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Revue égyptologique — 4.1885

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Revillout, Eugène: Une page de l'histoire de la Nubie, [1]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0175

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158

Eugène Revillout.

grecs donnent comme contemporain de Philadelphe et dont les inscriptions hiéroglyphiques
sont fréquentes en Nubie. Mais très probablement les Lagides avaient déjà considérablement
affaibli son empire puisqu'on reconnaissait à Dakké leur suzeraineté. L'inscription n° 142
est, en effet, datée de l'an 25 des dieux évergètes (ce qui — disons-le ■— fait plutôt songer
à Evergète IL qui avait associé ses femmes à la royauté, qu'à Evergète Ier, qui régna seul).
D'ailleurs la Nubie paraît être restée presque toujours indépendante jusqu'à l'époque d'Épi-
phane.1 C'est même alors que les rois nubiens Anchmachis et Harmachis, profitant des troubles
qui avaient eu lieu en Egypte après la mort de Philopator (un instant maître d'une partie de
la Nubie) étendirent définitivement leur domination jusqu'à Thèbes — vérifiant ainsi une
vieille prophétie sur les Messies éthiopiens qui est longuement commentée dans la chronique
démotiqne. Mais Epiphane, ayant fait venir des auxiliaires de Grèce, reprit le dessus; et, en
l'an 20 de son règne, il en finit, selon l'expression de Polybe, avec les derniers des dynastes
révoltés, c'est-à-dire avec les rois éthiopiens de Thèbes.2 Il poussa même ses succès jusque
dans le haut Nil, ainsi que le prouve le décret trilingue de Philée, fait en cette année 20°,
et ce fut sans doute alors qu'il expulsa à jamais ses ennemis de ce qui devint plus tard le
commilitium de Nubie. Il est donc tout naturel de trouver désormais les enfants d'Epiphane
en possession de cette nouvelle province. En dehors de la date, nous avons d'ailleurs dans
notre texte une autre preuve de notre attribution au règne d'Evergète IL A la ligne première
après des mots complètement déformés dans la copie de M. Lepsius il est encore question
«des rois» comme sous Evergète II, c'est-à-dire des deux époux associés. Mais à côté d'eux
on voit figurer un chef du peuple3 ou général titre que nous rencontrerons souvent

1 C'est par la mer rouge qu'Évergète Ier semble avoir fait son expédition contre les hauts plateaux
d'Abyssinie où il laissa sa célèbre inscription. Champollion-Figeac [Egypte, 419) dit qu'Evergète Ier réunit la
Nubie à son empire jusqu'à Ibrim (Primis) et qu'il fit continuer le temple de Dakké commencés par Erga-
mène. Mais je ne sais sur quoi il s'appuie. Les inscriptions de Dakké sont d'Evergète IL

2 C'est à cause de cette origine que les rois Anchmachis et Harmachis portent dans leur légende
démotique le titre «aimé d'Isis» que les rois éthiopiens Ergamène et «Atharamen» enfermaient dans leurs

cartouches. Ergamène ( Q h--V- ^1 rj ^ t J qui, selon les historiens grecs, fit massacrer le collège

sacerdotal de la montagne d'or avec lequel il était entré en luttes, était contemporain de Philadelphe et

il fit de grands travaux dans les temples de Dakké et de Deboud, ainsi que ^(j |^^( l~~~J ^ ^jjg^Jj

appelé Atharamen par Champollion, appartenant à la même dynastie, peut-être, selon lui, son prédécesseur
ou son successeur. L'illustre fondateur de l'Egyptologie n'a malheureusement donné que la fin de son car-
touche (Monuments, p. 157), cartouche que nous avons reproduit d'après M. Lepsius et qui renfermait le nom
d'Amon et l'appellation «aimé d'Isis» comme celui d'Ergamène. Ces deux éléments se rencontrent également
pour Anchmachis et Harmachis, «aimés d'Isis» et «aimés d'Amon-ra-sonter», qui appartenaient sans doute
à la même dynastie. Ces rois se rattachaient à Amon, sans doute parce qu'ils descendaient de la dynastie
des prêtres d'Amon réfugiée à Napata? et ils faisaient profession du culte d'Isis de Philée, si vénérée dans
toute la Nubie. Il existe encore un autre roi nubien dont le cartouche est formé comme celui d'Ergamène,

c'est ^(j [ '" " "' "^Tj [] § ^1 ^°t°ns Qne Ie nom de ce roi a été copié à Begerauieh, comme les noms

tout barbares de rois Blemmyes dont nous aurons bientôt à parler. Il semble donc que cette dynastie de
race égyptienne, qui paraît être celle d'Ergamène, eut à un certain moment l'hégémonie sur ce pays, l'un

des sièges primitifs des Blemmyes. On trouve aussi à Begerauieh le nom de ^ l~~~~J ^O^LjJj 1ub

lui aussi, n'a rien de barbare.

3 Le mot peuple est celui qui est employé dans l'inscription de Eosette. Le même mot désigne aussi
les soldats à pieds tant dans Eosette que dans les autres textes.
 
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