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NOTES DE PHONÉTIQUE ET D ÉTYMOLOGIE ÉGYPTIENNES
dont le singulier a disparu et dont nous avons conservé le pluriel. Ceux qui, en akhmi-
mique, ont un pluriel en eve ont eu un singulier en h : dans les autres dialectes qui
ont propagé partout oove, la distinction est impossible.
Ainsi rakhmimique pLuie-s-e, pluriel de peoume : pojuuie, nous prouve qu'il a dû
exister une forme intermédiaire du type *pjumei : "*pxj.nH. Le pluriel pxinooTre clu sahi-
dique est une substitution récente, qui faisait croire à l'existence d'un féminin
— i
pULITO) .
KCKeTre (akh.) nous montre que le singulier a dû être *uei : *kh. Ce vocalisme en h
avait été rétabli théoriquement par Sethe2 pour la forme pleine de kc (qui est un état
construit dans tous les dialectes). Il y a là une confirmation très intéressante et tout à
fait inattendue de son hypothèse. Les autres dialectes ont remplacé ce pluriel par celui
en -oore. C'est ainsi que l'on a kootc (sah.) : kcr^ts-êi (fay.). La forme neu^ve3, qu'on
trouve dans les Acta Pauli, montre que ce curieux dialecte avait perdu lui aussi le
pluriel ancien en -etc.
3° Enfin, on peut se demander de quelle manière ce pluriel a été supprimé. Les trois
dialectes sahidique, boheïrique etfayoumique ont-ils opéré cette suppression indépen-
damment l'un de l'autre et chacun pour leur propre compte, alors que leur individua-
lité distincte était déjà constituée? Ou bien, au contraire, la disparition de ce pluriel ne
s'était-elle pas déjà produite dans un ancêtre commun de ces trois dialectes? Dans ce
dernier cas, la parenté des dialectes coptes serait représentée de la façon suivante, à
partir de la xoivvj* :
Kotvr].
Akhmimique.
Boheïrique. Fayoumique. Sahidique.
Ce fait, à lui seul, ne peut suffire à établir un classement aussi net5, c'est seulement
une question qui se pose. Il me paraît clair d'ailleurs que le consonantisme du boheï-
rique nous oblige à le séparer des autres dialectes.
En résumé, dans la langue égyptienne, les féminins en -to et en -h (suffixe
[j( <=>) ont eu chacun leur pluriel régulier :
Le singulier -ôwët, -ôjët, -w :-ott, a pour pluriel -ôwwet, -ôjicet, -oo-s-e (sah.) :
*,-ye (akh.).
1. Steindorff, Kopt. Grain.3, § 143.
2. Sethe a retrouvé cette forme par une voie tout à fait différente. JEg. Zeit., t. XL, p. 92.
3. Carl Sch.midt, Acta Pauli aus der heidelberger koptischen Papyrushandschrift Nr 1 herausgegeben.
La forme est très vraisemblable, mais elle se trouve dans deux passages mutilés, 38, 8; 46, 20.
4. Sur la y.oivr,, voir Maspero, Rec. de Trac, t. XXIV, p. 163 et sqq.
5. Nous sommes en face d'une difficulté qui domine toute la linguistique. Étant donné deux langues visi-
blement parentes, quels sont, parmi les faits de morphologie identiques dans ces deux langues, ceux qui re-
montent à un ancêtre commun, et ceux qui sont des innovations semblables, adoptées indépendamment par
chacune d'entre elles au cours d'un développement parallèle? Voir Meillet, Note sur une difficulté géné-
rale de la Grammaire comparée.
NOTES DE PHONÉTIQUE ET D ÉTYMOLOGIE ÉGYPTIENNES
dont le singulier a disparu et dont nous avons conservé le pluriel. Ceux qui, en akhmi-
mique, ont un pluriel en eve ont eu un singulier en h : dans les autres dialectes qui
ont propagé partout oove, la distinction est impossible.
Ainsi rakhmimique pLuie-s-e, pluriel de peoume : pojuuie, nous prouve qu'il a dû
exister une forme intermédiaire du type *pjumei : "*pxj.nH. Le pluriel pxinooTre clu sahi-
dique est une substitution récente, qui faisait croire à l'existence d'un féminin
— i
pULITO) .
KCKeTre (akh.) nous montre que le singulier a dû être *uei : *kh. Ce vocalisme en h
avait été rétabli théoriquement par Sethe2 pour la forme pleine de kc (qui est un état
construit dans tous les dialectes). Il y a là une confirmation très intéressante et tout à
fait inattendue de son hypothèse. Les autres dialectes ont remplacé ce pluriel par celui
en -oore. C'est ainsi que l'on a kootc (sah.) : kcr^ts-êi (fay.). La forme neu^ve3, qu'on
trouve dans les Acta Pauli, montre que ce curieux dialecte avait perdu lui aussi le
pluriel ancien en -etc.
3° Enfin, on peut se demander de quelle manière ce pluriel a été supprimé. Les trois
dialectes sahidique, boheïrique etfayoumique ont-ils opéré cette suppression indépen-
damment l'un de l'autre et chacun pour leur propre compte, alors que leur individua-
lité distincte était déjà constituée? Ou bien, au contraire, la disparition de ce pluriel ne
s'était-elle pas déjà produite dans un ancêtre commun de ces trois dialectes? Dans ce
dernier cas, la parenté des dialectes coptes serait représentée de la façon suivante, à
partir de la xoivvj* :
Kotvr].
Akhmimique.
Boheïrique. Fayoumique. Sahidique.
Ce fait, à lui seul, ne peut suffire à établir un classement aussi net5, c'est seulement
une question qui se pose. Il me paraît clair d'ailleurs que le consonantisme du boheï-
rique nous oblige à le séparer des autres dialectes.
En résumé, dans la langue égyptienne, les féminins en -to et en -h (suffixe
[j( <=>) ont eu chacun leur pluriel régulier :
Le singulier -ôwët, -ôjët, -w :-ott, a pour pluriel -ôwwet, -ôjicet, -oo-s-e (sah.) :
*,-ye (akh.).
1. Steindorff, Kopt. Grain.3, § 143.
2. Sethe a retrouvé cette forme par une voie tout à fait différente. JEg. Zeit., t. XL, p. 92.
3. Carl Sch.midt, Acta Pauli aus der heidelberger koptischen Papyrushandschrift Nr 1 herausgegeben.
La forme est très vraisemblable, mais elle se trouve dans deux passages mutilés, 38, 8; 46, 20.
4. Sur la y.oivr,, voir Maspero, Rec. de Trac, t. XXIV, p. 163 et sqq.
5. Nous sommes en face d'une difficulté qui domine toute la linguistique. Étant donné deux langues visi-
blement parentes, quels sont, parmi les faits de morphologie identiques dans ces deux langues, ceux qui re-
montent à un ancêtre commun, et ceux qui sont des innovations semblables, adoptées indépendamment par
chacune d'entre elles au cours d'un développement parallèle? Voir Meillet, Note sur une difficulté géné-
rale de la Grammaire comparée.