21, 16; Steindorff, Die Apocalypse des Elias (1899).
3. I Clément, 21, 22; 30, 16, etc.; Carl Schmidt, Der erste Clemensbrief in altkoptischer Ubersetsung
(1908). — Se rappeler que co final devient ott en akhmimique.
4. Joël, i, 18; Jonas, m, 7, dans Bouriant, Rec. de Trac, t. XIX, p. 1, 12.
5. Sophonie, n, 14. Manuscrit des petits prophètes de Vienne. Voir Krall, Mittheilungen aus der Samm-
lung der Papyrus Erzlierzog Rainer, t. IV, p. 143. D'après une copie de Krall, dont je dois communication à
M. Steindorff par l'obligeante entremise de M. Carl Schmidt. — Se rappeler que h final devient i (ei) en
akhmimique.
6. o médial accentué du sahidique devient a. en akhmimique. En boheïrique, le lo est un allongement du
au ott. La forme fayoumique n'est pas attestée, elle donnerait un — M. Carl Schmidt signale cette corres-
pondance dans son vocabulaire des Acta Pauli.
7. Il faut naturellement éviter de confondre en akhmimique ce pluriel féminin en -eve avec le pluriel
masculin des adjectifs en e final, fcAAe, pl. fiÀ<Yeeire, Apoc. Elias, 33, 4. On remarquera que, dans ce dernier
cas, le e est redoublé, ce qui n'arrive jamais dans la forme eve du pluriel féminin. C'est cette voyelle redou-
blée qui oblige le oir à développer un e final secondaire, lequel n'a rien de commun avec le e primaire du
féminin -eire (cf. Lacau, Rec. de Trac, t. XXIV, p. 202). Pour les pluriels des adjectifs en e, voir Stein-
dorff, Kopt. Gram.1, § 138, &7V.A.eeire (akh.) : jbAAeeir (sah.). En boheïrique, on a e? : l'exemple «simir,
donné par Steindorff, n'est pas la forme correcte de ce dialecte, mais une forme analogique; cf. <S\Aeir
(boh.).
8. Corriger ce que j'ai dit sur ce point dans Rec. de Trac, t. XXIV, p. 207, note 9.
9. Le traitement de o en akhmimique pourra donc se résumer ainsi :
o médial accentué en syllabe fermée =. — ce^n, g*.<j, itevqpe, ciiô,q, £p*wir, ^jtc, etc. ;
o médial accentué en syllabe ouverte = es. — itK&Te, it*.&e, cÊ^Tre, etc. ;
o final accentué = o — iepo, gKO, tô>.Ào, etc. ;
NOTES DE PHONÉTIQUE ET D'ÊTYMOLOGIE ÉGYPTIENNES
Or, ce pluriel *eve, que nous reconstruisons théoriquement et qui semble perdu,
l'akhmimique nous l'a conservé : c'est un nouvel et bel exemple du caractère si nette-
ment archaïque de ce dialecte1.
Que l'on compare en effet les deux pluriels suivants en akhmimique :
c!ià.ve\ pluriel de ckov3 « doctrina » (= cftco, sah.);
Tfmeves, pluriel de -rlm5 « jumentum » (= tÊkh, sah.).
Dans le premier cas, nous avons en akhmimique le correspondant exact du pluriel
des autres dialectes :
c£;Mre (akh.) = c&oo-ye (sah.) : cAcdoti (boh.) : *cêavi (fay.)6.
Dans le second cas, au contraire, nous avons le contraste suivant :
T&neire (akh.) en face de Tfmooire (sah.) : Tefmoooiri (boh.) : *Tefm«wiri (fay.).
Il est évident que l'akhmimique a seul conservé la distinction entre les deux pluriels
réguliers : T&neire représente phonétiquement le pluriel des mots en h, *dbnèwwet,
comme cWre celui des mots en 10, sbôwwët. Dans les autres dialectes, au contraire,
le pluriel en oo-s-e a remplacé partout celui en ère'.
Par un hasard singulier, les textes akhmimiques publiés jusqu'ici contenaient sur-
tout des pluriels en -eve. Des correspondances comme pju.ne?re (akh.) — pjuutooire (sah.)
avaient fait considérer -ère comme la forme normale et comme l'équivalent de -ooire8.
Mais ce rapprochement présentait une impossibilité phonétique : o médial accentué
du sahidique ne peut donner e en akhmimique. La distinction entre les deux pluriels
supprime cette anomalie : o, donnant rentre dans la règle9.
1. Cf. Erman, Mg. Zeit., t. XLIV, p. 112.
2. Apoc. Elias, 21, 16; Steindorff, Die Apocalypse des Elias (1899).
3. I Clément, 21, 22; 30, 16, etc.; Carl Schmidt, Der erste Clemensbrief in altkoptischer Ubersetsung
(1908). — Se rappeler que co final devient ott en akhmimique.
4. Joël, i, 18; Jonas, m, 7, dans Bouriant, Rec. de Trac, t. XIX, p. 1, 12.
5. Sophonie, n, 14. Manuscrit des petits prophètes de Vienne. Voir Krall, Mittheilungen aus der Samm-
lung der Papyrus Erzlierzog Rainer, t. IV, p. 143. D'après une copie de Krall, dont je dois communication à
M. Steindorff par l'obligeante entremise de M. Carl Schmidt. — Se rappeler que h final devient i (ei) en
akhmimique.
6. o médial accentué du sahidique devient a. en akhmimique. En boheïrique, le lo est un allongement du
au ott. La forme fayoumique n'est pas attestée, elle donnerait un — M. Carl Schmidt signale cette corres-
pondance dans son vocabulaire des Acta Pauli.
7. Il faut naturellement éviter de confondre en akhmimique ce pluriel féminin en -eve avec le pluriel
masculin des adjectifs en e final, fcAAe, pl. fiÀ<Yeeire, Apoc. Elias, 33, 4. On remarquera que, dans ce dernier
cas, le e est redoublé, ce qui n'arrive jamais dans la forme eve du pluriel féminin. C'est cette voyelle redou-
blée qui oblige le oir à développer un e final secondaire, lequel n'a rien de commun avec le e primaire du
féminin -eire (cf. Lacau, Rec. de Trac, t. XXIV, p. 202). Pour les pluriels des adjectifs en e, voir Stein-
dorff, Kopt. Gram.1, § 138, &7V.A.eeire (akh.) : jbAAeeir (sah.). En boheïrique, on a e? : l'exemple «simir,
donné par Steindorff, n'est pas la forme correcte de ce dialecte, mais une forme analogique; cf. <S\Aeir
(boh.).
8. Corriger ce que j'ai dit sur ce point dans Rec. de Trac, t. XXIV, p. 207, note 9.
9. Le traitement de o en akhmimique pourra donc se résumer ainsi :
o médial accentué en syllabe fermée =. — ce^n, g*.<j, itevqpe, ciiô,q, £p*wir, ^jtc, etc. ;
o médial accentué en syllabe ouverte = es. — itK&Te, it*.&e, cÊ^Tre, etc. ;
o final accentué = o — iepo, gKO, tô>.Ào, etc. ;