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Revue égyptologique — 4.1885

DOI issue:
Nr. 3-4
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Pierret, Paul: Religion et mythologie des anciens égyptiens, [1]: d'après les monuments
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0138

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par les noms mêmes donnés aux divinités : c'est la méthode préconisée par Max Mùller.
L'étude de la mythologie d'un peuple ne pourra être menée à bonne tin qu'avec la connaissance
approfondie de la langue de ce peuple. Par conséquent la langue égyptienne sera notre
unique moyen d'investigation de la mythologie égyptienne. Malheureusement, en Egypte, la
langue mythologique constitue un idiome à part affectant la concision du style lapidaire.
Les noms des dieux, leurs titres, leur généalogie sont l'objet de formules constantes qui se
développent avec le temps et arrivent aux basses époques à devenir favorablement explicites
pour nous : ainsi que Mariette me le disait un jour, les textes mythologiques des bas temps
consentent à devenir bavards.

«A l'époque de la XIXe dynastie, le dieu de la sagesse, Thot, est appelé simplement:
» seigneur d'Hermopolis magna, dieu grand, seigneur du ciel. A l'époque romaine, sur le mur
» extérieur sud de Denderah, il est dit : le deux fois grand, Vancien, seigneur d'Hermopolis
» magna, dieu grand dans Tentyra, dieu auguste, créateur du Bien {qam nofiru) cœur de Ra,
» langue de Toum, gosier du dieu dont le nom est caché, seigneur du temps, roi des années,
y>notateur des annales de l'Ennéade (Paout).»

On voit que la formule s'est développée : elle nous offre des indications précises d'après
lesquelles nous pouvons tirer des conclusions. Elle est facile à traduire littéralement, mais
son sens théologique n'est pas aussi aisé à pénétrer : les expressions cœur de Ra, langue de
Toum, gosier du dieu dont le nom est caché ont une valeur métaphorique qu'il faut expliquer;
et d'abord il faut bien comprendre qu'elles ne mettent pas en scène trois divinités distinctes:

«De même que cœur, langue et gosier équivalent à raison, parole et organe de la
» parole, et par leur ensemble répondent au Logos des Grecs ou expression de la pensée,
» de même ces trois noms divins expriment une Unité, le Divin dans sa domination rayonnante
»qui se manifeste chaque jour par le lever et le coucher du soleil, mais qui demeure caché
»dans sa grandeur insaisissable et inexprimable et pour lequel on ne peut trouver aucun
» nom. Cette conception théologique présente Thot sous un tout autre jour. Il est la formule
» théologique de la manifestation de l'Esprit divin par le Verbe. Mais il n'est pas seulement
»le Verbe, il est Dieu lui-même. N'est-ce pas là précisément ce que dit l'apôtre S* Jean:
«Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il
» était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui et rien de ce qui
»a été fait n'a été fait sans lui.» Une inscription du mur nord extérieur de Dendera désigne
» ainsi Thot : « Manifestation du dieu de la lumière lia, qui était au commencement, Thot
»qui repose avec la vérité. Ce qui émane de son cœur arrive et ce qu'il a dit devient à toujours.»
»I1 est d'après un autre texte «le dieu du commencement ("/onti) un et seul (ua uau), origine de
» lui-même, non enfanté, dieu unique, qui a créé ce qui est, qui délie la langue de la vérité.»

Le langage théologique a pour procédé habituel d'emprunter à la langue usuelle certains
mots auxquels il impose un sens particulier.

«En égyptien comme en toutes les langues les racines eurent d'abord une valeur signi-
»ficative que l'effort de la pensée, au fur et à mesure que les années s'écoulèrent, transporta
»dans le domaine des spéculations théologiques. Ainsi la racine seb «se mouvoir en rond»
»est devenue le mot seb «temps»; renp «se renouveler» a formé renpit «année»; seha
» châtier» a formé seba «enseigner»; mena a signifié «entrer au port» puis «mourir»; mafek

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