2ce RECUEIL DES LETTRES
— par IM. de Ximcnès ■ je lui ai seulement présenté les
j769- Guèbres pour l'amuser. Il viendra un temps où
cette pièce paraîtra fort édifiante ; ce temps approche,
et j’espère que mon héros vivra allez pour le voir.
Aureste, il sait que j’ai juré , depuis long-temps,
d’obéir à ses ordres , et de ne jamais les prévenir;
de lui envoyer tout ce qu’il me demanderait, et de
ne jamais rien lui dépêcher qu’il ne le demande ,
parce que je ne puis deviner ses goûts ; je ne dois
nen lui présencer sans être sûr qu’il le recevra, et je
ne veux rien faire qui ne lui plaise. Voilà mon
dernier mot pour quatre jours que j’ai à vivre. Je
vivrai et je mourrai son attaché, son obligé et son
berné V.
LETTRE CI.
A M. DE CHAMPFORT.
A Ferney , 27 de septembre.
Tout ce que vous dites, IMonsieur, de l’admi-
rable Molière, et la manière dont vous le dites, sont
dignes de lui et du beau siècle où il a vécu. Vous
avez fait sentir bien adroitement Fabsurde injus-
tice dont usèrent envers ce philosophe du théâtre
des personnes qui jouaient sur un théâtre plus res-
pecté. Vous avez passé habilement sur l’obstination
avec laquelle un débauché refusa la sépulture à un
sage. L’archevêque Chanvalon mourut depuis, comme
voussavez, à Conssans , de la mort des bienheureux,
sur madame de Lejdiguières, et il fut enterré pompeu-
— par IM. de Ximcnès ■ je lui ai seulement présenté les
j769- Guèbres pour l'amuser. Il viendra un temps où
cette pièce paraîtra fort édifiante ; ce temps approche,
et j’espère que mon héros vivra allez pour le voir.
Aureste, il sait que j’ai juré , depuis long-temps,
d’obéir à ses ordres , et de ne jamais les prévenir;
de lui envoyer tout ce qu’il me demanderait, et de
ne jamais rien lui dépêcher qu’il ne le demande ,
parce que je ne puis deviner ses goûts ; je ne dois
nen lui présencer sans être sûr qu’il le recevra, et je
ne veux rien faire qui ne lui plaise. Voilà mon
dernier mot pour quatre jours que j’ai à vivre. Je
vivrai et je mourrai son attaché, son obligé et son
berné V.
LETTRE CI.
A M. DE CHAMPFORT.
A Ferney , 27 de septembre.
Tout ce que vous dites, IMonsieur, de l’admi-
rable Molière, et la manière dont vous le dites, sont
dignes de lui et du beau siècle où il a vécu. Vous
avez fait sentir bien adroitement Fabsurde injus-
tice dont usèrent envers ce philosophe du théâtre
des personnes qui jouaient sur un théâtre plus res-
pecté. Vous avez passé habilement sur l’obstination
avec laquelle un débauché refusa la sépulture à un
sage. L’archevêque Chanvalon mourut depuis, comme
voussavez, à Conssans , de la mort des bienheureux,
sur madame de Lejdiguières, et il fut enterré pompeu-