DE M. DE VOLTAIRE.
311
LETTRE CLXXI.
A M. LE COMTE D’ARGENT AL.
2 $ d’avril.
1VT O N cher ange , on m’avait mandé que le Kain-—-
était mort; pasfe pour moi qui ai, comme vous savez, l77°-
soixante et dix-sept ans, et qui n’en peux plus ; mais
il faut que le Kain vive , et qu’il fasse vivre mes enfans.
Permettez que je vous adresse ma lettre pour lui.
Il me semble que les ciseaux de M. l'abbé Terrai
sont encore plus tranchans que ceux de la parque.
Ce diable d’homme, en deux coups, me dépouille
de tout le bien que j’ai en France.
Je ne sais si vous avez vu milord Cramer, ambas-
sadeur de la république de Genève ; et si, en qualité
de mon libraire , il a fait, comme on dit, un grande
imprejjion à Versailles. N’allez-vous pas les mardis
dans ce pays-là ?
Je vous demande très-instamment une grâce auprès
des puissances ; c’est de gronder beaucoup madame
la duchesse de Choifeul^ et même, s’il le faut, mon-
sieurson mari, et, par-dessus le marché, M. de la
Ponce son secrétaire.
J’ai recueilli chez moi des horlogers français établis
ci-devant à Genève ; j’ai rendu une cinquantaine de
familles à la patrie; j’ai établi une manufacture de
montres; j’ai prêté de l’argent à tous les ouvriers ,
pour les aider à travailler; ils ont, en six semaines
de temps , rempli de montres une boîte pour Cadix.
V 4
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LETTRE CLXXI.
A M. LE COMTE D’ARGENT AL.
2 $ d’avril.
1VT O N cher ange , on m’avait mandé que le Kain-—-
était mort; pasfe pour moi qui ai, comme vous savez, l77°-
soixante et dix-sept ans, et qui n’en peux plus ; mais
il faut que le Kain vive , et qu’il fasse vivre mes enfans.
Permettez que je vous adresse ma lettre pour lui.
Il me semble que les ciseaux de M. l'abbé Terrai
sont encore plus tranchans que ceux de la parque.
Ce diable d’homme, en deux coups, me dépouille
de tout le bien que j’ai en France.
Je ne sais si vous avez vu milord Cramer, ambas-
sadeur de la république de Genève ; et si, en qualité
de mon libraire , il a fait, comme on dit, un grande
imprejjion à Versailles. N’allez-vous pas les mardis
dans ce pays-là ?
Je vous demande très-instamment une grâce auprès
des puissances ; c’est de gronder beaucoup madame
la duchesse de Choifeul^ et même, s’il le faut, mon-
sieurson mari, et, par-dessus le marché, M. de la
Ponce son secrétaire.
J’ai recueilli chez moi des horlogers français établis
ci-devant à Genève ; j’ai rendu une cinquantaine de
familles à la patrie; j’ai établi une manufacture de
montres; j’ai prêté de l’argent à tous les ouvriers ,
pour les aider à travailler; ils ont, en six semaines
de temps , rempli de montres une boîte pour Cadix.
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