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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5.1860

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Nr. 4
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Darcel, Alfred: L' architecture des croisades en orient
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https://doi.org/10.11588/diglit.16990#0230

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L'ARCHITECTURE DES CROISADES

EN ORIENT

« Incline la tête, doux Sicambre ; adore ce que tu as
brûlé, brûle ce que tu as adoré1 ! » Ces paroles que Gré-
goire de Tours, dans sa rhétorique barbare, fait adresser
par saint Remy à Clovis recevant l'eau du baptême, ne
pourrions-nous pas .nous les adresser à nous-mêmes, qui
avons tout à oublier et plus encore à apprendre? Aujour-
d'hui, en effet, qu'une critique ingénieuse et patiente s'at-
taque aux infiniment petits de l'histoire, nous devons
regarder comme controuvés une foule de faits qui jus-
qu'ici semblaient avérés, et tout devient matière à
doute, comme si toute l'histoire n'était qu'un grand men-
songe. Pour nous en tenir aux origines de cet art qu'on
appela gothique (nous ne savons trop pourquoi), que de
fables n'a-t-on pas débitées et que d'erreurs n'a-t-on
point fait circuler à l'abri d'une illustre autorité!

Pour les uns, l'ogive et le réseau des nervures de la
voûte des cathédrales, ainsi que tout dernièrement encore M. E. Viollet le-
Duc le rappelait dans la Gazette des Beaux-Arts, était un souvenir des
forêts de la Germanie. Pour les autres, c'était une conquête des croisades.
Ces deux opinions étaient assez difficiles à concilier, car les croisés s'y se-
raient pris un peu tard pour se souvenir des forêts de leurs ancêtres cou-
chés depuis plus de cinq siècles dans la tombe.v D'ailleurs, contre cette

I. « Mitis depone colla, Sicamber : adora quod incendisti, incende quod adorasti. »
Gregorius ïuronensis, Histoire des Francs, liv. II, 31.

Malgré ce texte bien connu du plu? ancien de nos historiens, danscombien de livres
n'a-t-on pas fait dire à saint Remy le contraire de ce que la tradition lui attribuait
moins d'un siècle après le baptême de Clovis? Éclatant exemple de la facilité avec
laquelle les erreurs se propagent dans notre pays si spirituel.
 
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