Revue égyptologique (1.1880)

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Eugène Eevillout.

les dieux Philôpators ne sont point nommés dans les contrats, ni associés au culte d'Alexandre,
des dieux frères et des dieux Évergètes. Nous citerons par exemple un papyrus du Musée
de Marseille relatif à un prêt de numéraire, et qui est daté de «l'an 5 de Ptolémée, fils
» de Ptolémée et de Bérénice, les dieux Évergètes, Démétrius, fils d'Apellés, étant prêtre
» d'Alexandre et des dieux frères et des dieux Évergètes, Numénia (?), fille de Numénios, étant
»caiiéphore devant Arsinoé Philadelphe ». Un papyrus 37 Anastasi (?) du Biïtish Muséum est
au contraire daté de «l'an 8 du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et. de Bérénice, les dieux
» Evergètes, Ptolémée, fils de Ptolémée, fils de Desosicrate (?), étant prêtre d'Alexandre, des
» dieux frères, des dieux Évergètes et des dieux Philôpators, Arsinoë, fille de Sosibius,
» étant canépliore devant Arsinoé Philadelphe, Nicandros, fils de Bécias, étant prêtre, dans
»la région de Thèbes, de Ptolémée et des dieux Philôpators». Nous voyons dans ces deux
protocoles, deux différences fondamentales. Le second seul associe les dieux Philôpators au
sacerdoce Alexandrin et fait mention du sacerdoce dans la région de Thèbes en l'honneur
de Ptolémée (Soter) et des dieux Philôpators. Est-ce à dire que ces deux innovations eussent
eu lieu en même temps? J'ai de fortes raisons pour en douter. Il a dû exister plusieurs
décrets successifs; car le papyrusJ32ii3_d.iL Louvre, daté de «l'an 7, Epiphi, du roi Pto-
»lémée, fils de Ptolémée et de Bérénice, les dieux Évergètes», contient une lacune d'environ
deux mots après k mention du «prêtre d'Alexandre, des dieux frères, des dieux Évergètes,»
et avant celle de «Phil . . . ., fille de Démétrius, canéphore devant Arsinoé Philadelphe».
Cette lacune doit sans doute être remplie par la mention des dieux Philôpators, et comme,
dans ce contrat, on ne voit pas encore indiquer le sacerdoce thébain, que nous rencontrons
déjà en l'an 8, au mois de Méchir, il me semble certain que la mention de ce dernier sacer-
doce a été ordonnée entre Epiphi de l'an 7 et Méchir de l'an 8, tandis que c'est entre l'an 5
et l'an 7 que les dieux Philôpators avaient été reçus dans le culte établi à Alexandrie en
l'honneur de Ptolémée Philadelphe. Ajoutons que le papyrus Hay 481 du British Muséum,
daté de l'an 10 du même règne, est rédigé de même que celui de l'an 8 et contient
semblablement le sacerdoce institué en Thébaïde en l'honneur de Ptolémée et des dieux
Philôpators; tandis (pie «l'athlophore devant Bérénice Évergôte, » mère de Philopator, n'appa-
raît qu'à partir de l'an 12 '.

J'ai à peine besoin de dire que les décrets sacerdotaux furent tout aussi nombreux sous
Épiphane. Car nous en possédons encore plusieurs, notamment celui de Rosette, en l'an 9, et
celui de Philée. en l'an 19. A ces décrets correspondent également des phases bien distinctes
dans l'histoire des protocoles démotiques. Mais, comme ce sujet comporte des détails très
étendus et touche à la période la plus intéressante peut-être de l'histoire égyptienne sous les
Lagides, on me permettra d'en renvoyer l'exposé détaillé à un prochain article. Qu'il me
suffise de dire, pour en revenir au sujet qui nous occupe spécialement dans ce chapitre, que ce
fut seulement sous le règne de Philométor, fils d'Épiphane, que Soter fut intercalé entre
Alexandre et Philadelphe dans le culte Alexandrin.

Il est vrai que nous avons déjà rencontré, dès le règne de Philopator, le fondateur de
la dynastie, ,en compagnie du roi régnant, dans le sacerdoce de la Thébaïde, et que cet

1 Voir en particulier le papyrus 75 de Berlin de cette année 12, le papyrus Hay 08 et Anastasi 7
de Londres. Je reviendrai du reste avec plus de détails sur ces questions dans un des articles suivants.